Publié dans Société

Parc national d’Ankarafantsika - Sonnette d’alarme face au défrichement

Publié le vendredi, 05 avril 2019

Une situation inquiétante. « Depuis le mois d’août 2018 jusqu’à maintenant, environ 2 à 3 autobus en provenance du Sud de Madagascar arrivent par semaine aux alentours d’Ankarafantsika. Un car transporte en moyenne une cinquantaine de personnes. Ces migrants sont invités par des « patrons » pour renforcer l’équipe de main d’œuvre qui défriche le Parc National Ankarafantsika dans le but de pratiquer des cultures de maïs et d’haricots », regrette le directeur de cette aire protégée.

« La pratique du défrichement suivie d’incinération dans des fourrés secs accélère le processus de savanisation, la baisse de fertilité du sol et l’ensablement des bas-fonds de la plaine rizicole de Marovoay. C’est pourquoi, bon nombre de migrants qui ne cessent d’augmenter sont à la recherche continue de terrains fertiles », poursuit le premier responsable. Etant obligés de rembourser leurs frais de transport lors de la prochaine récolte, les nouveaux venus sont forcés d’assurer en même temps le paiement de leur dette et leur survie. Un fait qui aggrave les pressions anthropiques telles que la coupe illicite, la carbonisation, la chasse et le braconnage qui s’abattent sur cette aire protégée.
Coupes de bois en recrudescence
La superficie des terrains défrichés auprès du Parc national d’Ankarafantsika, suivis d’incinération pour la culture de rente, n’ont cessé d’augmenter. Au début de cette année, la surface touchée a atteint les 67,62 hectares, soit plus que le double de l’année dernière. Le prix d’un sac de maïs à 110 000 ariary reste toujours très attractif pour les migrants. D’un autre côté, la recrudescence des coupes de bois à l’intérieur de cette aire protégée s’intensifie depuis cette année. Cela en parallèle avec la multiplication des entrepôts de charbon installés le long de la RN4, entre les Communes rurales de Marosakoa et d’Ambondromamy. Pis, des « patrons » assurent la distribution des emballages aux charbonniers des villages d’Ambarinjanahary, de Madiromaroanaka et de Betaramahamay, afin de faciliter le transport des charbons vers les lieux d’embarquement. Des camionneurs assurent le transport à destination de la ville de Mahajanga. Avec le rythme de dégradation actuel, ce réservoir d’eau finira par disparaitre dans très peu de temps.
Appel à l’aide du MNP
Dépassée par la situation, l’organisme « Madagascar National Parks » (MNP), à travers le Parc national Ankarafantsika, a envoyé une doléance auprès des autorités régionales et a invité les hauts responsables de la Région de Boeny et de la Direction régionale de l’Environnement et du Développement durable (DREDD) à voir de visu les différentes pressions qui sévissent sur cette aire protégée. L’objectif est de solliciter une réunion d’urgence pour l’élaboration d’un plan d’action incluant une intervention multisectorielle pour la sauvegarde de ce site. Des réunions intersectorielles ont effectivement eu lieu le 2 et 3 avril derniers, avec la participation des représentants des différents ministères concernés, dont celui des Transports, celui de la Population ou encore celui de l’Agriculture. Des maires des Communes avoisinantes, des « Tangalamena » ou encore le président de l’association des Antandroy étaient aussi au rendez-vous. Un plan d’action a été élaboré et sera validé par les décideurs régionaux. En attendant, la MNP lance une fois de plus un appel à tous les concernés pour la protection de ce parc national dont la faune et la flore méritent qu’on s’en préoccupe pour leur nature inégalée, leur authenticité et leur générosité.
Recueillis par Patricia Ramavonirina

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Editorial

  • Et l’agriculture !
    Le ministère de l’Agriculture existe-t-il encore ? Ou bien fonctionne-t-il encore ? Autrement, le ministre titulaire du portefeuille est-il encore là ? De deux ou trois choses. Un, il évite le bling-bling, les caméras et travaille discrètement et … efficacement. Deux, ou on l’ignore et il s’efface. Trois, il somnole quelque part. C’est tout juste si on connait son nom ! S’il est un département ministériel ayant une place et un rôle de tout premier plan pour ne pas le dire crucial et stratégique dans cette lutte contre la misère à laquelle le pays tout entier se trouve engagé, c’est bien le ministère de l’Agriculture et de l’élevage. Tous les efforts pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, le combat numéro un de Madagasikara, ont pour fondement initial l’agriculture. Il est loin, très loin le temps où l’agriculture fut le fleuron de l’économie nationale tout comme la compagnie Air-Mad, l’image forte et la…

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