Publié dans Editorial

Impunité !

Publié le jeudi, 11 janvier 2024

Le ton monte ! Des voix s’élèvent ! L’arsenal de l’impunité affûte. Les « représailles » s’organisent et contre-attaquent. 

La directrice régionale du commerce de Boina et le préfet de Région se trouvent derrière les barreaux. Un élu parlementaire, en instance de partir, intercepté mais non arrêté dans un aéroport. De hauts dignitaires de la Région enquêtés. En cause, impliqués dans une affaire de détournement de riz avarié. Stockés dans des magasins sis dans les locaux de l’ex- SOTEMA depuis 2017, des conteneurs de riz avarié, impropre à la consommation aussi  humaine qu’animale, ont pu sortir avec l’autorisation des autorités régionales. Et ce, disait-on, pour être reconditionné en vue éventuellement à l’usage public. Un acte délictueux formellement interdit par la loi en vigueur et donc à réprimer rigoureusement.

Du coup, les réactions ne tardent pas. L’opinion s’indigne du geste trop osé de la part de ces hauts responsables qui, au final, mettent gravement en danger la vie des êtres humains et celle des animaux. Les observateurs les qualifient d’irresponsables et inconscients. En outre, on s’étonne de la manière avec laquelle cette controversée affaire est traitée. Il existe quelque part, si l’on en croit aux informations divulguées, des deux poids, deux mesures. Si certains ont été mis en détention provisoire à Antanimora, d’autres, également censés mouillés, jouissent d’un traitement de faveur grâce, dirait-on, à des interventions en haut lieu. Ce qui, d’ailleurs, provoquait l’ire des membres de certains syndicats, le SYNAD par exemple, qui font appel à la diligence de la Justice d’appliquer la même loi à tous sans exception. Impunité, serais-tu toujours là en action ?

Justement, à ce propos, la vague de corporatisme s’étend ailleurs. Par des manières très subtiles, on tente de banaliser sinon de remettre en cause la décision de Justice d’emprisonner, de mettre sous mandat de dépôt, des deux hauts responsables régionaux jugés être impliqués directement à cette sulfureuse affaire, à Antanimora, en attendant leur jugement respectif et effectif.

En effet, les éléments de la Gendarmerie pourraient se tromper ou bien ils ont bien raison de procéder à des enquêtes préliminaires et de les présenter par la suite au Parquet. Seulement, la meilleure des attitudes est celle d’attendre à quelle issue et cela en fonction des décisions de la Justice. Il faut laisser les juges faire leur travail dans les meilleures conditions possibles en ne se livrant à aucune pression quelle que soit sa forme. 

Certes, il est fort gênant pour un département ministériel, qui se respecte, d’admettre que l’un de ces hauts responsables, niveau directeur (central ou régional), soit jeté en prison. L’honneur du ministère, de son patron et de ses proches collaborateurs, est en jeu. Ils traversent de rudes épreuves mais l’Etat de droit qu’on s’égosille à tout moment passe par là aussi. Etre placé en détention préventive ne veut nullement signifier être coupable ! Une vérité de La Palice ! Que chacun se garde de ne pas fouiner son nez dans les affaires de Justice ! Un domaine strictement sensible et délicat où le commun des mortels n’a aucun droit de s’interférer. 

Visiblement, le Chef de l’Etat, échaudé par le renouvellement de la confiance de son peuple, durcit le ton quant à la lutte contre toutes les formes de délinquance pour ainsi mettre fin à la cavale de l’impunité.

 

Ndrianaivo

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Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

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