Publié dans Economie

Négociations collectives - Le salaire minimum au cœur des débats à Madagascar

Publié le dimanche, 03 novembre 2024
 Secteur textile à Madagascar Secteur textile à Madagascar Crédit photo : fournie

Le salaire minimum à Madagascar est un sujet de préoccupation croissant dans le paysage économique actuel. Selon Marc Boulnois, docteur en économie à l'université d'Ottawa et expert en négociations collectives, ce sujet revêt une importance capitale dans le cadre des discussions entre syndicats, représentants des travailleurs et employeurs. Bien qu'il soit fixé chaque année, l'application effective de ce salaire minimum se heurte à de nombreux obstacles. Le salaire minimum, qui devrait garantir un revenu décent aux travailleurs, est en réalité compliqué par la prévalence du secteur informel dans l'économie malagasy. Une part de la population active n'évolue pas dans le cadre formel, rendant la mise en œuvre du salaire minimum difficile. "Bien que l'inspection du travail ait pour mission de s'assurer du respect de ces normes, la majorité des contrôles se concentre sur les entreprises formelles," explique-t-il. Chaque année, des négociations ont lieu pour réévaluer ce salaire. "Mon étude vise à analyser si le salaire minimum actuel permet de couvrir les besoins fondamentaux des travailleurs, conformément aux objectifs légaux," précise-t-il. Cela soulève des questions sur l'efficacité du salaire minimum en tant qu'outil de protection des travailleurs et d'encouragement à l'emploi décent.
Convention
Depuis 1960, Madagascar a ratifié plusieurs conventions internationales intégrant des normes dans son code du travail. Cependant, la véritable interrogation demeure : cette intégration se traduit-elle par une application réelle et efficace ? "Les conventions récentes sur les conditions de travail doivent être prises en compte dans le nouveau code du travail actuellement en validation," ajoute le docteur.  Historiquement, le salaire minimum variait selon les régions, mais depuis la fin des années 1970, un tarif uniforme a été instauré pour l’ensemble des secteurs. Le cadre légal stipule que le Gouvernement, après consultation du Conseil national du travail (CNT), doit fixer le salaire minimum. "Depuis 2000, des négociations préalables entre employeurs et syndicats sont devenues la norme, bien que ce processus ne soit pas formellement reconnu," souligne-t-il. Des événements récents illustrent cette dynamique. En 2019, le Président a fixé unilatéralement le salaire minimum à 200 000 ariary, une mesure bien accueillie par la population. En 2022, il a proposé de l’augmenter à 250 000 ariary, une hausse substantielle issue de négociations avec les employeurs. "Pour faciliter cette augmentation, un mécanisme de subvention a été mis en place via la CNAPS," rappelle-t-il. Au niveau des entreprises, notamment celles employant plus de dix salariés, l'existence de délégués du personnel et de comités d'entreprise est désormais une exigence. "Un cadre de référence tel que le salaire minimum est essentiel pour prévenir des pratiques de concurrence déloyale et garantir une échelle salariale harmonisée au sein des secteurs," conclut Marc Boulnois.

Carinah Mamilalaina

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  • Opération délicate
    Le faux et l’usage de faux envahissent l’Administration, grand « A » s’il vous plaît, à savoir le domaine général qui englobe tous les secteurs d’activités de l’Etat ou de la République. Faux et usages de faux, du jargon populaire « fosika », faux diplômes ou certificats de fin d’étude gangrènent presque tous les Corps de métier de l’Administration entre autres les départements clés comme l’Enseignement supérieur, l’Education nationale, la Justice, la Régie financière, les Forces de défense et de la sécurité (FDS), etc. Les concours d’entrée dans l’administration publique sont infestés de faux dossiers. Des diplômes de Baccalauréat, de Licence, de Master I ou II se trouvent les plus menacés. Il y a eu même certains de faux diplômes de Doctorat !

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