Mandat catastrophique, mauvais choix du candidat, stratégie de campagne au ras des pâquerettes. Tous les ingrédients étaient réunis pour une défaite du parti TIM lors de l’élection communale à Antananarivo Renivohitra. Dès lors, crier à la fraude pour justifier cette débâcle annoncée relève d’une politique de l’autruche.
Jusqu’au bout de son mandat à la tête de la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA), Lalao Ravalomanana n’a pas pensé un seul instant à préparer sa propre succession. Trop occupée à chercher les moyens de renflouer l’on ne sait quelle caisse, elle a complètement délaissé le bien-être de la population tananarivienne, celle-là même qui constitue pourtant l’électorat d’un scrutin déjà prévu il y a un peu moins de cinq ans. L’équipe sortante de la CUA semble même avoir pris un malin plaisir à empirer une situation déjà difficilement supportable pour les habitants de la Capitale. La transformation des îlots, trottoirs et autres parkings en souks a grandement contribué à aggraver les difficultés de circulation des citoyens - piétons comme usagers de la chaussée - dans la Ville des Mille. A la question épineuse des ordures ménagères, au lieu de chercher à y donner une réponse pour la salubrité de la cité, les responsables municipaux se sont complu à renvoyer la balle au pouvoir central, laissant ainsi pourrir la situation (au sens propre comme au figuré), au détriment des futurs électeurs.
Chat échaudé craignant l’eau froide
C’est dans ces conditions que le TIM a affronté l’échéance électorale des communale et municipale dans la Capitale. Mais si d’aucuns estimaient que le parti a fait preuve de bon sens en s’abstenant de représenter la maire sortante en raison de son bilan largement négatif qui ne lui laissait aucune chance d’être réélue, le choix du candidat de substitution va laisser plus d’un perplexe. Marc Ravalomanana va en effet aligner sur le starting-block celui qui a été successivement directeur financier et secrétaire général de la CUA, c’est-à-dire l’un des premiers responsables de la descente aux enfers de la première ville du pays. Non seulement la décision était loin de faire l’unanimité au sein même du parti TIM mais, chat échaudé craignant l’eau froide, les électeurs ne pouvaient voir en Ny Rina Randriamasinoro que l’incarnation et la continuité de 4 ans de gabegie et de laxisme.
Face à un adversaire au parcours irréprochable, le TIM va alors tenir des arguments au ras des pâquerettes, une stratégie qui se révèle être suicidaire. « 100% malagasy », tel était, dans les derniers jours de propagande, le slogan favori brandi par les supporters de Ny Rina Randriamasinoro pour le démarquer de son rival de l’IRK, allusion à une supposée bi-nationalité de ce dernier. Il est fort à parier que bon nombre de partisans du TIM qui ne se sont pas retrouvés dans ces propos aux relents ségrégationnistes sont allés grossir les rangs des abstentionnistes.
Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude
Auparavant, l’équipe de la CUA n’a trouvé rien de mieux que de traduire son animosité vis-à-vis du pouvoir central par l’entrave au projet de ce dernier de réhabiliter le stade municipal de Mahamasina. Intervenue dans un contexte où prévalait un engouement sans précédent pour le sport-roi en général et pour les Barea en particulier, cette attitude va avoir un effet boomerang particulièrement dévastateur. Rien que pour voir évoluer leurs idoles sur leur stade fétiche, bien de footeux TIM étaient capables de basculer dans le camp adverse.
Nul ne peut se prévaloir, dit-on, de sa propre turpitude. Ce serait adopter la politique de l’autruche pour les têtes pensantes du TIM de ne pas reconnaître que ce sont ces décisions à l’emporte-pièce maladroites dont Marc Ravalomanana est coutumier qui ont été, en grande partie, à la source de la série de déconfitures que ce parti a connue aux différentes élections qui se sont succédé dans le pays à partir de fin 2018. Au lieu de se lancer dans un combat d’arrière-garde sur de prétendues fraudes lors des communale et municipale, le TIM devrait songer, d’ores et déjà, à la manière d’aborder les prochaines échéances.
Pour les territoriales et les sénatoriales, s’agissant de suffrages indirects, il semblerait bien que les carottes sont déjà cuites, étant donné qu’on connaît déjà les couleurs des grands électeurs. Les prochains rendez-vous électoraux auxquels le TIM devra donc se préparer se profilent à l’horizon 2023. Marc Ravalomanana se résoudra-t-il à laisser la place à la relève ou s’entêtera-t-il à garder les rênes de ce parti ?
Hery Mampionona