L’inflation annuelle à Madagascar a connu un ralentissement sensible, passant de 9,5 % en janvier à 7,5 % en septembre 2025, selon le rapport le plus récent de la Banky Foiben’i Madagasikara (BFM). Cette baisse marque une accalmie après plusieurs trimestres de hausse des prix, bien que les produits de base continuent de peser lourdement sur le panier de consommation des ménages. D’après la BFM, l’Indice des prix à la consommation (IPC) global a progressé de 7,5 % entre septembre 2024 et septembre 2025. Le riz, aliment principal pour la majorité des foyers, a vu son prix bondir de 11,9 %, contribuant à 29 % de la hausse totale des prix. L’énergie, de son côté, a augmenté de 5,4 %, représentant 4,6 % de l’inflation globale. Enfin, le panier dit « sous-jacent » regroupant les autres produits et services hors riz et énergie, a augmenté de 6,6 %, soit plus des deux tiers de la hausse totale. Ces chiffres traduisent une désinflation réelle mais encore fragile, avec une inflation davantage portée par la dynamique interne des prix que par les chocs extérieurs. Pour les économistes, ce reflux de l’inflation reste encourageant mais insuffisant pour parler de reprise du pouvoir d’achat. « Le ralentissement de l’inflation est un bon signal, mais la pression sur les ménages demeure forte, surtout pour les produits alimentaires essentiels », explique un membre du Cercle de réflexion des économistes de Madagascar (CREM).
Stabilisation
Selon toujours notre économiste, la baisse observée s’explique avant tout par la stabilisation des prix de l’énergie et du transport, mais pas par une véritable détente sur les produits de première nécessité. « Tant que la production agricole restera vulnérable et que la dépendance aux importations perdurera, le pays restera exposé aux chocs extérieurs », ajoute-t-il. Dans les foyers, cette évolution positive reste difficilement perceptible. Le riz, principal aliment du quotidien, continue d’augmenter malgré les efforts d’importation et les campagnes de stabilisation des prix. A cela s’ajoute le coût élevé d’autres produits de base tels que l’huile, le sucre ou le savon. « Même si on nous dit que les prix se calment, je ne vois pas la différence. Le kapoaka de riz coûte toujours plus cher, et il faut souvent choisir entre manger à sa faim et payer les factures », témoigne une mère de trois enfants résidant à Tanjombato. Cette situation reflète l’écart entre les indicateurs économiques et la réalité du quotidien. La Banque centrale maintient une politique monétaire prudente, conservant son taux directeur à 12 % pour contenir les pressions inflationnistes. Mais cette approche agit à moyen terme et ne se traduit pas encore par une amélioration concrète du niveau de vie. Les analystes estiment qu’une relance de la production locale, notamment agricole, et une meilleure gestion des importations sont nécessaires pour assurer une baisse durable des prix. En attendant, la désinflation reste une tendance statistique, encore loin d’un véritable soulagement pour la majorité des ménages.








