Publié dans Economie

Tourisme de croisière - Les opportunités et les risques pour Madagascar

Publié le lundi, 01 décembre 2025

L'industrie de la croisière constitue un segment en pleine croissance du secteur touristique à Madagascar. Après l'interruption observée durant la crise sanitaire mondiale, l'île a enregistré une reprise progressive des arrivées de passagers. La saison de croisière s'étend de manière prédominante d'octobre à avril et son volume contribue directement aux statistiques du tourisme international. 

Pour l'année 2024, les estimations basées sur les données des ports indiquent un total de 54.137 croisiéristes, une proportion significative des arrivées touristiques totales enregistrées. Cette augmentation du flux de passagers sollicite les capacités opérationnelles des infrastructures portuaires clés, de la destination balnéaire de Nosy Be au port industriel et minier de Fort-Dauphin (port d'Ehoala). Les itinéraires internationaux intègrent l'île dans les grands circuits de l'océan Indien, avec des escales fréquentes impliquant des navires de grande capacité. 

Les autorités malagasy sont ainsi mises au défi d'adapter les services portuaires pour l'accueil et le débarquement efficace de ces volumes de passagers, souvent limités par un temps d'escale de 6 à 10 heures. Les calendriers prévisionnels confirment cette tendance : pour la saison 2025-2026, le port d'Ehoala a déjà confirmé l'attente d'une dizaine d'escales, témoignant de la confiance des armateurs. La gestion logistique des débarquements et des réembarquements constitue donc un enjeu constant pour maintenir la fluidité du trafic et le respect des horaires au niveau des compagnies.

 

Impact local

Chaque escale de paquebot a pour effet d'injecter des capitaux étrangers de manière rapide et concentrée dans les zones d'accueil. Les croisiéristes réalisent des dépenses substantielles, principalement orientées vers les services d'excursion, les achats d'objets artisanaux et l'utilisation des transports locaux. Les évaluations montrent qu'une seule escale majeure mobilise des montants qui peuvent représenter un soutien financier considérable pour les petits et moyens prestataires. 

Les secteurs qui bénéficient le plus de cet afflux sont les transports terrestres (location de bus ou de véhicules 4x4), le guidage professionnel et la petite restauration rapide. Par exemple, les excursions vers les sites distinctifs tels que les « Tsingy rouges » près d'Antsiranana ou la Réserve de Lokobe à Nosy Be engagent directement des guides certifiés, des chauffeurs et des piroguiers locaux. « Pour les guides indépendants comme moi, une journée d'escale bien remplie assure des revenus qui me permettent d'améliorer mon équipement de travail et de vivre dignement », déclare un prestataire de service à Toamasina, sous couvert d'anonymat. Ces revenus, bien qu'importants, restent concentrés autour des zones d'escale et des opérateurs qui ont réussi à s'intégrer dans les circuits de sous-traitance des compagnies internationales. L'Administration malagasy est encouragée à développer des stratégies pour mieux structurer l'offre d'artisanat et faciliter l'accès des petits producteurs et commerçants aux lieux de passage des croisiéristes, assurant une distribution plus large des bénéfices.

 

Attractivité touristique

Les programmes d'excursion proposés durant les escales sont conçus pour offrir aux croisiéristes une synthèse des atouts naturels et culturels de Madagascar. Les contraintes temporelles des escales imposent des circuits courts mais riches en contenu thématique. A Fort-Dauphin, les visites de la Réserve de Berenty, connue pour sa population de lémuriens diurnes, sont très demandées. A Nosy Be, les passagers se dirigent massivement vers les excursions nautiques, incluant des destinations comme Nosy Iranja pour ses conditions de « snorkeling » et ses plages préservées. Sur la côte Est, les circuits permettent l'exploration du Canal des Pangalanes depuis Toamasina, offrant une perspective sur la vie rurale et l'environnement aquatique local. 

Ces excursions sont gérées par des agences, garantissant ainsi la logistique, l'assurance et la qualité du guidage. « En tant que guide, notre rôle est d'assurer la sécurité du groupe, tout en partageant des connaissances approfondies sur les espèces endémiques et les coutumes », précise Mamy, un professionnel du guidage à Antsiranana. La segmentation des offres entre les ports permet de mettre en valeur la diversité régionale, allant des sites géologiques et militaires du Nord aux vastes plantations de vanille et d'épices de l'Est, contribuant à une expérience variée de l'île.

 

Sécurité et insécurité 

La sécurité des passagers en escale est une condition essentielle pour le maintien et le développement des lignes de croisière. Au niveau portuaire, les installations se conforment strictement aux standards internationaux de sûreté (Code ISPS), assurant un contrôle rigoureux du périmètre maritime et du terminal. Toutefois, les risques d'insécurité se matérialisent sur le réseau routier et dans les centres villes. Les dispositifs mis en place incluent l'obligation d'utiliser des transports agréés, l'encadrement constant par des guides officiels et le renforcement des patrouilles de la police touristique dans les centres villes, aux jours d'arrivée de navires. 

Néanmoins, la vulnérabilité est exposée par des incidents comme le vol par arrachage dont ont été victimes deux membres d'équipage du paquebot « Luminara Valetta » à Toamasina, le 30 novembre dernier. Ce délit, commis par des chauffeurs de cyclo-pousse non accrédités, démontre que les passagers qui s'écartent du cadre des excursions organisées, en optant pour des transports informels pour un tour de ville non sécurisé, s'exposent à des risques accrus (comme le vol de l'argent échangé en dollars). « Nous rappelons constamment aux touristes de ne pas utiliser de transport qui ne soit pas estampillé par leur agence et de ne pas exhiber d'argent liquide en public, » explique Sophie, une opératrice touristique locale. De tels actes, rapportés par les victimes et relayés au sein de la communauté des croisiéristes, nuisent à l'image de la destination, nécessitant une réponse immédiate des autorités par des mesures policières et un nettoyage de la zone périphérique aux ports.

 

Perspectives d'avenir 

L'augmentation confirmée des flux de croisière impose à Madagascar de développer une approche réglementaire et de durabilité forte. Au-delà de l'adaptation des infrastructures physiques, un effort est requis dans la structuration des services au sol. La nécessité de disposer de professionnels du guidage en nombre suffisant et d'un parc de véhicules modernes et sûrs est primordiale. L'incident de Toamasina a accentué le besoin de réglementer et d'identifier strictement les transporteurs informels opérant près des zones d'escale, afin d'écarter les individus aux intentions malveillantes. 

Les autorités malagasy doivent investir dans des programmes de formation continue, non seulement pour le personnel de guidage, mais aussi pour les forces de sécurité spécialisées dans la protection des touristes. Un protocole clair de gestion des incidents, assurant une réponse rapide et une action corrective visible (y compris la poursuite des coupables, dont les victimes du 30 novembre auraient obtenu des preuves vidéo), est essentiel pour regagner la confiance des compagnies. Le tourisme de croisière est une ressource économique avec un potentiel avéré. Mais sa croissance ne pourra être maintenue que si l'environnement de sécurité est perçu comme fiable par le marché international.

 

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Editorial

  • Ecogeste
    Par définition, le terme « écogeste » traduit par un ensemble de comportements visant à sauvegarder l’environnement naturel au sein duquel évoluent les hommes. Un ensemble de gestes conscients et responsables des membres de la communauté villageoise qui s’inscrivent dans la dynamique de la protection de l’écosystème, de la biodiversité et de la nature qui entourent et façonnent les conditions de vie et d’existence des hommes. Un ensemble de comportements dicté par le souci permanent d’assurer la viabilité du présent et l’avenir des générations. Bref, un ensemble message cohérent que les aînés transmettent aux jeunes générations et cela pour la survie de la communauté.

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