Dans la Grande île, chaque crise politique finit par la même chanson : “il faut refonder la République”. Mais à force de tout vouloir recommencer, on n’avance jamais. Quand un régime tombe, une nouvelle Constitution est écrite, un “nouveau départ” est promis, et de zéro on repart. Puis dix ans plus tard, rebelote. Résultat, rien ne dure et rien ne se construit.
C’est toujours le même scénario. Dans les années 1970, on a malgachisé et nationalisé. Dans les années 1990, on a privatisé. Ensuite, on a connu les transitions de 2002, 2009,… Et à chaque fois, les mêmes formules reviennent, dialogues nationaux, forums, zaikabe, concertations, débouchant sur de beaux discours, mais peu d’effets.
Ce manque de stabilité coûte cher. Quand le cadre change tout le temps, les investisseurs hésitent, les institutions perdent leur crédibilité, et les citoyens finissent par ne plus croire en rien. Comment un pays peut-il se développer si chaque nouveau dirigeant détruit ce que le précédent a commencé ? Même des logos de ministères pour lesquels le rebranding avait nécessité des fonds publics ont été changés en un claquement de doigts, pour ne citer que cet exemple.
Le vrai problème, ce n’est pas la Constitution. C’est l’absence de respect pour cette loi dite fondamentale. Chaque dirigeant veut la sienne, chaque pouvoir veut remodeler les institutions à son goût. Pourtant, une vraie démocratie, c’est celle où les règles restent les mêmes, peu importe qui est au pouvoir.
Pour beaucoup, Madagascar n’a pas besoin d’un nouveau texte. Il a besoin de continuité, de dirigeants capables de consolider ce qui existe au lieu de tout casser à chaque fois. Car à force de tout recommencer, on tourne en rond. Et tant que les politiciens traiteront le pays comme un terrain d’expérimentation, le peuple, lui, restera le cobaye de leurs ambitions.
La Rédaction







