Publié dans Politique

Exploitation de mica dans le Sud - Onze mille enfants mineurs exposés au danger

Publié le dimanche, 12 juin 2022

 

Madagascar est classé parmi les 5 premiers pays producteurs mondiaux de mica. Pourtant, la moitié des mains - d'œuvre des petits exploitants de ce produit minier sont âgés de moins de 17 ans, selon le recensement mené dans les Régions du Sud en 2021. Ces enfants mineurs y travaillent dans des conditions désastreuses. Pour y remédier, une ONG internationale met en œuvre un projet de lutte contre cette pire forme de travail des enfants, notamment à travers la réinsertion scolaire et le soutien aux parents.

 

Traités comme des esclaves. Des milliers d'enfants travaillent sans protection et dans des conditions dangereuses auprès des mines d'exploitation de mica. La plupart d'entre-elles se trouvent dans les Régions du Sud de Madagascar, notamment à Anösy. Selon les estimations, près de 11 000 enfants travaillent dans le secteur du mica dans cette partie de l'île, à en croire Lalalison Razafintsalama, consultant auprès du projet « FAMAHA ». En fait, ces enfants mineurs sont réduits à travailler, plus de 10 heures par jour, au delà de leurs capacités physiques et n'ont presque rien à manger durant leur journée de travail. « Il s'agit d'une exploitation familiale, puisque le ménage travaille souvent ensemble. Les pères et les adolescents creusent des mines et extraits du mica, tandis que les mères et les enfants les portent, les classent et en ramassent des feuilles. D'un autre côté, l'exploitation du mica est majoritairement informelle, voire illicite », ajoute notre source.

 

Outre les maladies respiratoires à cause des poussières, certains enfants mineurs y perdent la vie suite à des effondrements de mine ou à cause d'intenses fatigues causées par le dur labeur et la famine. Selon le Réseau de la protection de l'enfance (RPE) de la Région d'Anosy, le travail des enfants dans les mines de mica est une forme d'esclavage moderne. Pourtant, le revenu des sites miniers peut varier de 1 000 ariary pour la collecte de mica de ferraille à 11 250 ariary pour l'exploitation minière par adulte par jour. Les enfants en gagnent beaucoup moins.

 

Un demi-millier réinséré en classe

 

160 millions d'enfants travaillent dans les mines illégales dans le monde. 11 000 d'entre- eux se trouvent dans le Sud de Madagascar, exerçant dans les mines de mica. Consciente de cette pire forme de travail des enfants, l'ONG internationale « Terre des Hommes Nederlands » (TdH NL) met en œuvre un projet de lutte, au profit des victimes et de leurs familles. Il s'agit du projet « FAMAHA », mis en œuvre dans 3 Fokontany de Betroka depuis 2021 jusqu'à l'année prochaine. « 500 enfants travailleurs dans les mines de mica ont pu être retirés et réinsérés à l'école. 6 enseignants, soit 2 par localité d'intervention, sont également salariés par le projet pour assurer l'éducation de ces enfants. A cela s'ajoute la dotation de livres pour les écoles ou encore la campagne sur l'obtention de copie d'acte de naissance pour les enfants », informe Tsinjo Rahaingoarivelo, directeur de programme auprès de TdH NL dans la Grande île. D'un autre côté, 200 familles bénéficient d'activités génératrices de revenus, axées notamment sur l'agriculture et l'élevage. Le but étant d'améliorer leurs revenus afin de maintenir en classe leurs enfants retirés des mines de mica. Aussi, le projet adopte l'approche par les pairs à travers la création d'un club d'enfants pour sensibiliser sur leurs droits.

 

Notons que des avancées sont enregistrées depuis l'année dernière, avec la mise en œuvre du plan d'action national du Gouvernement pour lutter contre le travail des enfants dans les mines, présenté en juillet dernier à Amboasary Sud. Outre l'augmentation du nombre d'enfants réinsérés à l'école, les autorités ont mis en place une zone d'encadrement pour la formalisation des exploitants de mica.

 

Patricia Ramavonirina

 

 

 

 

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Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

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