Publié dans Dossier

Etat d’urgence sanitaire - Tous les secteurs d’activité crient au secours

Publié le vendredi, 04 septembre 2020

L’épidémie de la Covid-19 a mis à mal l’économie mondiale. Madagascar ne déroge pas à la règle. Dans la Grande île, la plupart des secteurs d’activité pâtissent de cette crise sanitaire du fait que des mesures de confinement ont été décrétées par les autorités pour tenter d’endiguer la propagation de ce virus sur le territoire malagasy. Chaque semaine reconduite en état d’urgence sanitaire supplémentaire a un impact sur la croissance du pays. Si des entreprises sont moins touchées par cette crise, comme celles de la grande distribution, d’autres sont littéralement à l’arrêt depuis plus de cinq mois et risquent d’éprouver les pires difficultés à reprendre leurs activités en cas de poursuite des mesures de restriction. C’est le cas notamment des acteurs œuvrant dans le secteur du tourisme et de l’hôtellerie, du transport, de l’événementiel…

Tourisme et hôtellerie
Les activités nocturnes parmi les génératrices de revenus
La totalité des réservations annulées, les activités peinent à redémarrer. Le tourisme reste le secteur le plus touché des conséquences de la pandémie. Et pourtant, les opérateurs sont encore confrontés à la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Ceux opérant dans le domaine ont déjà bénéficié de plusieurs privilèges surtout sur le plan fiscal et soutien aux employés. Et les restaurants ont pu rouvrir leurs portes il y a un mois. Même si le Gouvernement a pris ces dispositions, une partie de leurs services reste encore suspendue pour l’heure. La majorité des établissements possèdent des bars. Et en temps normal, ils travaillent également la nuit. « Les demi-mesures ne marchent pas. Il est difficile d’ouvrir partiellement notre entreprise », souligne Johann Pless, président de la Fédération des hôteliers et restaurateurs de Madagascar (FHORM). Les activités nocturnes comme étant source de revenus dans le secteur. Les restaurateurs exercent auparavant jusqu’à 23h du soir. Les chiffres d’affaires sont en baisse et l’arrivée des touristes encore incertains, le secteur n’espère une reprise que vers la fin de l’année prochaine.
Concernant le couvre-feu, il constitue la première raison de la privation d’emploi selon l’Institut national des statistiques (INSTAT). Les activités nocturnes tiennent pour ainsi dire une place importante sur le tissu économique à Madagascar. Il s’agit des emplois frappés par les restrictions comme le transport des marchandises durant la nuit, les services aux particuliers comme le gardiennage, et les activités nocturnes des boulangeries.

Groupement des entreprises franches et partenaires
« Les restrictions de déplacement suspendent la poursuite des activités »
La reprise partielle des activités économiques ne signifie pas forcément retour à la normale. Les établissements qui possèdent des filiales et des clients dans les autres régions ont arrêté leur suivi et  déplacement. Même s’il est possible de contacter les clients ou les partenaires à travers les plateformes numériques, cette méthode ne résout pas tout, selon Hery Lanto Rakotoarisoa, président du Groupement des entreprises franches et partenaires (GEFP) à Madagascar. « Certaines sociétés possèdent des filiales ou des clients dans les autres régions. On peut citer par exemple à Antsirabe. Nous ne pouvons pas rejoindre la Région à cause des mesures de restriction de déplacement. Des démarches administratives sont suspendues à cause de cela. En plus, les négociations de contrats avec les partenaires se font toujours face-à-face. Cette situation freine ainsi les activités », explique le président du GEFP.


Zones nationales et régionales
Les transporteurs vont jusqu’à s’endetter
Les transporteurs luttent pour survivre. Cela fait maintenant six mois et quelques jours que les transporteurs se trouvent sans emploi et vont jusqu’à s’endetter pour couvrir leurs dépenses comme le loyer, les factures de la JIRAMA ou encore les frais de scolarité des enfants et maintenant les inscriptions. Certaines coopératives ou propriétaires de véhicule ont ouvert  un service de livraison dans leurs zones respectives, mais cela n’est pas suffisant pour récupérer tous les personnels. Chaque jour, seulement 2 à 3 véhicules quittent la Capitale pour transporter les marchands vers les autres Provinces. Et cela ne nécessite au maximum que 6 chauffeurs et leurs aides. Pourtant, une coopérative emploie au moins une trentaine de personnes dont les transporteurs, les femmes de ménage, les guichetiers. Ces derniers temps, vu l’amélioration de la situation sanitaire actuelle dans le pays, ces transporteurs sollicitent l’ouverture des zones nationales reliant Antananarivo avec les autres Provinces, à savoir Mahajanga, Fianarantsoa, Antsiranana et Toliara ainsi que les zones régionales.
D’après Fredinard Rakotondrafara, président de l’Association des transporteurs malagasy (ASTRAM), ils sont prêts à accepter toutes les conditions imposées par le ministère, autant les barrières sanitaires comme le respect de la distanciation sociale, le maintien des frais de transport, la désinfection régulière des véhicules et des billets de banque. Côté infrastructures, les transporteurs se sont investis pour installer des chapiteaux réservés aux agents de santé, situés dans l’enceinte des stationnements et des gares routières. D’ailleurs, depuis l’ouverture de ces infrasteructures pour les axes de la RN2, chaque coopérative a fait des efforts pour respecter tous les dispositifs en vigueur.
Autant que les transporteurs, les commerçants dans les provinces souffrent également des mesures liées à l’urgence sanitaire. Certes, la suspension des transports engendre un impact négatif pour leurs affaires. Et malgré la réouverture des centres commerciaux et des marchés, la majorité des commerçants sont obligés de fermer leurs boutiques à cause de la rupture de stock.
Anatra R.

Investissements : aucun retour en raison de la pandémie
Les deux dernières années, Madagascar a présenté des conditions favorables aux investissements. En se référant aux performances des dernières années, de nombreux opérateurs ont décidé d’investir dans l’extension de leurs activités. Malheureusement, avec la crise sanitaire, ils se sont heurtés à un mur. Avec une suspension d’activités depuis près de six mois, aucun retour sur investissement n’a pu se faire. « C’est notre cas. Vu les résultats exceptionnels du secteur du tourisme, nous avons décidé d’étendre nos activités notamment avec l’ouverture d’une agence de voyage, basée en France et le renforcement de notre flotte de voitures. Mais, avec la propagation du coronavirus, tous nos projets ont capoté », a expliqué Eric Razafy, gérant de Malagasy Car, transport routier de première classe. Plusieurs opérateurs touristiques comptaient, en effet, sur la saison touristique de cette année pour récupérer leurs investissements et faire des bénéfices. Aujourd’hui, ils demandent juste d’avoir un petit retour sur investissements, déjà qu’ils n’ont pas reçu des appuis. « Une réouverture des routes serait alors une vraie bouffée d’air frais pour notre entreprise. Nous serions prêts à nous conformer à toutes les protocoles sanitaires en vigueur pour cela », rajoute cet opérateur. Du point de vue des opérateurs, les impacts de cette crise se feront ressentir dans les prochaines années. De ce fait, il est important de reprendre le plus tôt possible pour pouvoir réduire au maximum ces impacts.
Rova Randria

Location de voitures: l’entretien des véhicules devenu impossible
« Nos dépenses dépassent de loin nos revenus », se plaint Miharintsoa, un opérateur dans la location de voitures pour des safaris et autres activités touristiques. Dans la location de voitures, leur entretien régulier est primordial pour pouvoir fournir un service de qualité aux clients. Toutefois, faute de moyens, les opérateurs ne peuvent plus prendre soin correctement de leurs voitures. « Nous n’avons plus aucune source de revenu actuellement. Pourtant, j’ai six véhicules à entretenir. En temps normal, les entretiens ne seraient pas un souci. Mais aujourd’hui, chaque centime compte. Donc j’ai dû faire des choix. Mais le problème actuellement c'est que si je ne prends pas soin de mes voitures, je n’aurai plus de quoi redémarrer une fois que toute cette situation sera terminée », explique Miharintsoa. La majorité des loueurs de véhicules partagent ce même souci. C’est pourquoi, ils demandent la reprise des activités touristiques, du moins au niveau national. «Nous sommes conscients que le risque de propagation du virus est toujours présent. Mais les opérateurs dans le secteur du tourisme se trouvent aujourd’hui au fond du gouffre, d’où cette demande. Nous avons déjà pris des dispositions pour nous conformer au protocole sanitaire en vigueur afin de protéger nos futurs clients», rassure un autre opérateur du milieu. De plus, les opérateurs devront encore mettre en confiance leurs clients pour avoir de nouveau du travail. De leurs point de vue, la reprise des activités devrait se faire au plus tôt pour sauver ce qui peut être sauvé cette année. 





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Editorial

  • Rêve brisé ! 
    Rajaonarimampianina Hery, l’ancien Chef d’Etat, risque de voir partir en fumée son rêve de devenir président de la Commission de l’Union africaine. Un poste prestigieux ayant rang de Chef de Gouvernement voire Chef d’Etat selon les circonstances et les cas de figure. Cette Commission est l’organe exécutif de l’Union africaine. Elle est chargée de la mise en œuvre de la politique générale de l’UA arrêtée au niveau de l’assemblée générale, l’instance suprême de l’Union africaine. Le président de la Commission dirige et coordonne les actions des commissaires de l’UA. Il est responsable devant l’assemblée générale présidée de façon tournante par le Chef d’Etat ou du Gouvernement d’un pays membre. La présidence de la Commission est assurée de façon tournante également mais au niveau de chaque sous-région. Le prochain mandat de président de Commission à partir du début de 2025 revient à l’Afrique de l’Est. Et Madagasikara figure en pole position…

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