Publié dans Politique

Vol d’organes liés aux superstitions - Le calvaire des albinos continue

Publié le mercredi, 01 juin 2022


Ces derniers mois, on constate que les agressions contre les personnes albinos surtout des mineurs, sont subitement en recrudescence à Madagascar. Les faits observés au cours de ces deux dernières semaines parlent d’eux-mêmes. La gravité de cette situation d’insécurité est telle que les parents des albinos sont totalement désemparés. En cause, ils n’ont même pas les moyens nécessaires d’assurer la protection de leurs progénitures, ou au moins, les mettre hors de portée des ravisseurs, vu que ces derniers peuvent faire à tout moment leur sale coup. Les albinos vivent ainsi dans la peur, au quotidien. Certains observateurs parlent de souffrances, voire de torture mentale, avec la crainte de devenir à son tour la cible de ces criminels. Les malheureux vivent constamment dans un sentiment d’insécurité totale.
Le dernier fait en date concerne le kidnapping d’une fillette, qui devrait être toutefois en sécurité car elle dormait dans le foyer parental dans une localité du Sud. Un quotidien de la place rapporte alors que les ravisseurs l’avaient empoignée et emmenée de force avec eux alors qu’elle se trouvait encore au lit. Toujours dans le Sud, un petit garçon a réussi à s’échapper des griffes de ses geôliers avec un œil qui pendait hors de son orbite. Les bandits qui l’ont kidnappé étaient déjà à deux doigts de lui arracher l’œil lorsque la victime a eu le réflexe de se débattre pour finalement s’enfuir. Son cas a profondément ému l’opinion après que les ravisseurs avaient enlevé les yeux à cette autre fillette de 12 ans, toujours dans le Sud. Malgré l’état dans lequel les assaillants ont laissé la victime, cette dernière a toutefois survécu à ses horribles plaies. La liste des exemples de ces atrocités envers les membres de la communauté des albinos de Madagascar n’est pas exhaustive.
 L’on rapporte que les attaques et les meurtres macabres impliquent des mutilations et des démembrements basés sur des croyances dangereusement fausses selon lesquelles ces parties du corps peuvent être utilisées dans des rituels pour apporter chance et protection. Là, on peut dire que ce sont surtout les fausses croyances populaires qui sont à l’origine du calvaire des albinos. Ces croyances erronées attribuent des pouvoirs magiques aux albinos. Pour élaborer les potions magiques permettant à leurs clients de connaître le succès professionnel, sentimental ou financier, les sorciers requièrent le sang, les parties intimes, les bras ou les jambes des albinos.
La crédulité de la population ne se limite pas à la préparation des potions magiques. Dans certaines localités, la croyance veut que manger les parties intimes d’un albinos apporte le pouvoir. Au Cameroun, certains pensent que le sang versé d’un albinos arrête un volcan entré en éruption.
Interpellation des Nations unies
Le phénomène a progressivement diminué d’intensité en Afrique, qui semble finalement réaliser ses erreurs du passé. Dans certains pays comme le Malawi, le Burundi, la Tanzanie ou le Mali où les attaques contre les albinos étaient impitoyables, avec un nombre record de victimes, il y a encore quelques années de cela. En cause, les autorités de certaines localités de ces pays africains aidées par les pouvoirs en place et la communauté internationale ont pris une disposition afin de mettre les albinos en lieu sûr. Car on assiste à la mobilisation de communautés religieuses locales, lesquelles ont décidé de créer des centres d’accueil pour les albinos. Il se trouve que, souvent, ces albinos souffrent de la discrimination et surtout l’exclusion dans ces pays. Pire, même leurs proches et autres parents inhumains les rejettent tout simplement. D’où alors la multiplication de ces centres d’accueil dans ces pays du continent noir.
Eu égard à la situation qui prévaut actuellement à Madagascar, la question s’impose donc à propos des albinos dans le pays. Est-ce qu’il existe au moins des mesures de protection des albinos malagasy prises par les différents responsables afin de faire face au danger ou d’un risque d’éventuelle explosion de crimes « racistes » et superstitieux contre eux ? Des associations commencent à y réfléchir mais une action commune avec l’Etat s’avère nécessaire pour que tout soit éradiqué rapidement. Certains proposent donc d’agir comme cette communauté religieuse du Sud-Est du pays qui a décidé de créer un site d’hébergement pour accueillir les enfants jumeaux. Comme les albinos, ces derniers font l’objet de préjugés discriminatoires et de rejet simplement.
Enfin, des experts des droits de l’homme des Nations unies ont exhorté aujourd’hui Madagascar à prendre des mesures immédiates pour protéger les personnes atteintes d’albinisme face à des informations qui font état d’attaques et de meurtres dans le pays.

Fil infos

  • Animaux sauvages saisis en Thaïlande - Œuvre des réseaux de trafiquants à Madagascar
  • ACTU-BREVES
  • JIRAMA - Ron Weiss, nouveau directeur général
  • Production d’énergies renouvelables - L’Etat encourage les investissements privés
  • Actu-brèves
  • Coopération Madagascar-Maroc - Une seconde visite du Roi Mohamed VI se précise
  • ACTU-BREVES
  • Lutte contre la famine et les fléaux climatiques - Le Président Rajoelina plaide pour une hausse des financements
  • Actu-brèves
  • Energie renouvelable - Le premier parc éolien de Madagascar opérationnel début 2025
Pub droite 1

Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

A bout portant

AutoDiff