Sec et sans détour. « Les personnes qui m’ont brossé dans le sens du poil, ceux qui m’ont toujours dit que tout allait bien, que tout avançait dans la bonne direction, ce sont eux précisément qui ont conduit le pays à la situation actuelle », a lâché Andry Rajoelina devant les représentants des forces vives, lors d’un échange qu’il voulait franc et sans filtre, avant-hier à Iavoloha. Une déclaration lourde de sens, qui sonne comme un aveu et, surtout, comme un avertissement.
Le Président semble désormais conscient que les problèmes du pays ne viennent pas uniquement des ministres ou des élus, mais aussi de son entourage immédiat. Le Gouvernement a déjà été dissout, le Premier ministre et ses ministres remerciés. Mais autour de lui, au cœur même du Palais d’Iavoloha, gravitent toujours des collaborateurs, dont certains auraient, selon plusieurs observateurs et aujourd’hui le Chef de l’Etat, contribué à entretenir une vision faussée de la réalité.
Depuis quelques temps déjà, des voix s’élèvent pour dénoncer un cercle fermé, où la flatterie aurait pris le pas sur la franchise. Beaucoup de ceux qui approchent le Chef de l’Etat au quotidien lui auraient vendu une image trop lisse, préférant plaire plutôt que de lui présenter la réalité crue. Cela a pour conséquence des annonces et des décisions peut être mal ajustées ou des signaux non parvenus au sommet.
Aujourd’hui, le Président a ouvert les yeux sur ce constat. « Ceux qui me disaient que tout allait bien »… L’expression laisse entendre qu’il y a eu aveuglement, ou peut-être manipulation. Certains à Iavoloha n’auraient-ils donc eu pour seul but que de préserver leur place plutôt que de servir l’intérêt national ? La question mérite d’être posée.
En tout cas, le discours du Président marque peut-être le début d’un nouveau virage. Si le remaniement gouvernemental a été une première étape, un grand ménage au sein de la Présidence pourrait en être la suite logique. Les observateurs sont nombreux à estimer que c’est désormais à Iavoloha que le Président doit faire le tri, au plus près de lui.
Beaucoup attendent ainsi un geste fort, une purge assumée, un signal clair que le changement ne se limite pas aux ministères. De l’avis de beaucoup, c’est maintenant ou jamais.
L.R.