Et… Action. Tovomanana Anthonio est sorti de l’ombre en 2002 lorsqu’il a créé sa société dénommée Maki Prod. Depuis, il s’est fait un nom grâce à ses films, notamment « Galy fantsy », « Baiboly rovitra », « Dokotera an-dranomaso ». La maison de production Maki Prod fait figure de pionnière en termes de renouveau audiovisuel dans la Grande île. Malgré la discrétion dont Tovomanana se pare naturellement, cet homme au sourire modeste compte aujourd’hui parmi les personnalités influentes du cinéma malagasy.
Fils d’un sapeur-pompier et d’une vendeuse, Tovomanana a baigné dans le monde du cinéma depuis son enfance. Il a commencé à visionner des films dans les petites salles. Au fur et à mesure que le temps passait, cet acteur et réalisateur envisageait d’ailleurs de construire sa vie dans le monde du septième art. En 2002, c’est une société de production dénommée « Lalao aty jerena » qui l’a poussé à réaliser un film. Au début, réaliser un long métrage lui paraissait comme un challenge intéressant. Ce n’est que quelque mois après que l’idée de monter sa propre maison de production lui est venue. « C’est par la force des choses et grâce à la volonté que j’ai monté ma maison de production. En réalité, j’avais une réelle envie, non point d’indépendance en soi car la question ne se pose pas ainsi, mais d’une plus grande autonomie. En fait, si je n’avais pas rencontré mon ami Iris, un professionnel de l’audiovisuel, je n’aurai jamais envisagé de créer ma propre maison de production car cela me paraissait administrativement compliqué. Mais son aide m’a permis d’avoir le courage, et m’a permis progressivement de pouvoir produire le cinéma que je voulais. En tout cas, j’avais envie d’explorer le monde du 7ème art », estime Tovomanana.
Il faut souligner que Maki Prod a fêté ses 20 ans de réalisation cette année. Actuellement, la maison continue de tourner des sagas comme « Ankoso-bolamena » afin de répondre à la demande des cinéphiles malagasy. Tovomanana a déjà réalisé plus d’une cinquantaine de films. Sa filmographie ne se limite pas à ces projets puisque le quadragénaire s’est d’abord illustré en tant qu’acteur. A ce titre, il s’est dirigé lui-même dans plusieurs films qu’il a produits.
Nouvelles têtes
Les personnes qui ont de l'expérience et surtout populaires sont souvent les plus sollicitées et embauchées par les maisons de production pour participer au tournage. Mais Tovomanana a une autre méthode et une politique bien à lui. « Il est parfois compliqué d’engager et de parler à des acteurs qui ont déjà joué dans plusieurs fictions. Le souci, c’est que de temps en temps, ces personnes ne montrent pas d’autres atouts quand on les fait jouer dans d’autres films. Il est donc difficile de les orienter vers d’autres rôles. Ce qui pourrait détruire l’originalité du film à produire. Je m’intéresse surtout aux acteurs novices. Le mieux c’est d’embaucher ceux qui n’ont jamais joué dans un film. Ces gens savent écouter et surtout ils sont capables d'exprimer ce qu'on attend d'eux », explique Eric Tovomanana Anthonio. Cependant, le réalisateur ajoute que l'utilisation de célébrités, notamment les chanteurs dans ses films est très important pour le lancement d’un produit. « En ce qui nous concerne, il est très importants d’inclure des vedettes dans nos films. Cette méthode pourrait attirer davantage de spectateurs. En d'autres termes, il est plus facile de vendre notre produit lorsqu'une célébrité joue un rôle dedans », a-t-il ajouté. Parmi ses proches collaborateurs figurent Marion, Tsarafara, Big MJ, Black Nadia,…
Le succès de « Benja kely »
Il faut dire que le long-métrage « Benja kely » était l’un des films qui a fait la renommée de Maki Prod. Il s’agit d’une histoire qui raconte les galères d’un jeune homme à qui la chance n’a que très rarement souri. Ce long métrage a fait découvert des facettes de vie insoupçonnées dans les bas-quartiers. « Benja kely » résume l’histoire émouvante de la vie d’un enfant issu d’une famille qui sombre dans la misère des bas-quartiers de la Capitale. Cet enfant a été abandonné dès son très jeune âge par sa mère et récupéré par une pauvre femme. Le plus étonnant, c’est que ce film a été doté d’un budget record de plusieurs millions d’ariary, du jamais-vu en matière de production locale. Le tournage a duré plus de onze mois. Toute l’équipe a fait une escale dans la prison d’Antanimora, la vraie, ensuite dans un hôpital et cela s’est poursuivi à Antsirabe. Le film comporte donc des images de vrais prisonniers. C’était l’un des films qui a engendré sans aucun doute beaucoup d’émotions, en ayant créé de la chair de poule et fait couler les larmes aux yeux. A noter que « Benja kely » a valu à Tovomanana Anthonio une récompense du meilleur réalisateur et celui du meilleur film en 2017. Acclamé par le public, c’est son troisième plus gros succès en tant que réalisateur, avec deux entrées en guichet fermé en salle. Un long-métrage qui a certainement séduit les fans du cinéma malagasy.
Sitraka Rakotobe