Publié dans Société

Plaine de Marovoay - Un grenier à riz en péril

Publié le mardi, 11 juillet 2023

10.000 hectares de rizières sont ensablées chaque année, soit une perte de 20.000 tonnes de paddy. Ce chiffre effrayant concerne la plaine de Marovoay. La situation ne fait qu’empirer d’année en année. L’année dernière, cette perte était estimée à 15.000 hectares. Ainsi, la politique d’autosuffisance alimentaire serait en danger à cause de ce cas de Marovoay, longtemps considéré comme un grenier à riz. 

L’ensablement des rizières est principalement dû à la déforestation et la désertification des collines et versants bordant la plaine. Les terres ferrugineuses ne sont plus retenues par aucune végétation et l’érosion emporte toute la terre arrachée des montagnes dans la plaine.

Comme il a été démontré lors du passage du dernier cyclone Batsiray qui a touché le District de Marovoay, la majorité des rizières inondées ont été recouvertes d’une boue orangeâtre qui stérilise petit à petit le sol.

Avec 17.500 ha de superficie, la plaine rizicole de Marovoay représente plus de la moitié de la totalité des périmètres irriguées de la Région de Boeny. Cette dernière est aussi la Région qui connait la plus grande déforestation avec la disparition à grande échelle de ses forêts sèches.

La plaine de Marovoay représente 38.000 ha de surface cultivable. Avec la destruction de l’environnement, en moyenne, 2 % de sa surface cultivable sont perdus annuellement. Cette perte équivaudrait à une production de 500 millions d’ariary ou 133.925 dollars par an. D’ailleurs, les riziculteurs commencent  à se rendre compte de leur situation. Le rendement des rizières n’ayant pas accès à l’eau diminue à chaque saison. De plus, les paysans n’utilisent pas d’engrais ni d’autres techniques permettant d’entretenir le sol, ce qui accélère davantage la stérilité des rizières. 

« Nous avons décidé d’exercer d’autres activités. Entre autres, nous travaillons dans les carrières de pierres. Nos gains servent à acheter des PPN et d’autres besoins, sauf du riz. Nos stock de riz issus de la production sont destinés à approvisionner la famille », a déclaré Hery, originaire de la Commune de Manaratsandry.

En l’absence des mesures « effectives » qui sont prises en amont comme la protection efficace des forêts restantes comme celle d’Ankarafantsika, l’une des dernières forêts qui limitent encore l’érosion, le District de Marovoay en tant que grenier à riz de la Grande île risque d’appartenir à l’histoire ancienne.

Ankarafantsika comme dernier rempart 

Avec l’ensablement des rizières dans la plaine Marovoay, la santé de la réserve d’Ankarafantsika joue un rôle crucial dans l’avancée de la menace. C’est le dernier endroit offrant un peu d’espace vert et de forets qui retient les torrents de boue et de sable charriés par l’eau et le vent.

Selon l’Office national pour l’environnement (ONE), depuis le début des années 2000, 200 à 400 tonnes par hectare de la couche arable du sol sont perdues, en ayant été emportées par les eaux de ruissellement chaque année. Au niveau mondial, ce chiffre est de 11 tonnes par hectare par an en moyenne. L’érosion du sol est donc un véritable désastre économique pour Madagascar.

Par ailleurs, l’ensablement affecte les grands périmètres irrigués rizicoles comme la plaine du Lac Alaotra et celle de la Basse Betsiboka.

La protection d’Ankarafantsika pour la Région de Boeny et celle du corridor de l’Est pour l’Alaotra sont impératives afin de préserver la subsistance de la population malagasy qui, en majorité, dépend encore de la riziculture.

 

Nikki Razaf

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Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

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