La question qui se pose est de savoir pourquoi une telle contamination n’a été décelée plus tôt, ou ne l’a été que ce mois de juillet, alors que le lot de vanille qui pourrait en être à l’origine, s’il vient vraiment de Madagascar, est forcément issu de précédentes campagnes. Logiquement, si tant il est vrai que c’est bel et bien le produit malgache qui est impliqué, c’est dans les mois qui suivirent l’arrivée du lot incriminé sur le sol européen que la présence de l’agent cancérigène aurait dû être découverte.
De deux choses l’une : soit les services de dépistages européens, ainsi que celui de la marque Häagen-Dazs, ont été défaillants pour ne pas avoir pu détecter la présence de l’agent cancérigène en question que plusieurs mois après la mise sur le marché des denrées contaminées, soit la contamination ne concerne que les toutes dernières productions de la marque, celles-là même qui ont fait l’objet de rappel par celle-ci. Auquel cas, il faut se demander de quelle manière ce lot a pu être contaminé et non les précédents, alors qu’ils sont tous censés contenir la même vanille de Madagascar.
A qui profite le crime ?
Quoi qu’il en soit, tout ceci, conjugué avec le douteux concours de circonstances soulevé en début d’article, ne peut que susciter de fortes suspicions d’acte de sabotage destiné à torpiller le produit-phare de la Grande île et partant, à éliminer Madagascar du marché mondial de l’or vert, du moins durant la campagne à venir. A qui profite le crime ?, pourrait-on se demander.
Il faut savoir que le marché mondial de la vanille se chiffre à des montants faramineux (voir article par ailleurs) et la réunion entre acteurs locaux et acheteurs internationaux de la vanille malgache qui s’est tenue dernièrement à Paris était justement destinée à stabiliser toute la filière d’amont en aval. Ce qui ne peut avoir pour effet que de conforter davantage la place de leader de Madagascar sur ledit marché. Une perspective qui est loin de plaire à tout le monde, notamment à certains pays producteurs de vanille dont la qualité de produit ne peut pas encore rivaliser avec celle de la Grande île pour prétendre en grignoter la part de marché, mais aussi et surtout aux producteurs de vanilline (vanille de synthèse), laquelle est encore loin de convaincre et ne peut trouver sa place au soleil tant que la vanille naturelle continue à attirer la clientèle et à satisfaire la demande.
Pour information, l’agent cancérigène en question, l’oxyde d'éthylène, est une substance auparavant utilisée comme produit de protection des denrées alimentaires mais dont l'utilisation, depuis 2001, est interdite dans l'Union européenne mais également à Madagascar (voir notre édition d’avant hier).
Hery Mampionona