Publié dans Politique

Etudiants des universités publiques - Une mentalité d’éternels assistés

Publié le dimanche, 03 mars 2019

Augmentation de 100% du montant des bourses d’études, refus catégorique de l’augmentation du loyer des cité U qui passe de 700 ariary à  1 400 ariary, eau et électricité comprises; bénéfice à 100% gratuit de connexion internet, etc. Telles sont, entre autres, les  revendications des étudiants de l’école polytechnique de Vontovorona à travers les violentes manifestations sur la voie publique de ces derniers jours, lesquelles se sont soldées par des heurts avec les Forces de l’ordre. Une situation qui, si l’on se réfère à ce qui prévalait dans les universités malagasy dans les années 70-80, est une aberration pure et simple.

Il faut savoir en effet que, en ce qui concerne les bourses d’études universitaires, elles n’étaient pas toujours ce qu’elles sont à l’heure actuelle. Elles étaient octroyées suivant des critères de sélection très rigoureux qui, eux-mêmes, dépendaient de divers paramètres. Outre la situation sociale du demandeur, il y avait aussi les critères pédagogiques. Concrètement, le postulant devait justifier non seulement sa situation de précarité mais aussi ses performances estudiantines (notes, assiduité). Et bien même que l’étudiant ait rempli les conditions requises, le montant accordé variait d’un boursier à l’autre : 1/3, 2/3 ou entier, selon la situation de chacun. Dans tous les cas, les bourses d’études universitaires  n’étaient pas octroyées d’une manière systématique au point de devenir, comme c’est le cas actuellement, pratiquement un droit pour les étudiants inscrits…

L’on ne sait plus depuis quand exactement cette question des bourses d’études est devenue l’un des principaux et sempiternels problèmes de l’enseignement supérieur. Outre le paiement qui, bizarrement, semble ne pas être inscrit dans la ligne de dépense des établissements concernés alors qu’il est parfaitement prévisible à partir du moment où la liste des bénéficiaires (c’est-à-dire pratiquement tous les étudiants inscrits) est connue, son montant figure systématiquement parmi les revendications des mouvements estudiantins chaque année. Les étudiants s’estiment en effet qu’ils sont en droit de réclamer que, ce qui leur est déjà accordé gracieusement par l’Etat,  soit constamment revu à la hausse en fonction de leurs besoins. Vu sous cet angle, les bourses d’études sont donc devenues de véritables salaires, (en contrepartie de quoi ? nul ne le sait), tandis que les bénéficiaires ne sont autres que des « étudiants professionnels ».

L’on ignore si les étudiants-grévistes d’aujourd’hui sont bien conscients de l’incongruité de la situation, surtout si l’on se réfère à celle qui prévalait au pays auparavant. Il faut savoir en effet que bon nombre de sortants des universités publiques qui sont actuellement dans la vie active n’ont pas bénéficié de bourses étatiques. Pour financer leurs études, beaucoup de ces non-boursiers, qui ne sont pas toujours issus d’une famille aisée ou dans une situation financière confortable, ont dû faire preuve de débrouillardise en dénichant des jobs d’étudiant ou de vacance. L’absurdité de la situation est qu’actuellement donc, les étudiants exigent d’être payés pour étudier, autrement, ils sèchent les cours, barrent les routes et caillassent les Forces de l’ordre.

Dans tous les cas, il ne faut guère s’étonner si, à diplômes censés être égaux, les recruteurs jettent leur dévolu sur les sortants des établissements privés au détriment de ceux issus de l’enseignement supérieur public. Autant les premiers sont réputés pour leur capacité à faire face aux difficultés, voire à l’adversité, autant les seconds se considèrent comme d’éternels assistés et se font passer pour de violents contestataires en puissance.

La Rédaction

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Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

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