A l’issue de deux heures de rigoureuses délibérations, le jury de la Bourse Yavarhoussen-Institut national d'histoire de l'art (INHA) a dévoilé les noms des deux lauréats de cette édition. Il s’agit de Saraely Hajaina Kenny, distingué pour son projet sur le patrimoine musical malagasy, et Quentin Clémence, récompensé pour son étude sur l’architecture de la Cité universitaire d’Antananarivo, un symbole marquant de l’indépendance de Madagascar.
Ce double palmarès reflète non seulement la richesse des domaines explorés, mais également l'engagement envers une meilleure compréhension multidimensionnelle de Madagascar. Le projet de Hajaina Kenny met en lumière le mouvement musical « Kaiamba », véritable pilier de la culture populaire malagasy à la fin du XXe siècle. Sa recherche approfondit l’analyse des artistes, des textes de chansons, des illustrations d'albums et des codes esthétiques pour mettre en valeur l’impact socioculturel considérable de ce courant sur la construction d’une identité culturelle nationale. Cette plongée musicale ambitionne de refléter la diversité et la profondeur de cette scène artistique à travers différentes Régions du pays.
En parallèle, Quentin Clémence apporte un regard d’architecte et d’expert en patrimoine sur la Cité universitaire d’Antananarivo, conçue par l’architecte français Roland Simounet. Cette structure postcoloniale, abritant 1.500 logements, s’inscrit dans une période historique clé entre l’indépendance de 1960 et les événements majeurs, en particulier la révolution universitaire de 1972. L’étude vise à décrypter l’originalité de cette architecture, influencée par les décisions politiques, dans la transformation sociale et politique du pays, tout en abordant les défis liés à la mémoire collective et à la préservation du patrimoine bâti.
Saraely Hajaina Kenny, né en 2003 et actuellement étudiant en master d’histoire, montre un intérêt marqué pour la musique malagasy, encore peu étudiée dans le cadre académique. Quant à Quentin Clémence, de nationalité suisse, il s’appuie sur une expérience internationale en restauration patrimoniale et création documentaire, renforçant ainsi une approche profondément pluridisciplinaire dans leur projet respectif.
Lancée en 2021, la collaboration entre le Fonds Yavarhoussen et l’INHA témoigne d’une volonté de promouvoir la culture malagasy via des recherches novatrices. En plus d’une allocation mensuelle de 1.000 euros, les bénéficiaires de cette bourse reçoivent un fonds dédié de 5.000 euros pour leurs déplacements sur le terrain. A l’issue d’une année de travaux, chaque boursier devra présenter un article scientifique, avec les meilleures contributions destinées à être publiées dans un digest largement diffusé et attendu en 2026. Cette étape permettra de partager les résultats des recherches au niveau international et d’amplifier le rayonnement du patrimoine malagasy.
Si.R