Publié dans Editorial

Pris en étau !

Publié le dimanche, 27 février 2022

Pris entre deux feux, entre deux paysfrères en conflit militaire, Madagasikara se trouve dans l’étroit. Par la force des choses, les dirigeants en place marchent sur des œufs. Le cœur balance entre une Ukraine, la protégée du monde occidental dont en particulier fait partie la France, des partenaires de premier choix et une Russie, un pays ami incontournable de la Grande île.
Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine se lancent dans une guerre atypique et surtout anachronique. Anachronique, justement, dans la mesure où elle réveille le démon de la guerre froide et attise de nouveau la tension entre l’Ouest et l’Est. Deux blocs nés de la fin de la Seconde guerre mondiale. Une guerre qui fait reculer l’Europe, d’Est en Ouest, 70 ans en arrière.
Une guerre qui met certains Etats dans une position équivoque et rappelle étrangement la naissance du mouvement des non-alignés auquel Madagasikara, de l’époque Ratsiraka, adhérait pleinement. En effet, ne voulant pas entrer dans les jeux des deux super puissants à travers le bloc de l’Est dirigé par l’URSS groupé autour du Pacte de Varsovie ainsi que le bloc de l’Ouest sous l’égide des Américains réuni autour de l’OTAN, des pays comme l’Indonésie, la Tanzanie, l’Egypte, l’Inde, la Chine, Madagasikara, etc. ont choisi la voie de la neutralité et gardé leur indépendance. La Conférence de Bandoeng (1955) en Indonésie présidée par Soekarno au cours laquelle 29 pays ont officialisé leur neutralité et se démarquaient de la tutelle de l’un ou de l’autre. Ce fut la naissance, d’ailleurs, d’un autre mouvement, le « Tiers-mondisme » ! Dans cet état d’esprit qui voulait se défiler du joug direct des deux mondes (Est et Ouest), un troisième monde apparait donc à savoir le Tiers-monde au sein duquel les pays en développement d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique se groupaient. Evidemment, le neutralisme objectif parfait n’existe pas. C’est un idéal à atteindre ! De toute façon, l’Occident se méfiait de Bandoeng comme étant le pion de Kremlin.
L’Afrique d’aujourd’hui, forte des expériences de Bandoeng et de l’esprit du Tiers-mondisme, face à cette guerre gênante en Ukraine, préfère jouer la carte de la prudence sinon de la neutralité. Par le biais de l’Union africaine (UA), elle convie les deux belligérants, de façon très diplomatique, à se retrouver autour d’une table afin de mettre un termeà ce conflit militaire qui ne sert point les intérêts de personne sauf les esprits tordus.
Toujours dans cette démarche de prudence et de neutralité, Madagasikara adopte l’itinéraire africain. Les partenaires techniques et financiers « invitent » la Grande île à se positionner. L’Allemagne en particulier et l’Union européenne en général voudraient bien que les tenants du régime se rangent du côté du vieux continent et qu’ils fassent pression auprès de la Russie en ce sens qu’elle veuille bien stopper la guerre et consentir à prioriser la voie du dialogue.
Pris en étau, le numéro Un malagasy, Rajoelina Andry Nirina, évite d’afficher une position condamnant l’une et soutenant l’autre. Serait-ce par peur de se faire tirer les oreilles ? Négatif ! Plutôt par souci de neutralité et de prudence, c’est la voie de la raison pour un pays comme le nôtre.
Ndrianaivo

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Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

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