Plutôt que de représenter le « Fady » sous l’angle de la tristesse, Christian Sanna veut mettre au premier plan ces familles en tant que pionniers du changement. Ce photographe qui s’inspire des portraits familiaux traditionnels met en avant la relation qui unit la mère et ses enfants afin de montrer l’opposition ridicule entre l’amour maternel et la peur de l’interdit. A noter que chez les « Antambahoaka » de la côte Sud-Est, dans la région de Mananjary, élever des jumeaux est encore interdit. Cette pratique ancestrale toujours en vigueur consiste à rejeter les jumeaux à la naissance ou à les abandonner. Autrefois, ils étaient tués ou l’un des deux était exclu du village.
Tradition
Les chefs traditionnels de l’ethnie appelés « Ampanjaka », encore attachés à cette tradition, perpétuent la pratique au mépris des conventions et traités sur les droits des enfants, tous ratifiés par les autorités malagasy. Mais depuis quelques années, certaines mères ont décidé de rompre l’interdit en gardant leurs enfants quitte à être mis au bain de la communauté. Par amour pour leurs enfants, ces mères courent le risque d’être rejetées par leurs conjoints, leur famille et la communauté, exclues du tombeau familial, les mettant ainsi dans une grande précarité qui alimente d’autant plus la croyance dans la malédiction. Rappelons que ce travail fut réalisé en 2013 en partenariat avec l’association « Tsy manary zaza » composée par les mères. L’association a été mise en place grâce à l’appui du programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour défendre le droit des enfants et aider les parents à élever leurs jumeaux. La plupart de ces mères suivent des formations dispensées par le PNUD pour apprendre à subvenir aux besoins de leur famille et retrouver une vie plus décente. Bref, à travers l’exposition « Fady kambana », Christian Sanna a exploré l’histoire et la culture des jumeaux maudits de Mananjary, ainsi que les croyances et les préjugés entourant les jumeaux dans une partie de la société malagasy.
Si.R