La police nationale a procédé mercredi 30 juillet à l’interpellation de deux individus faisant l’objet d’un avis de recherche dans le cadre de l’enquête sur l’affaire dite des Boeing 777. Ces arrestations, menées par la Brigade criminelle, interviennent après plusieurs jours de recherches actives.
Selon des sources proches de l’enquête, les deux personnes interpellées sont Heriniaina Rijasoa Andriamanarivo, de nationalité malgache, et Khushwinder Singh, ressortissant indien établi de longue date à Madagascar. Tous deux étaient recherchés dans le cadre de l’affaire liée à l’immatriculation suspecte de plusieurs aéronefs, en lien avec leur détection ultérieure sur le territoire iranien, malgré les sanctions internationales en vigueur.
D’après nos informations, le premier a été localisé et arrêté à Antsirabe en fin d’après-midi, tandis que le second a été appréhendé à Faliarivo- Ampitatafika vers 21h, le même jour. Nos sources précisent que les deux suspects s’étaient cachés, avaient quitté leur domicile et éteint leurs téléphones, rendant nécessaire la diffusion d’un avis de recherche à l’échelle nationale et internationale.
Les deux hommes sont soupçonnés d’avoir joué un rôle central dans l’affaire d’exploitation irrégulière d’avions liés à la société UDAAN. Des certificats d’immatriculation et de navigabilité provisoires, délivrés par l’Aviation civile de Madagascar (ACM), à cette dernière, auraient été utilisés de manière frauduleuse dans cette opération. Les autorités évoquent des faits susceptibles de constituer des infractions, notamment faux et usage de faux, atteinte à la sûreté de l’Etat, et d'autres délits liés à l’exploitation d’aéronefs. A l’heure où ces lignes sont écrites, les deux hommes étaient encore en garde à vue dans les locaux de la police.
L’annonce de ces arrestations a été faite par le Président Andry Rajoelina sur les réseaux sociaux, qui a salué « l’efficacité des Forces de l’ordre » et rappelé l’importance de préserver la souveraineté nationale. Le Chef de l’Etat a également réaffirmé son engagement à lutter contre toutes formes de manœuvres portant atteinte à l’honneur du pays.
L’enquête, diligentée par la Brigade criminelle sur la base d’une plainte conjointe de l’ACM et du ministère des Transports, se poursuit pour déterminer l’ampleur des responsabilités de chacun. D’autres personnes, elles aussi soupçonnées d’être impliquées, font l’objet de mesures judiciaires, dont des interdictions de sortie du territoire. Comme ce serait notamment le cas de l’épouse du ressortissant indien, qui sauf changement devrait se présenter devant les policiers ce jour pour répondre à une convocation.
Ces interpellations surviennent dans un contexte politique tendu, au lendemain de la révocation du ministre des Transports, Valéry Ramonjavelo, emporté par la tempête médiatique suscitée par cette affaire. Lors de la passation de pouvoir expéditive avec le Premier ministre Christian Ntsay, désormais ministre par intérim des Transports, ce dernier a affirmé que ni lui ni le Président de la République n’avaient été informés de la délivrance des documents en cause.
Le Gouvernement a annoncé le recours à des coopérations internationales, notamment avec Interpol, le FBI et l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), pour faire toute la lumière sur une affaire aux potentielles ramifications transnationales.