Publié dans Dossier

Photographie de nu - Des mannequins « gasy » franchissent le Rubicon

Publié le lundi, 22 novembre 2021

La société malagasy reste choquée ou bouleversée de voir des photos de personnes ou de jeunes filles nues. Certaines le font par passion et pas forcément de la prostitution ou de l'immoralité.

Passion, plaisir, beauté, expression de soi,... Nombreuses sont les pulsions derrière l'envoi de nus. Et se poser nu devant l’objectif semble devenu une passion pour quelques jeunes filles. Cependant, dans notre société, l'envoi de nus reste encore des sujets tabous. Il est donc rare à Madagascar de trouver beaucoup de jeunes filles qui acceptent ou qui veulent se poser nues devant un objectif. D’ailleurs, il faut de l’audace et du courage pour une fille de se faire photographier quasiment dévêtue. Le domaine de la photographie est déjà répandu et en plein essor à Madagascar. Par contre, il y a encore très peu de jeunes qui osent s'aventurer dans le monde de la photographie de nu ou le nu artistique, et cela par crainte du jugement de la société, des amis ou même la famille. Notre système social n'accepte toujours pas non plus cette culture. Il reste un sujet tabou de notre société. Cependant, il existe des jeunes filles qui commencent à entrer dans ce domaine, même si jusqu’à maintenant elles préfèrent rester dans l’anonymat. Dans ce reportage, nous avons trouvé trois filles modèles et mannequins qui ont accepté de raconter et de nous faire découvrir cette passion dévorante. Elles ont entre 18 et 25 ans, toutes mannequins et modèles dans les agences privées. Sany Santilo, Tiana et Jecia Alynny, trois personnages qui sont sortis de leur zone de confort en posant à demi-dévêtues ou totalement nues nous livre dans cet article tous les détails de cette incroyable expérience.

Il existe aussi des jeunes photographes qui commencent à s'intéresser dans le monde du nu artistique. Tel que Mickael Andriamparany, un photographe professionnel de formation qui reçoit son gagne-pain dans le domaine de la photographie. « Les jeunes filles avec qui je travaille jusqu'à présent sont pour la plupart des modèles et des mannequins. Et je ne pourrai jamais partager ou distribuer leurs photos sur les réseaux sociaux ni les divulguer à d’autres personnes. C’est à leur tour de décider ce qu'elles veulent en faire. Quant à ma famille et mes entourages, ils ne posent aucun problème car ils savent déjà que c'est mon travail de faire de la photographie », explique Mickael Andriamparany. A son actif, ce photographe a déjà pris de nombreux clichés de nus. « Ces modèles posent parce qu’elles sont motivées par la photo en général et par mon travail en particulier. C'est une séance de travail ou chacun y met du sien », conclut-il.

Conteste : Il est vrai qu'il est encore difficile pour la société malagasy d'accepter librement l’épanouissement du nu artistique à cause des coutumes et des traditions. Il y a encore très peu de photographes et mannequins qui osent se baigner dans ce domaine. De nombreux photographes ne pensent même pas à essayer de prendre des photos de nu de femmes. « Il n’est pas dans notre tradition et coutume de prendre ce genre de photo, et je ne pense même pas à essayer de faire cela. Peut-être que je ne connais pas grand-chose de ce qu’est vraiment l’art, mais il est impossible pour moi de faire du nu artistique car cela ne me convient pas », rétorque Niry Rakoto, un photographe indépendant de métier. Il est donc difficile d'imaginer que ce domaine puisse se développer à Madagascar. Certains photographes et mannequins n’osent même pas tenter de faire des photos de nu de femmes même si l’occasion se présente. De plus, cela entraînerai une tentative de viol pour les photographes amateurs. Récemment, il y a eu un cas de viol à Ampandrana à la suite d'une tentative de prendre des photos de nu d’une jeune fille. « Il y a deux ou trois mois, des personnes qui se prétendaient en tant que photographes ont organisé une séance photo. Ils ont demandé à une jeune fille de se déshabiller. Effectivement, cela a dégénéré et la jeune fille a été violée par ces soi-disant photographes professionnels », témoigne un homme habitant du quartier d’Ampandrana.

Elles en parlent : 

Jecia Alynny

« Pour ma part, se faire prendre en photo nue est vraiment quelque chose de beau, sachant mettre en valeur et sans vulgarité le corps humain. J’ai donc attendu plusieurs années avant de réaliser mon premier nu intégral. Je voulais être certaine de le réussir, d’être suffisamment prête et mature pour me lancer. Aujourd’hui, le nu représente une réelle passion et une vraie acceptation des corps, une ouverture d’esprit. Cependant, la plupart des gens affirment que le nu artistique est une manière indirecte de faire de la prostitution. C’est une affirmation que je nie directement car c’est faux. La prostitution, c’est le fait de livrer son corps aux plaisirs sexuels d'autrui pour de l'argent et d'en faire son métier. Concernant les photos, moi je les garde pour moi personnellement. Par contre, j’accepterai aussi de travailler avec d’autres artistes s’ils me proposent d’exposer mes photos dans des salons ou d’autres manifestations artistiques. Pour conclure, je dirais que la pose nue n’a jamais été pour moi un travail jusqu’à présent. C’est plutôt une passion, un mode de vie, un art de vivre tout simplement ».

Sany Santilo

« Je suis mannequin et on peut dire que poser devant l’objectif est un peu mon terrain de jeu. Lorsque l’on partage des photos nues, bien sûr que l’on peut avoir peur du regard des autres et de leur jugement. Mais c’est une passion et aussi un art, et finalement je n’ai pas peur du regard des autres. J'oublie que le fait d’être nu puisse encore choquer ou étonner les gens. Au début, cela plaisait moyennement à mes parents, je crois. Peut-être une peur du "qu’en-dira-t-on ?…". Mais ils ont fini par accepter, car j'ai développé, au fil des années, une pensée artistique et engagée autour de cette activité. J’ai adoré poser nue. Cela a été une expérience très valorisante et qu’au bout du compte, je souhaite d’une part, accroître ma notoriété dans ce domaine et, d’autre part, faire partager mon expérience avec toute personne bien intentionnée. Pour le moment, je ne le fais pas non plus pour gagner ma vie afin de subvenir à mes besoins ou ceux de ma famille. Je le fais parce que j’ai choisi de le faire, parce que j’aime faire cela, tout simplement ».

Tiana

« Bien entendu, au début c’était quelque chose de difficile de se mettre nue devant un inconnu, mais c’était quelque chose que j’avais déjà travaillé mentalement avant de prendre des photos. Evidemment, pour la confiance en moi-même, c’est un grand challenge d’arriver et de se mettre à nue comme cela. J’ai dû travailler au préalable sur moi-même pour être à l’aise lors du shooting. Une fois ce moment délicat du début passé, j’ai senti en moi une grande force et une certaine liberté. C’était vraiment remarquable d’avoir le regard d’un homme sur soi, sans jugement et simplement pour une vision artistique. J’ai eu beaucoup de "fun" à faire cela et je suis très heureuse également de pouvoir partager cette expérience autour de moi, sans aucune peur du jugement d’autrui ».

Mickael Andriamparany (Photographe)

L’art d’être professionnel  

« Photographier, c’est mon métier et également ma passion. En tant que professionnel durant les séances, je m’interdis de toucher mes modèles, de les regardez avec insistance, et de les mettre dans des positions inconfortables. Procédez crescendo. Je pense qu’avant de demander quelque chose aussi précise à un modèle, il faut se mettre à sa place. C’est ainsi que la mutuelle compréhension sera meilleure. Mon objectif est de faire la photographie de nu en vrai professionnel du métier. Il s’agit de prendre des jolies photos. Au moment de la prise de vue, je n'ai aucune arrière-pensée, ni aucune perversion en tête. Seul comptera le résultat : une photo sensuelle à travers laquelle je pourrais transmettre du charme féminin. En tant que professionnel, l’important c’est que mes clientes soient heureuses de recevoir leurs photos et qu'elles se disent chacune : "je suis belle quand même". Les gens et la société de chez nous se demandent toujours comment ou pourquoi il fait cela ? La réponse est simple : c’est mon travail et ma passion. Il va de soi que je n’oblige personne à poser nue. C’est par volonté qu’elles le font et cela leur procure de la joie de poser nues ».

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Editorial

  • « RIZ Plus »
    Loin des tam – tam, des bling – bling, des folklores propagandistes et surtout des séances de photogéniques en vogue, malheureusement ces temps-ci, des évènements d’intérêts cruciaux pour l’avenir immédiat, à moyen terme et à long terme du peuple malagasy, se passent à travers le pays. Le projet RIZ Plus ou projet de productivité et de résilience des moyens de subsistance ruraux fait son bonhomme de chemin. Il contribue à l’objectif essentiel à savoir « Eliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable » dans le cadre de l’Objectif de développement durable (ODD) diligenté par l’ONU et s’inscrivant directement dans la Politique générale de l’Etat (PGE) autrement dit « l’autosuffisance alimentaire ».

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