Publié dans Politique

Christian Rasoarahona - « Ravalomanana doit aussi indemniser ses victimes »

Publié le mardi, 06 octobre 2020

Faisant partie de ceux qui ont été les cibles du « hazalambo » (littéralement chasse aux sangliers) décrété par Marc Ravalomanana lors de son accession au pouvoir en 2002, Christian Rasoarahona est complètement outré par la démarche du clan du patron de l’empire Tiko tendant à se faire indemniser par l’Etat malagasy des préjudices qu’il aurait subis consécutivement à la crise de 2009. Interview.

La Vérité (L.V.). A travers ses conseils, Marc Ravalomanana réclame la faramineuse somme de plus de mille milliards d’ariary à l’Etat pour l’indemniser des préjudices qu’il aurait subis lors de la crise de 2009.

Christian Rasoarahona (C.R.). C’est de la divagation pure et simple. Je ne sais pas si vous avez remarqué mais, comme par coïncidence, ce montant couvre à peine l’étendue des arriérés de taxes et impôts que le groupe de Marc Ravalomanana doit à l’Etat, donc aux contribuables. Personne n’est dupe ! En réalité, l’homme veut simplement appliquer la règle du « samy miala maina dia samy afaka » (« On est quitte », ndlr).

L.V. Le clan Ravalomanana invoque la feuille de route de sortie de crise dans sa démarche.
C.R. C’est trop facile et c’est carrément une insulte de la part d’une personne qui se considère comme un ancien Ray aman-dreny des Malagasy, après avoir été Président de La République pendant quelques années. Payer ses impôts est le premier devoir d’un citoyen et encore plus pour un groupe commercial qui a engrangé des super profits pendant des années. Ce, de surcroît, dans un pays très pauvre comme Madagascar. Et puisqu’on parle de préjudices, que dit Marc Ravalomanana des préjudices incommensurables qu’il a fait subir à ses concitoyens en 2002 ?

L.V. C’est un aspect de la question que vous êtes l’un des rares à soulever. Pouvez-vous en dire plus ?
C.R. Des centaines de familles ont été victimes de son fameux « Hazalambo » (une opération de règlement de compte dont Marc Ravalomanana a chargé des militaires réservistes après son accession au pouvoir en 2002). Qu’il s’agisse de morts violentes suspectes, des emprisonnements, des incendies de domiciles, des exils forcés, des séparations familiales. La liste des exactions et des victimes est très longue et l’ampleur des dégâts subis est inimaginable si on se réfère juste aux archives du CFM. Les 1 000 milliards réclamés par Marc Ravalomanana sont infimes comparés aux préjudices de ses victimes avec la crise de 2002. Et on ne citera pas les « Alahelo » (rancœurs, ndlr) et les « Takaitra » (sequelles, ndlr) que cet homme a laissés derrière lui.

L.V. Outre votre propre personne, pouvez-vous donner des exemples concrets des victimes de cet épisode sombre de l’histoire du pays ?
C.R. Outre bien entendu et en premier lieu les Didier Ratsiraka et Tantely Andrianarivo et leurs entourages proches, familles et collaborateurs, il y a aussi les membres du Gouvernement de l’époque, pour ne citer que les Jean Jacques Rasolondrainibe, Houssein Abdallah, José Andrianoelison, Victor Boanoro, Blandin Razafimanjato et autre Hery Velona Ramanantsoa. Et la liste n’est pas exhaustive car beaucoup d’autres familles, telle que celle de Lalatiana Ravololomanana, ont également été gravement affectées. Toutes ces victimes sont en droit de réclamer à Marc Ravalomanana des indemnisations pour les préjudices physiques, matériels et moraux subis, avec preuves à l’appui. Et sans compter les « Alahelon’ny taranaka faramandimby » (rancune ressentie par les futures générations). Donc en réclamant une indemnisation liée à la crise de 2009, Marc Ravalomanana risque d’être victime de ses propres turpitudes.

L.V. C’est-à-dire ?
C.R. En soulevant cette question d’indemnisation, il a réveillé de vieux démons. Ses conseillers feraient mieux de lui recommander la stratégie du « Misitrika » (faire le mort, ndlr).
Propos recueillis par Hery Mampionona

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Editorial

  • Et après ?
    Après avoir réussi avec éclat particulier le pari d’accueillir la visite d’Etat d’un Chef d’Etat qui n’est pas des moindres et d’avoir pu organiser solennellement et presque en simultané sur le territoire national le rendez-vous au sommet des cinq îles de l’océan Indien, les observateurs s’interrogent « et après, c’est quoi ? » Une légitime question dans la mesure où le vrai travail ne fait que commencer. C’est beau d’avoir eu l’honneur de recevoir chez soi des invités de marque ou de prestige mais c’est mieux de pouvoir le transformer en réussite durable. Il s’agit effectivement de deux « rendez-vous » d’une portée exceptionnelle et d’une opportunité rare qu’il faudra parvenir à viabiliser.

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