Publié dans Société

Mialy Rajoelina dans Jeune Afrique - « Le développement de l’Afrique passera par l’émancipation des femmes »

Publié le mercredi, 11 septembre 2019

En Afrique plus qu’ailleurs, les femmes restent encore trop souvent dépendantes des hommes. Seule une plus grande autonomie leur permettra de s’accomplir tout en prenant toute leur place dans le développement économique du continent.

A l’heure où se multiplient discours et plans pour le développement de l’Afrique, une question prioritaire doit être traitée : la protection et l’émancipation des femmes. Aucun développement économique, social, humain ne sera possible si la situation actuelle - faite de violences et d’oppression - n’évolue pas radicalement. Et seules les femmes pourront impulser ce changement de regard et de paradigme.

 

Plus de quatre femmes sur dix mariées avant 18 ans

Tout d’abord, entendons-nous sur le terme de « violences ». Au-delà des violences physiques et sexuelles, il englobe les mariages précoces, les obstacles à l’éducation, à l’émancipation par le travail ou à une vie de famille choisie, libre et épanouissante. Inhumaines, ces violences privent notre continent d’un extraordinaire potentiel. Les chiffres sont terrifiants : dans le monde, 35 % des femmes subissent, à un moment de leur vie, des violences physiques ou sexuelles. En Afrique de l’ouest et du centre, plus de quatre jeunes femmes sur dix sont mariées avant l’âge de 18 ans, abrégeant ainsi leur scolarité, entravant leur socialisation et limitant la possibilité d’exercer un métier. Enfin, 71 % des victimes du trafic d’êtres humains sont des femmes. Ces violences limitent la capacité économique des foyers, empêchent une multitude de femmes de créer, entreprendre, travailler et éduquer correctement leurs enfants. Quel gâchis pour notre continent, dont la richesse humaine devrait constituer le premier levier de croissance !

« Nous avons la lourde et honorable tâche de sculpter l’adulte que deviendra notre enfant »

Selon une étude de la Banque mondiale de décembre 2018, ce ne sont pas moins de 55,4 milliards d’euros que le continent perd en raison des mariages précoces et de la déscolarisation. En effet, les mariages précoces font entrer les filles dans un cercle vicieux tragique quasi irrécupérable. Ils éloignent les jeunes filles de l’école et font d’elles des filles-mères, avec toutes les conséquences connues pour leur santé et celle de leurs enfants.

En Afrique plus qu’ailleurs, les femmes restent encore trop souvent dépendantes des hommes. Seule une plus grande autonomie leur permettra de s’accomplir, tout en prenant toute leur place dans le développement économique du continent.

A nous, les femmes, de lutter contre ces violences !

Aux racines de ces maux qui minent nos sociétés, il y a des cultures et croyances archaïques qui inculquent machisme, sexisme et n’accordent pas la même importance aux hommes qu’aux femmes.

Il faut donc soigner le mal à sa racine, par l’éducation, mais aussi par la sensibilisation et la mobilisation de tous. Les femmes ont un rôle de premier plan à jouer dans ce combat. C’est l’objet même de l’association Fitia, qui vient en aide aux personnes les plus vulnérables à Madagascar. L’un de nos combats est évidemment la lutte contre les violences basées sur le genre qui touchent tant de femmes et de jeunes filles malagasy. En plus de mobiliser les forces vives sur ces questions, nous offrons aussi une structure d’accueil et d’écoute pour les victimes. Début juillet 2019, conjointement avec le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), dont j’ai l’honneur d’être l’ambassadrice, nous avons mis en place et équipé deux unités de « Brigades féminines de proximité » dans la Capitale, Antananarivo, et dans une province dans le sud du pays. Ces brigades sont dorénavant formées à la prise en charge des victimes de violences basées sur le genre.

Nous avons la lourde et honorable tâche de sculpter l’adulte que deviendra notre enfant. C’est notre rôle de rappeler à nos enfants que leur référentiel n’est pas la violence mais qu’ils doivent prendre en compte leurs propres valeurs, leurs idées et leurs ambitions.

Rendre l’école obligatoire jusqu’à la majorité

Pour avancer, certaines mesures concrètes pourraient être rapidement mises en place. Tout d’abord, rendre l’école obligatoire jusqu’à 18 ans et s’assurer que les familles respectent cette règle aussi pour les jeunes filles, pour qui l’école est souvent considérée comme une perte de temps.

Face au poids de la tradition, d’une culture résolument patriarcale qui prédomine en Afrique, des lois spécifiques doivent être votées pour lutter contre ces violences. A Madagascar, nous avons initié des conventions avec les ministères compétents et les partenaires et une loi sera très prochainement discutée à l’Assemblée nationale. Il faut aussi redonner confiance et encourager les femmes à entreprendre.

« Le continent africain est à un tournant de son Histoire »

Enfin, pourquoi ne pas encourager les entreprises à recruter des femmes via des mesures incitatives. Les talents ne manquent pas et tout le tissu économique local y gagnera, grâce notamment aux micro-entreprises. En proie à de multiples mutations économiques, sociales, humaines et culturelles, le continent africain est à un tournant de son Histoire. Ensemble, prenons à bras-le-corps l’enjeu de la protection et de l’émancipation des femmes ! Il en va de notre avenir et de celui de nos enfants.

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Editorial

  • Indomptable !
    Sans crier gare, les prix repartent en flèche. L’inflation, la bête noire du commun des mortels, s’entiche à grimper pour atteindre les sordides sommets en faisant mal aux humains.Tel le lion, le mâle dominant du groupe, fauve parmi les plus atroces et les plus cruels, roi des savanes, indomptable qui sème la terreur partout où il passe, l’inflation crée la panique et provoque l’angoisse et l’anxiété chez les familles vulnérables autrement la grande majorité des malagasy.Indomptable, l’inflation continue de sévir. A l’heure actuelle, par les temps qui courent, les prix des produits de première nécessité (PPN) s’envolent et va au-delà des faibles moyens des malagasy. Le kapoaka de riz dit « vary gasy », makalioka, tsipala, vary mena franchit et dépasse nettement le 1000 ariary. A Antananarivo, à Toamasina, à Mahajanga, à Toliary, bref dans tous les marchés de quartiers du pays. Le kilo du sucre, l’autre PPN d’utilité quotidienne…

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