Symbole de la Royauté, du pouvoir et actuellement de la souveraineté nationale. Le couronnement du dais royal de la souveraine Ranavalona III est désormais de retour à Anatirova. Ceci 123 ans après son enlèvement par les colons, en 1897. Une cérémonie de sa restitution dans le Palais de Manjakamiadana s’est tenue hier.
Débarquement à l’aéroport d’Ivato, à 8h50 à bord d’un vol d’Air France. Diverses autorités civiles et militaires ont accueilli comme il se doit le couronnement du dais royal de Ranavalona III. Sa réception et sa remise par l’ambassadeur de France à Madagascar au ministre de la Communication et de la Culture (MCC) s’en sont suivies. Le cortège, dont le véhicule transportant cette pièce royale, a ensuite sillonné Tsarasaotra, Ivandry, Ankorondrano, Antanimena, Analakely, Ambohijatovo, Ambatonakanga, Ambohijatovo Ambony, Andohalo avant sa restitution dans le Palais de la reine. Les habitants, notamment les élèves qui voulaient voir de près le patrimoine national et prendre des photos avec, s’y sont déplacés en masse. « Le retour du couronnement du dais sur sa terre d’origine après plus d’un siècle dans ce Palais de la Reine reconstruit et restauré nous inspire un tel espoir… », avance Christophe Bouchard, ambassadeur de France à Madagascar.
Le début de la restitution
« Ce sera l’une de mes priorités. D’ici cinq ans, je veux que les conditions soient réunies pour un retour du patrimoine africain à l’Afrique ». Cette déclaration d’Emmanuel Macron à l’université de Ouagadougou en 2017 a ravivé l’espoir aux concernés. Après le Sénégal et le Bénin, Madagascar fait partie de ces pays dont cette déclaration vient d’être concrétisée, avec la restitution du couronnement du dais royal de Ranavalona III. « C’est une réponse favorable du Président Macron à la demande exprimée en février dernier par le Président de la République de Madagascar, à Antananarivo lors de la visite du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian. La remise a été faite selon le souhait des autorités malgaches à l’occasion symbolique de la fin de la restauration d’Anatirova », déclare l’ambassadeur de France à Madagascar. « La réclamation des patrimoines malagasy exposés à l’étranger fait partie de nos priorités. Ce couronnement du dais royal de Ranavalona III n’est qu’un début puisque nous avons élaboré toute une liste de ces biens historiques », s’est exprimé Lalatiana Andriatongarivo, numéro Un du MCC, hier à Anatirova.
Témoin de l’histoire
Le couronnement du dais Royal est un témoin d'une époque où la guerre franco- malgache battait son plein. Il est le seul objet de cette époque qui est encore visible aujourd'hui. Il symbolisait la tenue des "grands Kabary" lorsque la reine Ranavalona III exhortait les Malagasy à prendre les armes contre les troupes françaises pour s’opposer à l’instauration d’un protectorat en 1895. Selon certains experts, c'est sur cette photo que la Reine a fait un grand Kabary à Andohalo afin d'expliquer aux Malagasy la situation géopolitique de l'époque. Sa dernière utilisation remonte dans les années 1896, durant lesquelles la souveraine annonçait la défaite de Madagascar.
Haute de 70 cm et d’un diamètre de 35 cm, la coiffe de zinc doré garnie de tissu ocre et grenat reposait au Musée des Armées françaises dans la vitrine consacrée à Madagascar depuis le 5 novembre 1910, au-dessus d’un casque de cadet de la garde de la reine Ranavalona III et de plaques d’identité de coolies du corps expéditionnaire malgache de 1897, dans la salle Joffre dédiée à l’armée coloniale pendant la première guerre mondiale, selon les documentations diverses du MCC. « Ce bien a une signification politique dans la mesure où il est une manifestation physique de l’ancienne monarchie (…) Si sa composition (…) ne lui confère pas une valeur marchande importante, sa valeur véritable est celle du témoignage historique qu’il incarne en même temps qu’un symbole royal et donc souverain. Cette dernière notion, la souveraineté réelle, est la pierre angulaire de la politique de notre gouvernement », a indiqué la ministre Lalatiana Andriatongarivo dans un entretien pour Le Point.
P.R.