Romuald Rakotondrabe, plus connu sous le sobriquet de Roro, fait aujourd’hui figure d’incontournable dans le paysage footballistique malagasy. Comme tout entraîneur qui se respecte, il a traversé des tempêtes et goûté à des instants de gloire. En 2023, ce stratège des Barea a conduit son équipe jusqu’à la dernière marche du podium lors du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) en Algérie, soit une éclatante troisième place. Une performance majuscule sur la scène continentale, d’autant plus admirable qu’elle fut réalisée avec un effectif exclusivement composé de joueurs locaux, conformément au règlement.
Un exploit mémorable, mais trop vite relégué aux oubliettes par certains amnésiques du ballon rond. La cause ? Une campagne moribonde de l’équipe A lors des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025, conclue par une nouvelle non-qualification, comme lors de l’édition précédente. Aussitôt, les critiques les plus acerbes s’abattirent sur cet ancien joueur du FC BFV, seul club malagasy à avoir atteint jadis le dernier carré de la Ligue des champions de la CAF. Touché, mais jamais abattu, Roro a tenu bon grâce au soutien indéfectible de quelques alliés de poids, à commencer par le Président Andry Rajoelina.
Telma, devenu YAS, partenaire historique et fidèle du football malagasy, ne lui a pas non plus tourné le dos. La société l’a constamment épaulé : voiture de fonction, rémunération mensuelle assurée en tant que sélectionneur national… autant de privilèges rarement concédés dans le milieu. Mais la fédération nationale, prompte à oublier les bienfaits de ce partenariat, n’a pas toujours su mettre en avant ce soutien discret au moment des victoires. Supplanté à la tête de la sélection A par un technicien français, Roro a rebondi avec panache. A la barre des Barea locaux, il a offert à Madagascar une médaille d’or aux Jeux des îles de l’océan Indien 2024, disputés sur la Grande île. Un métal précieux que la sélection n’avait plus soulevé depuis une éternité.
Après ce triomphe, une frange, certes restreinte, des amateurs de football malagasy a commencé à lui redonner crédit. Mais son parcours lors des éliminatoires du CHAN, ainsi que des matchs amicaux sans éclat, réinstallaient le doute. Et le début poussif en Tanzanie – deux matchs sans victoire, un nul et une défaite – réveilla les discours des sceptiques. On comprend dès lors la colère, teintée de fierté, qu’a exprimée Roro après la qualification héroïque des Barea pour les quarts de finale face au Kenya. La suite appartient déjà à l’histoire : porté en triomphe à l’issue de la compétition, Romuald Rakotondrabe a fait taire ses détracteurs.
Il a réussi là où tant d’autres avaient échoué. Désormais, chacun est contraint de reconnaître l’évidence : Roro s’est imposé comme le nouveau sorcier du football malagasy. Son élévation au rang d’Officier de l’ordre national vient couronner un parcours où résilience et détermination se confondent. Une distinction amplement méritée pour celui qui incarne aujourd’hui l’espoir du football local.
Rata