La Vérité (+): Qu'est-ce qui s'est vraiment passé dans la soirée du dimanche 13 mars dernier ?
Ny Anjara Rafalimanana (-) : Aux alentours de 19 h30, deux accidents sont survenus à Mahamasina et dont le responsable est un seul conducteur. Le premier s'est produit près de la pharmacie de Mahamasina où il a percuté la moto de l'un des amis de Kev qui était en train de dépanner un autre deux-roues. Certes, il est sorti de sa voiture, non par pour s'excuser mais juste pour leur lancer des insultes. En partant, il a encore failli percuter d'autres motos. Ainsi, les amis motards de Kev présents sur place l'ont poursuivi afin de lui demander de prendre ses responsabilités, mais en vain. Lorsqu'il a ralenti du côté de l'église FJKM de Mahamasina, les motards ont pensé qu'il allait s'arrêter, mais ce n'était pas le cas... Kevin a par la suite réussi à se mettre sur son côté gauche sans lui couper la route, mais juste pour lui dire de s'arrêter sur le bas-côté et de s'expliquer suite à son délit de fuite. Malheureusement, le chauffeur a percuté l'arrière de sa moto. Kev est tombé. A cet instant, le chauffard aurait pu enfin s'arrêter et voir dans quel état il était. Mais au contraire, il a poursuivi sa route et a écrasé la tête de Kevin par les roues avant et arrière de sa voiture. Il a été arrêté par les amis de Kev près du portail de la Gendarmerie après que sa route a été complètement bloquée, car apparemment il voulait encore s'enfuir.
(+) : Comment s'est présentée l'affaire devant la Justice ?
(-) : Des poursuites ont été engagées. Déjà la circonstance de sa mort a été douloureuse mais le déferrement devant le Parquet a été encore plus. Le conducteur a contesté toutes les accusations portées contre lui et a même rejeté la faute exclusive sur la victime. Il a nié en bloc le premier délit de fuite sur la première moto, et n'a présenté aucun remord par rapport au meurtre de Kevin. Toutefois, il a été placé en MD à Antanimora. Nous sommes donc actuellement en attente de l'audience prévue se dérouler ce 3 mai dans la salle n° 2. Et nous attendons que justice soit rendue pour honorer sa mémoire et pour que ses enfants puissent être fiers du héros que leur père était. C'est parce qu'il a juste voulu arranger les choses, et ce, en voulant défendre son ami qui a été la première victime. Il s'avère que des dossiers comme celui-ci ont été classés sans suite à plusieurs reprises, mais nous n'allons pas baisser les bras.
« Kev était bien plus proche de nos enfants que je le suis... »
Une personne hors du commun. D'après ses proches, Kevin faisait sourire tout le monde, et les gens étaient toujours heureux en sa compagnie, que ce soient sa famille, ses collègues et surtout ses amis. Il dégageait un flow, ce qui rendrait tellement drôle tout ce qu'il faisait ou disait. C'était aussi un homme aimant, malgré le fait qu'il avait beaucoup du mal à exprimer ses émotions. Mais surtout, Kev était le mari qui aimait prendre soin de ses enfants. Deux enfants encore si jeunes et déjà orphelins de père. Le fils est toujours aussi insouciant, contrairement à la fille qui est déjà assez mature pour comprendre la mort, mais tellement petite pour se rendre compte à quel point ça fait mal de perdre un être cher. « Je me rappelle de chaque moment où je faisais un burn-out. Ce n'était même pas la peine de lui demander, il se chargeait de tout. Il donnait à manger aux enfants avant qu'ils allaient se coucher. Et le matin, il se réveillait très tôt pour préparer les enfants ainsi que leur petit-déjeuner avant de les envoyer à l'école. Je pouvais toujours compter sur lui. Kev était bien plus proche des enfants que je le suis. Ces derniers attendaient toujours son retour du travail avec impatience et criaient "Daddy ! Daddy ! Daddy !" quand ils voyaient leur père franchir la porte de la maison. Je me rappelle aussi des moments où les enfants jouaient et s'amusaient avec leur père sur le lit pendant que moi, j'étais en train de rattraper du travail sur mon lap top. Ils étaient tellement heureux tous les trois. Et le fait de les voir crier, rigoler et s'amuser ensemble était juste un bonheur pour moi », a raconté sa femme.
Un futur incertain...
Hier, au cours de l'interview, une semaine jour pour jour après l'accident, Ny Anjara n'arrivait toujours pas à croire que son mari est parti et qu'il ne reviendra plus jamais. Son monde s'est écroulé. Déjà que leur vie n'a pas été facile de son vivant, et encore maintenant personne ne peut imaginer à quel point cela va être encore plus dur. « Kevin et moi, nous avions tellement de projets pour notre futur et surtout pour l'avenir de nos enfants. Nous avions prévu d'arranger notre situation financière car il était tellement confiant par rapport à son embauche chez Madauto S.A. Il me disait qu'au prochain mois, ce serait à lui de prendre en charge l'écolage de nos enfants. Nous avions décidé de les envoyer dans une école avec un système éducatif anglophone. Ce projet nous tenait tellement à cœur. C'était difficile, mais Kevin avait essayé de faire tout son possible pour que l'on s'en sorte ces dernières semaines », a raconté Ny Anjara. Et d'ajouter qu'il a toujours été un soutien inconditionnel pour l'aider dans ses projets, et ce malgré tous les problèmes qu'ils ont rencontrés.
A en croire les paroles de sa femme, Kevin a laissé un énorme vide, et pas seulement dans leur vie à tous les trois, mais également dans celle de beaucoup de gens. Le journal « La Vérité » présente ses condoléances à toute la famille ainsi qu'à ses proches.
Propos recueillis par Kanto Rajaonarivony