Le directeur général de la JIRAMA, Ron Weiss, a récemment adressé une lettre à l’ensemble des employés de l’entreprise publique, dans un contexte de vive tension sociale autour des coupures d’électricité et des pénuries d’eau. Ron Weiss y déplore les appels à la grève en cours parmi le personnel et invite ses collègues à réfléchir à l’opportunité d’un tel mouvement à ce moment précis selon lui, une grève risquerait d’aggraver une situation déjà jugée « catastrophique » pour la population. Il rappelle que la priorité devrait être l’effort collectif pour renforcer la qualité du service public, plutôt que le conflit social. Dans sa lettre, il affirme que la JIRAMA, détenue à 100 % par l’Etat, ne fera pas l’objet d’une privatisation, et que le nouveau statut adopté ne prévoit aucune cession de capital ni licenciement lié à ces réformes. Il mentionne par ailleurs que des négociations sont en cours avec le Gouvernement et les syndicats pour instaurer une participation renforcée des travailleurs à la reconstruction de l’entreprise, dans une logique de transparence et de responsabilité.
Contexte national
Si le discours de la direction insiste sur la poursuite des investissements dont le remplacement des réseaux, construction de centrales, renforcement de la distribution, c’est que le contexte national pèse lourdement sur la perception publique de la JIRAMA. Depuis des années, la société d’électricité et d’eau peine à équilibrer ses comptes, souffrant de pertes techniques élevées, d’infrastructures vieillissantes et de tarifs souvent inférieurs aux coûts réels de production. Par ailleurs, le pays traverse une crise politique et sociale aiguë : en réponse aux coupures récurrentes d’eau et d’électricité, des mobilisations citoyennes, notamment portées par la jeunesse sur les réseaux sociaux, ont éclaté à Antananarivo et dans d’autres villes, exigeant des réformes profondes et la démission du pouvoir en place. Dans ce cadre, l’appel à l’unité lancé par le directeur général de la JIRAMA doit être interprété dans un climat de défiance : les employés, les usagers et les acteurs politiques scrutent avec prudence la sincérité des engagements, tandis que toute interruption de service prolongée pourrait exacerber le mécontentement populaire déjà très vif.