Le ministre de l’Industrialisation, du Commerce et de la Consommation s’est rendu à Antalaha à la rencontre des producteurs de vanille. Cette concertation avec les acteurs de la filière vanille avait pour but d’inciter ces derniers à la transparence, au respect des règles en vigueur, la lutte contre les fraudes et les intérêts de l’Etat. En plus de distribuer les renouvellements d’agrément d’exportation de vanille à 70 exportateurs.
Etat des lieux et explications sur terrain
Le ministre Edgard Razafindravahy a expliqué en toute transparence aux acteurs de la filière vanille les problèmes auxquels fait face cette filière sur le plan technique. Les lois en vigueur sur la vanille ont également été à l’ordre du jour.
Un retour sur la campagne de l’an passé a été effectué. Ainsi qu’un rappel des réglementations à suivre pour la campagne de cette année. Après une concertation avec les acteurs, il a été décidé que le nombre de bénéficiaires d’agrément sera revu à la baisse, moins de 100, et que le prix de base de la vanille à l’exportation soit de 250 USD le kilogramme.
Traçabilité, solidarité et loyauté
Le ministère a mis en lumière l’existence de fraude au niveau de la vente de vanille à l’exportation. Il serait question de vente de vanille à des prix inférieurs au prix réglementaire de 250 USD. Ces pratiques frauduleuses mettent à mal le secteur de la vanille et l’image de Madagascar en tant que pays exportateur.
C’est dans une optique de redressement de cette filière que le Conseil National de la Vanille (CNV) a été mis en place. Son travail consistera à garantir la traçabilité de la vanille auprès des producteurs, des exportateurs et des acheteurs sur le marché international. Il a également pour mission de veiller à trier sur le volet ces potentiels acheteurs.
Et enfin, le CNV doit s’assurer de la présence d’un commerce équitable pour les producteurs. En particulier, il veille à ce que le prix d’achat de la vanille auprès de ces producteurs locaux augmente progressivement. Cependant, le CNV n’a pas de pouvoir décisionnel, uniquement la capacité de faire des propositions.
Un passage obligé en vue de l’assainissement de la filière
Les exportateurs de vanille sont à présent tenus de cotiser au sein du CNV comme preuve de leur engagement. Le ministre Edgard Razafindravahy a appuyé que le redressement de la filière doit passer par cela et que ça concerne tous les exportateurs, sans exception.
Les exportateurs ont apposé leur signature à cet engagement et leur agrément sera retiré à ceux qui ne s’y tiennent pas. Cela implique également le respect du prix de la vanille verte à 75 000 Ar le kilogramme, 50 000 Ar pour la vanille séchée et 250 USD le kilogramme FOB. Les devoirs moraux accompagnant cette signature comprennent la restitution en devises et le paiement des taxes.
L’Etat prend dorénavant des mesures contre les contrevenants aux règles instaurées et les punira sévèrement. En effet, près de 80% de la vanille exportée montre des signes de pratiques frauduleuses. Le ministre souligne que le Gouvernement doit prendre ses responsabilités. Il exhorte les exportateurs à faire preuve de transparence. Les acheteurs internationaux sont prêts à payer le prix de 250 USD le kilogramme, ou plus, si chaque exportateur respecte ce prix.
Le précieux sésame remis à 70 opérateurs
Les 70 exportateurs ayant complété les conditions requises et obtenu l'agrément ont répondu présent à l'appel du ministère de l'Industrialisation, du Commerce et de la consommation, hier, à Antalaha où ils ont reçu de la main du ministre les fameux documents concernant l’agrément d’exportation. Les exportateurs de vanille ont également signé une lettre d'engagement pour le respect de la filière. Cet engagement comprend 10 points essentiels pour le développement et l'amélioration au niveau de la chaîne de valeur. Ainsi, pour cette année, le ministère a reçu en tout 262 demandes d’agrément dont 165 nouvelles demandes et 97 renouvellements. Après vérification, 224 dossiers étaient complets dont 134 nouvelles demandes et 90 renouvellements. Sur ces 90 dossiers de renouvellement, 70 ont reçu leur agrément. Par ailleurs, selon les autorités, la surveillance sera stricte car nombreux sont ceux qui ne respectent pas les lois établies dans cette affaire d'exportation de vanille. C'est en toute transparence, a précisé le ministre du Commerce, que les agréments ont été attribués cette saison et sans aucune transaction monétaire. Parmi les exigences demandées aux exportateurs figure le respect du prix plancher du kilo de vanille verte à 75 000 Ar sur le marché contrôlé, 500 000 Ar pour la vanille préparée, et 250 Dollars (FOB) sur le marché international. Ils doivent effectuer le rapatriement des devises provenant de l'exportation de la vanille et payer les taxes légales. Ces entrepreneurs doivent également s'acquitter de la cotisation au CNV (Conseil National de la Vanille).
Concurrence déloyale
Si un exportateur vend en dessous du prix fixé, cela créera une concurrence déloyale et portera préjudice aux autres exportateurs. Concernant l'AMI (Appel à manifestation d'intention), les acheteurs de vanille malagasy sont prêts à respecter la loi et répondent présents. Une liste de tous les acheteurs confirmés, respectant les "engagements" sera publiée pour renforcer la confiance et améliorer les échanges dans la filière. Sans "engagements", de toute part, des écarts seront constatés et les efforts pour la structuration de la filière resteront vains. Cela ne doit pas être considéré comme une restriction ou un blocage mais plutôt comme une amélioration permettant de rassembler ces acheteurs étrangers dans une même plateforme d'une part mais aussi de connaître en avance la quantité de vanille recherchée. « Je suis sûr qu'avec ces mesures prises, il y aura une stabilité du prix de la vanille, la CNV redoublera d'efforts dans les actions effectuées une fois la cotisation payée. Ainsi le prix de la vanille verte augmentera lors de la prochaine campagne », avance le ministre du Commerce. Pour rappel, depuis quelques années, cette filière, pourtant à fort potentiel économique, est sujette à des instabilités provoquant le déclin de la réputation de la vanille de Madagascar sur le plan international. Cela, en dépit d’une part de marché mondial estimée à 70%. Ainsi, en charge du CNV la détermination des prix de référence de la vanille lors des campagnes afin qu’aucun maillon de la chaîne de valeur, partant des petits producteurs jusqu’aux exportateurs, en passant par les collecteurs, ne soit lésé.