En régression ! Madagascar enregistre du recul en matière d’Education complète à la sexualité (ECS), à en croire les sociétés civiles œuvrant dans ce domaine. En fait, une note du ministère de l’Education nationale, sortie en décembre 2023, interdit les démonstrations de méthodes contraceptives dans les écoles, du préscolaire jusqu’en terminale. Ainsi, le ministère de tutelle mise sur l’abstinence, alors que l’âge moyen du premier rapport sexuel chez les adolescents malagasy étant de moins de 15 ans, selon les informations émanant de l’organisation des Sociétés civiles œuvrant dans le domaine de la santé et droits sexuels et reproductifs (SDSR). « De nombreux projets mis en œuvre auparavant ont pourtant démontré aux élèves l’utilisation des méthodes contraceptives, à l’exemple des préservatifs », rappelle Eugène Andriamasy, responsable plaidoyer et membre du réseau SDSR Madagascar. « Les jeunes, en majorité sexuellement précoces, ne sauront pas comment se protéger si on ne les informe pas comme il se doit », précise notre source. « Il ne devrait pas y avoir de blocage en matière d’éducation complète à la sexualité, notamment en classe. De plus, de nombreuses méthodes sont disponibles. Il faudrait juste choisir celles adaptées pour les démonstrations dans les écoles », ajoute Dr Lova Herizo Rajaobelina, député de Madagascar élu à Moramanga et non moins président du Réseau parlementaire pour la justice reproductive.
Plaidoyer auprès des parlementaires
Outre la récente note ministérielle, de nombreux blocages persistent en matière d’éducation complète à la sexualité Madagascar. Les barrières culturelles, coutumières et religieuses perpétuent malgré les diverses activités menées pour y remédier. A cela s’ajoute la dominance du partenaire, lequel refuse que sa femme fasse de la contraception. Pour sa part, le réseau SDSR mise sur le plaidoyer auprès des parlementaires, notamment les députés, afin qu’ils puissent convaincre les membres du Gouvernement sur l’importance de l’ESC en classe. L’éducation complète à la sexualité évitera les risques de grossesse précoce et d’infections sexuellement transmissibles, entre autres.
Pour rappel, Madagascar dispose de la loi 2017-043 sur la santé de la reproduction et le planning familial (SRPF), avec son décret d’application en 2018. Sa mise en œuvre reste toutefois timide, selon les sociétés civiles. Toutefois, la gratuité du planning familial figure parmi les priorités de l’Etat en ce moment, d’autant plus que le boom démographique entrave au développement du pays. De nombreuses sensibilisations et activités y afférentes s’enchaînent ces derniers temps.
Recueillis par P.R.