Publié dans Politique

Région Alaotra-Mangoro - Nouvel eldorado des kidnappeurs

Publié le mercredi, 27 juillet 2022


La situation d’Alaotra-Mangoro est préoccupante. Les autorités et les responsables locaux affichent une extrême prudence. Ils se gardent de voyager la nuit à présent. Les mesures de sécurité sont plus que renforcées en cas de visite de haute importance. Ceci a été observé lors du récent passage des délégations venant d’Antananarivo sur la route nationale 44 Sud dont la reconstruction est financée par la Banque mondiale.
Cette Région regorgeant de ressources considérables donne l’impression d’être le nouvel eldorado des kidnappeurs. Ces criminels ont écumé les Régions voisines comme la Betsiboka et l’Analamanga quelques années auparavant. La récurrence des enlèvements dans le District de Tsaratanàna avant 2019 reste gravée dans la mémoire. Les méfaits des bandes à Del Kely dans la même circonscription et celle d’Anjozorobe laissent encore et toujours des traces de traumatisme.
Le calme semble revenir à ces endroits. Mais à côté de l’accalmie relative dans la Betsiboka et l’Analamanga émerge l’horreur pour l’Alaotra-Mangoro. La Région est le théâtre d’au moins trois cas de rapt rien qu’en ce mois de juillet. Les derniers en date se sont produits dans le courant de la semaine du 18 juillet où une adolescente de 16 ans a été nuitamment enlevée à son domicile à Antsangasanga, Ambatondrazaka. Les autorités régionales ont aussi parlé d’un autre kidnapping sans livrer aucune information.
Renforts
Sur son lit d’hôpital à Ambatondrazaka, un résident d’Anosiboribory, Amparafaravola, est nuit et jour placé sous haute surveillance policière. Le père de famille a survécu à ses blessures par balles à l’issue d’une tentative d’enlèvement chez lui mais auquel il a pu par chance échapper. Sa femme n’a malheureusement pas eu cette chance. Elle est toujours entre les mains des ravisseurs qui demandent le versement de plusieurs dizaines de millions de rançon.
Cette occurrence, loin de clore la série noire dans l’Alaotra-Mangoro, a dégagé un parfum de conflit d’intérêts ayant poussé les autorités gouvernementales à bouger. Des renforts venant d’Antananarivo ont été déployés sur le terrain. Les gendarmes ont ainsi neutralisé six suspects dans la journée du 18 juillet. La traque des bandits impitoyables continue jusqu’à maintenant. Le ratissage et le contrôle sur les axes routiers sont réguliers. Les observateurs sont impatients de voir le résultat.
Depuis l’an passé, les Districts de Moramanga, d’Ambatondrazaka et d’Amparafaravola apparaissent comme les principaux foyers d’enlèvements dans la Région Alaotra-Mangoro. L’on se demande du réel mobile derrière ces crimes qui ont un point commun : viser ceux qui ont de l’argent. La lecture hâtive qui s’en dégage laisse entrevoir que les réseaux criminels auraient abandonné le vol de bovidés au profit des rapts. C’est parce que le cheptel est en déclin.
Campagne rizicole
L’interprétation possible aussi indique la migration de proximité des kidnappeurs. A Analamanga, la compagnie territoriale de la Gendarmerie d’Imerina centrale ne badine pas avec les ravisseurs. Ses éléments les ont débusqués sans ménagement de leurs repaires. Les responsables estiment que les membres actifs des réseaux criminels auraient rejoint le bassin de Mangoro et celui d’Alaotra pour y perpétrer leurs agissements.
En outre, ces déplorables kidnappings dans l’Alaotra-Mangoro ont commencé à faire leur apparition après la ruée vers les pierres précieuses dans cette Région en 2019-2020 où un riche gisement de béryl était découvert à Andilana Avaratra, Amparafaravola. Le prix des quantités de pierre qui y ont été extraites s’élève à plusieurs dizaines de milliards d’ariary. Mais les chanceux ne sont forcément pas les résidents locaux. Il reste à prouver en tout cas le lien entre ces enlèvements et les activités minières au niveau régional.
Un autre point à considérer aussi est la coïncidence entre ces enlèvements et la campagne rizicole dans le premier grenier à riz de Madagascar. Chaque année, la collecte fait circuler abondamment de billets de banque en ville comme dans la campagne. Des collecteurs sont parmi les victimes. Ceci dit, toute l’Alaotra-Mangoro est sur le qui-vive. En attendant le dénouement de la crise de rapt, qui n’y a jamais été connue, la Région est en bon droit de porter le nom de nouvel eldorado des kidnappeurs.
M.R.

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Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

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