Du coup, les contrecoups économiques de ces coupures d’eau sont incalculables.
Ce sont les porteurs d’eau du quartier qui sont les plus lésés. Ils voient leurs sources de revenu journalières remises en cause. Ils sont accablés par ce chômage subit et forcé, et que certains doivent se borner à tourner le pouce dans ces attentes qui durent des heures et des heures. « Mes employeurs ne veulent rien savoir car je dois remplir mes contrats. Or, avec cette eau qui ne veut pas arriver, je ne peux pas faire autrement », se lamente le surnommé Ralavavolo, porteur d’eau de son état depuis des décennies.
Preuve qu’il ne dit pas de bêtise, le nombre des bidons jaunes alignés devant la source d’eau du quartier, ne cesse d’augmenter au fil des heures sans qu’il n’y ait aucun espoir de voir un quelconque rétablissement de la distribution d’eau au robinet.
Quant aux familles, elles subissent tout un cortège de problèmes liés à cette situation. Les ménagères au petit budget ne peuvent que se résigner. Elles ne peuvent plus faire la vaisselle encore moins la lessive. Les toilettes puent à 5 mètres à la ronde, faute d’eau pour nettoyer. « Depuis deux semaines, bientôt trois, nous ne pouvons plus laver nos linges. J’attends vivement à ce que la JIRAMA apporte rapidement une solution à ce problème, sinon nous deviendrons plus que jamais sales », déplore une mère de 6 enfants.
Seuls ceux qui ont les moyens peuvent se permettre d’avoir de l’eau presque à portée de main pour les différentes tâches domestiques. Une famille aisée du quartier se rend systématique en voiture à Ambohimalaza pour y chercher de l’eau d’une rivière et la transporter par citerne entière. A défaut, certains habitants achètent de l’eau en bouteille à l’épicerie du coin. « Avec ce que nous dépensons tous les jours, je pense que la JIRAMA ne devra pas exiger les factures de ces trois dernières semaines, sinon ce sera la guerre », enrage un jeune chef de famille, cadre de son état au sein d’une entreprise de distribution.
De son côté, la JIRAMA a argué un aspect purement technique du problème. Une source d’information émanant de cette société d’Etat a avancé que le faible étiage de l’eau, aussi bien de la rivière d’Ikopa que dans le lac réservoir de Mandroseza, ne permettrait pas de répondre convenablement aux besoins de certains quartiers bâtis sur les hauteurs, tels Ambatokary. Elle explique que la faible pression du moment n’autorise pas le pompage de cette eau vers le château d’eau. Or, la situation dans des quartiers comme Anjohy ou Ambohijatovo risque bien de démentir ses affirmations car l’eau y est continuellement bien distribuée, sinon le plus normalement du monde. Enfin, des citoyens craignent qu’il y ait d’autres fins à occulter pour tenter de donner une explication à cette raréfaction de l’eau dans plusieurs quartiers de la ville.
Franck R.