Dans une rue très fréquentée d'un quartier du 3ème Arrondissement de la Capitale, nul ne soupçonne que cet alignement de maisons servant généralement de boutiques, abrite aussi un ou des salons de massage, du moins à l'étage. C'est là que Tania, un nom d'emprunt, nous accueille dans l'ambiance feutrée d'une sorte de salle d'attente. Elle est l'une des 4 jeunes femmes au physique aguichant, et parfois très jeunes encore dans cet établissement.
"Si le boss sait que vous êtes un journaliste, il vous fera sûrement expulser des lieux ", nous chuchote notre interlocutrice, l'air sérieux. Petite, la taille menue, on dirait une gamine, on soupçonne qu'elle n'a pas encore dépassé la vingtaine. Et pourtant, elle devra satisfaire des clients, tout âge confondu. Elle a appris le métier sur le tas. Et cela fait maintenant 5 ans que cette habitante des 67 Ha, et non moins ex-lycéenne fait ce métier. Sur la table basse qui trône au milieu de la pièce, on nous présente la carte du menu, qui fait penser à celle d'un restaurant.
Outre bien sûr le tarif du massage avec ceux des « accessoires », sur ce menu, il est possible de lire la finition, autrement dit les différents jeux sexuels proposés dont le show lesbien, sinon bien sûr un rapport sexuel tout court avec votre masseuse, dans la chambre d'à côté où un grand lit confortable attend. Car si le contrat avec le client s'arrête uniquement au massage relaxant proprement dit, ce dernier paie alors 50 000 ariary. S'il veut plus, il doit débourser le double, rapport intime inclus.
Puisqu'il n'y a plus de secret sur la finalité de notre masseuse, Tania crache le morceau : « Je n'hésite pas non plus à faire le trottoir, à mes heures libres. Parfois, je ne dors pas car il y a fort à faire aussi bien dans la journée que dans la soirée », continue-t-elle. Ne vous étonnez donc pas de la retrouver parfois du côté de Tsaralàlàna.
Pendant que nous feignons de discuter et marchander notre massage, elle glisse, toujours dans un murmure, avoir 2 ou 3 clients par jour au salon. Dès fois, il n'y en a pas du tout. « C'est pour cela que je me prostitue, faute de gain », renchérit-elle avec franchise. A l'entendre parler, Tania semble n'avoir aucun temps libre à elle, ni un quelconque hobby. La fatigue, elle ne connaît pas. « Dormir, c'est mon seul et mon passe-temps favori », déclare-t-elle. Sur ce, et sur un signe complice, elle nous chasse, ou presque des lieux, son patron ayant flairé quelque chose d’anormalement long dans nos conversations. Tania, elle, s’est ravisé et a lancé « Pas de photo surtout ! ». D’autant plus qu'un client, encore jeune, s'est présenté. Il semble que c'est un habitué. Cela coupa court à notre conversation avec Tania.
F.R.