Publié dans Dossier

Anny Andrianaivonirina, l’héroïne des journalistes à Madagascar

Publié le dimanche, 07 mars 2021

La mauvaise nouvelle est tombée vers la fin du mois de mars 2020 pour Anny Andrianaivonirina, présidente de l’association des femmes journalistes, journaliste sportive depuis plus de 20 ans et ancienne judoka. Elle a été diagnostiquée d’un cancer du sein à la lésion ACR IV. D’un point de vue médical, la classification en ACR 4 veut dire qu'il y a très probablement un cancer, et qu'il s'agit d'une anomalie de toute façon bien suspecte, à prélever. Ceci implique donc d'office une biopsie, sous échographie ou sous contrôle radiographique, par une procédure de mammotome ou encore directement par biopsie-exérèse.  Une maladie qui l’a motivée à devenir la journaliste menant une lutte contre le cancer du sein à Madagascar. Une année après, elle a presque réussi le combat. Elle incarne actuellement la force pour les femmes journalistes et la gente féminine à Madagascar. Particulièrement ce jour, à l’occasion du 8 mars et avec l’appui du ministère de la Santé Publique, l’association des femmes journalistes organise une journée d'action, de sensibilisation et de mobilisation dédiée à cette maladie à la Bibliothèque nationale, Anosy.

 

La Vérité (+) : Comment vous avez vécu la maladie ?

Anny Andrianaivonirina (-) : Au début, je n’ai ressenti aucune douleur. Mais quelques symptômes se sont apparus, notamment une tumeur au sein suffisamment grosse, sentie à la masse au toucher et qui m’a beaucoup gênée au cours de mes activités journalières. Des contrôles médicaux, des tests, une citoponction mammaire - c’est-à-dire un prélèvement de quelques cellules de la lésion repérée dans mon sein gauche - ont été effectués. J’ai commencé mon premier chimio vers mi-avril et j’ai commencé à être confrontée à la chute de mes cheveux à cause des traitements.  Après 8 séances de chimiothérapie, j’ai a subi une ablation du sein en octobre dernier. Et la 9ème a été la plus dure. De la fatigue, des vomissements à puissance mille, à cela se résument entre autres mes journées après chimio. Mais le moral est très présent. L’amour que mes proches me procurent demeure inconditionnel et l’envie d’aider les concitoyens m’est aussi importante. Heureusement, par la suite, les médecins ont évalué positivement mon état de santé. Je n’avais plus besoin de réaliser un chimio ou de radiothérapie.

(+) : Comment s’est déroulé le traitement et à quel coût ?

(-) : Quand le diagnostic sort après les batteries de contrôle, vous commencez la lutte. Bonjour les chimiothérapies. Elle dure de 2 à 5h selon les médicaments et votre corps. Elle revient tous les 21 jours. Et il faudra casquer à chaque fois de l’ordre de 350 000 ariary selon vos prises en charge. Le traitement dure à peu près 2 ans, suivi de plusieurs années de prise en main.

(+) : Quelles sont les contraintes d'une personne cancéreuse ?

(-) : Il faut voir loin, même tes trajets quand tu sors. Quand t'es fatiguée, tu te reposes. Aucun autre choix que le repos. Ma contrainte est de me faire plaisir et de vivre, d'être heureuse avec mes enfants et les gens que j'aime. Je suis pleine de gratitude et de reconnaissance pour tout. Je suis encore vivante et j’en suis fière.

(+) : Comment est devenue la relation familiale, amicale et professionnelle ?

(-) : Tu vis chaque instant intensément. Au début, j'ai gâté mes enfants. Et quand ça allait mieux, je me suis mise à voir loin. J’ai supporté moins les personnes toxiques. Je n’avais pas le temps pour des choses qui ne plaisent pas. Je le dis maintenant alors qu'avant je subissais. Tu veux vivre à fond alors que ta vie n'est plus normale. C'est une autre normalité. Question boulot, pour moi c'est le vide car ma mémoire me fait défaut et je me fatigue très vite.

(+) : Où est ce que vous puisiez vos énergies, courage et attitude positive ?

(-) : L'habitude de se battre tous les jours. Être maman célibataire vous oblige à vous surpasser pour vos enfants. Mes 3 enfants sont ma force, ainsi que ma famille et mes amis. Ils sont à mes côtés. En silence, je crois en la vie et en de tas de belles et bonnes choses. Je voudrais que ma maladie serve à une cause et je me porte volontaire pour en parler afin que celles qui en sont victimes se retrouvent en moi. Donc, je dois aussi être forte pour elles.

(+) : Message pour les personnes cancéreuses et les femmes ?

(-) : Le cancer sévit. Il est bien présent. Il faut vraiment faire attention au rythme de vie et à la nourriture. Ne pas sous-estimer les contrôles médicaux. Je m’adresse particulièrement aux personnes cancéreuses : vous n'êtes pas seules, entourez-vous de gens positifs qui croient en vous. Faites ce en quoi vous croyez, et soyez aussi à l'écoute des autres. Mais avant tout, c'est votre corps, c'est votre vie et surtout votre lutte.

Propos recueillis par K.R. 

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Editorial

  • Un phare
    « Je voudrais être un phare qui voulais illuminer les démunis et leur apporter la lumière », telle est la déclaration, érigée en confession de foi, de Harilala Ramanantsoa, porte étendard n° 7 de l’IRMAR – UPAR aux communales et municipales d’Antananarivo-Renivohitra prévues le 11 décembre prochain. A l’issue d’un culte d’action de grâce et de louange au temple du Palais de Manjakamiadana, Harilala Ramanantsoa répond à la question des confrères pourquoi a-t-elle choisi ce site historique pour organiser un culte qu’elle devait déclarer ainsi. Qu’est-ce qu’un phare ? Le Robert le définit en ces termes « une tour élevée sur une côte ou sur un îlot, munie à son sommet d’un feu qui guide les navires ». Sur un véhicule, c’est un feu à longue portée pour offrir la meilleure visibilité la nuit au conducteur.

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