Publié dans Dossier

Chirurgie à cœur ouvert - Succès de la première mission, une vingtaine d’opérations par an prévue

Publié le dimanche, 02 juin 2024



Une grande première à Madagascar. Une équipe franco-malagasy a participé à l’opération chirurgicale à cœur ouvert, dans la semaine du 20 mai dernier. Quatre patients âgés entre 8 et 13 ans ont été opérés au bloc opératoire spécialisé du CENHOSOA, grâce à l’intervention de l’ONG “La Chaîne de l’Espoir”, en collaboration avec CHU de La Réunion, Nantes et Bordeaux. Une équipe de 25 personnels du CENHOSOA et 14 missionnaires françaises se sont mobilisés pour garantir le succès de cette première mission dans la Grande île. Désormais, le pays va accueillir 3 à 4 missions par an, avec une vingtaine d’opérations prévue. Une chance pour tous les Malagasy d’autant plus que le l’opération coûte plusieurs milliers d’euros à l’étranger, contre une participation symbolique des parents à Madagascar. Ce dossier rapporte les témoignages des parents des enfants opérés, les impressions des médecins qui y ont contribué, les étapes suivies ou encore les perspectives...

Marielle s’en sort avec une bonne mine !
Le sourire aux lèvres. Marielle est sortie de sa chambre au 2 étage du CENHOSOA, accompagnée de ses parents, jeudi dernier vers 15 heures. Elle a marché toute seule et a pu marcher à pied jusqu’au parking pour attendre son père qui a cherché le taxi à l’extérieur de l’hôpital. “Je vais bien maintenant. C’est vrai que j’étais tétanisée avant mon entrée en bloc opératoire mais j’ai ensuite fait le vide dans ma tête. Après l’opération, je peux reprendre mes études, passer mon examen du BEPC et continuer à vivre ma vie”, nous confie la jeune fille de 13 ans. Elle a été la première opérée à cœur ouvert, le 21 mai dernier. Pour cette patiente originaire de Fianarantsoa, tout a commencé en 2022. “Elle s’est évanouie en classe et on l’a ramenée à la maison, où elle a de nouveau perdu connaissance. Nous nous rendions à l’hôpital d’Andrainjato, où les médecins ont diagnostiqué une malformation cardiaque. Ils nous ont aussitôt référé à La Chaîne de l’Espoir pour les contrôles”, se souvient Séraphine R., la mère de Marielle. “Son cas s’est aggravé en janvier de cette année, avec des essoufflements et plusieurs crises à l’hôpital. Elle a même dû arrêter les cours pour suivre un traitement à Antananarivo. La voilà opérée et en bonne santé, nous n’en pouvons qu’être reconnaissante pour tout”, ajoute sa mère. A sa sortie du CENHOSOA, Marielle vit avec sa famille au centre social ANYMA, notamment pour les suivis postopératoires pendant un mois. Elle vivra chez sa tante à Sabotsy- Namehana jusqu’à la prochaine rentrée scolaire, tandis que ses parents retourneront à Fianarantsoa pour retrouver ses frères et sœurs.

« Elydel est sauvé ! », s’exclame sa mère
Originaire de Mandritsara, Randriarisolo Jean Elydel a été atteint d’une malformation en CIV. D'après Elia, sa mère, la maladie n’a été détectée qu’en novembre 2022. “ Son nez saignait beaucoup et régulièrement. J'étais très inquiet et nous avons consulté un médecin. Il nous a orienté vers la Chaîne de l’Espoir”.
Issue d’une famille très modeste, elle a été bouleversée par le cas de son fils puisque le coût d’une opération similaire est très coûteux, alors que c’est la seule issue qui pourrait le libérer de cet handicap. “ Quand j’ai reçu l'appel de notre évacuation à Antananarivo, j’ai sauté de joie. Elydel va être sauvé. Durant l'opération, j'étais confiante. J’ai entièrement confiance aux équipes médicales qui l’ont opéré ”. Une fois sorti de l’hôpital CENHOSOA, il sera encore pris en charge au centre social ANYMA pendant 1 mois.


Finoana, le benjamin des patients opérés
Nous l’avons retrouvé en pleine forme sur son lit d’hôpital, prêt à rentrer chez lui. Il a parlé avec son chirurgien, qui l’a aidé à enlever les sparadraps sur sa poitrine. Il, c’est Finoana, le benjamin des 4 enfants opérés de la chirurgie à cœur ouvert au bloc opératoire spécialisé du CENHOSOA. “Tout s’est bien passé, plus que ce que l’on a pensé. Nous avons tout confié à Dieu et aux compétences des médecins et cela nous a réconforté. Finoana est sorti de la réanimation après quelques jours et s’est vite rétabli durant son hospitalisation. La preuve, nous allons sortir tout à l’heure”, avance Roland Rakotoarivony, le père du petit patient. “Nous avons su qu’il a des problèmes cardiques dès 6 semaines après sa naissance. Il a été grippé et admis à l’hopital de Tsaralalàna à l’époque. Les diagnostics ont révélé des sifflements de son cœur. L’on nous a référé au “Médecins du monde” à l’époque”, ajoute le père. Depuis, l’état de santé de Finoana est suivi de près par ses parents et les médecins, quoique sa maladie n’ait pas trop impacté sur sa vie quotidienne. “Il a souvent de la toux et de la grippe, mais rien de très grave qui le paralyse”, ajoute son paternel. Finoana est rentré chez lui avec ses parents, mais les séances de suivis postopératoires vont s’y faire régulièrement.

« J’étais dans tous mes états », dixit la mère de Bryan

C'était le jour le plus long, selon la mère de Rakotoarisoa Tsito Ny Avo Bryan. “L’inquiétude, l'anxiété, tous ces sentiments sont présents à ce moment-là. Il est entré au bloc opératoire vers 8h50 minutes, pour ne sortir que vers 16 heures. Plus l’heure passe, plus la peur augmente. Entre temps, nous n'avons pas pu rester tranquille, mais faire des va- et- vient pour attendre la nouvelle de notre fils”, soupire la mère. Et de poursuivre, “nous avons été informés que son cas est plus délicat, et il fallait l’endormir pendant une nuit entière. Il ne s’est réveillé que le lendemain vers 11heures. Et c’est là que nous avons pu repris nos souffles”. La malformation a été détectée à l'âge de 6 mois. Et c’est depuis que Bryan a été pris en charge par la Chaîne de l’Espoir, selon toujours sa mère.

Trois à quatre missions par an au programme

Cette première mission médicale a été possible grâce à un partenariat entre CENHOSOA, le CHU Felix Guyon de La Réunion, les autorités malagasy et l’ONG « La Chaîne de l’Espoir ». Celle-ci a entrepris depuis 2018 un programme d’appui au développement de la chirurgie cardiaque pédiatrique à Madagascar. D’après Charlotte Gonter, chef de mission à Madagascar, les objectifs poursuivis sont de réduire la mortalité infantile des enfants atteints de cardiopathies acquises ou congénitales, d’accompagner progressivement la montée en compétences des équipes soignantes malagasy, déjà autonomes pour les opérations à cœur fermé, afin qu’à terme elles puissent pratiquer en autonomie les opérations à cœur ouvert et de poursuivre la prévention et le dépistage des pathologies cardiaques pédiatriques. De 2018 à 2024, une unité de soins et bloc de chirurgie cardiaque a été réhabilitée.
Cette mission entre dans le cadre d’un projet intégré de dépistage et de développement de la chirurgie cardio pédiatrique dans l’océan Indien dont Madagascar et Comores.  Soutenu par l’AFD, le projet a une durée de trois ans, 2024- 2027. Outre l’opération et la chirurgie, le projet mise aussi sur la formation et dépistage au niveau des 4 Régions du pays à savoir Haute Matsiatra, Analamanga, Boeny, Atsinanana où les personnels des centres de santé de base sont formés sur le dépistage des cardiopathies ainsi que la formation des cardiologues au niveau des CHU. Il y a aussi la sensibilisation et prévention, la prise en charge des enfants.
Une équipe de 25 personnels du CENHOSOA et 14 bénévoles provenant de La Réunion, Nantes et Bordeaux ont réalisé les opérations ainsi que les suivis postopératoires des enfants. L’équipe de bénévoles français ont aussi formé et accompagné l’équipe hospitalière dudit établissement hospitalier pour qu’elle puisse réaliser en autonome, une chirurgie à cœur ouvert simple. Jusqu' à son terme, le projet a opéré soixante enfants opérés à cœur fermé. Pour le cœur ouvert, 3 à 4 missions de chirurgie par an seront organisées, avec 4 à 5 enfants à opérer par vague. La deuxième de cette année est prévue pour septembre, puis en octobre ou novembre.
La Chaîne de l’Espoir est une ONG internationale fondée en 1994 présente dans plus de 20 pays.  Elle a pour vocation de renforcer les systèmes de santé pour donner à chacun et en particulier aux enfants les mêmes chances de survie et de développement.


“L’opération est une des étapes de la chirurgie cardiaque”

“La chirurgie cardiaque ne veut pas dire bloc opératoire. L’opération figure parmi les étapes. Ce ne sont pas tous les enfants qui ont une malformation cardiaque qui doivent être opérés. Il y a ceux dont l’état de santé sont juste suivi de près par les spécialistes”. Dr Hariniaina Ravaoavy alias Dr Dani, cardiopédiatre au sein du CENHOSOA, le précise. Effectivement, tout commence par le fait que les médecins référent les patients au centre, suite aux signes révélateurs de la cardiopathie infantile, à l’exemple de l’essoufflement, des sifflements, les enfants bleus s’il y a nausée, etc. Les enfants référés sont ensuite diagnostiqués dans la salle y afférente, avant que les spécialistes posent les indications opératoires. Une fois les diagnostics effectués, les patients sont adressés aux chirurgiens pour l’opération. L’intervention en bloc opératoire dure entre 4 à 5 heures, y compris les conditionnements depuis l’entrée en bloc, l’installation et l’endormissement du patient, avant que les chirurgiens commencent l’opération. Ils prennent aussi 30mn à 1h pour arriver au niveau du cœur, installer les tubes, etc., selon les informations recueillies.
Après l’opération en bloc, la réanimation du patient ayant subi une chirurgie cardiaque constitue l’étape la plus ardue. Celle-ci dure des jours avant que le patient entre dans le niveau hospitalisation. “L’on ne peut dire qu’une chirurgie cardiaque est une réussite que si les patients sortent en bonne santé de l’hôpital”, souligne le Dr Dani. Après quelques jours dans sa chambre d’hôpital, le patient peut sortir mais les suivis postopératoires durent plus longtemps. En fait, la durée et la fréquence des suivis dépend des pathologies des patients. Il y en a que les médecins suivent à vie, chaque semaine, chaque mois, tous les 6 mois, chaque année ou encore tous les 2 à 3 ans...

Dossier réalisé par Patricia R. et Anatra R.
Photos: Solomamy M./ La Chaîne de l'Espoir

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Editorial

  • Quid d’une volonté politique
    En panne d’une réelle volonté politique, la lutte contre la corruption fait du surplace à Madagasikara.Un décalage flagrant s’interpose entre ce qui a été dit et ce qui est fait ! Le pays stagne. Les Indices de perception de la corruption (IPC) éprouvent les peines du monde d’évoluer vers le sens du positif. Plutôt, ils reculent. Quid d’une volonté politique pour cerner ce « mal », la corruption, qui sape le fondement de l’essor de l’économie nationale.Créé le 17 décembre 2004, le Bureau indépendant anti-corruption (BIANCO) fête ses 20 ans d’existence. Immédiatement, la question qui surgit : « quel bilan ? » BIANCO, de par son nom, ambitionne de combattre la corruption à Madagasikara. Après 20 ans, où en sommes-nous ?D’un avis généralement partagé, on hésite. Ecartelée entre une appréciation tranchée de réussite et d’un constat amer d’échec, l’opinion publique vague à l’âme. Le bilan mitigé semble dominer la partie.…

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