Publié dans Economie

Marketing de réseau - Les Malagasy partagés entre la crainte du risque et le goût du profit

Publié le jeudi, 15 juillet 2021

Solution de facilité. Financer ses études, acheter sa maison, préparer sa retraite, ou encore s’enrichir sont avant tout des choix financiers. Bien gérer ses finances demeure indispensable pour parvenir à ces objectifs. Sur ce point, l'investissement est beaucoup plus rentable au lieu et place du système d’épargne qui semble être une pratique désuète pour un bon nombre de Malagasy.

« Vous avez 30 ans et vous souhaitez épargner une même somme chaque mois jusqu’à l’âge de la retraite. Arrivé à l’âge de 60 ans, vous vous rendez compte que la totalité de la somme que vous avez mise de côté a largement perdu de sa valeur de départ à cause des inflations. Pour se rassurer, il est préférable de se tourner vers un système d’investissement à court terme qui vous permettra de faire fructifier rapidement vos avoirs. De cette façon, vous n’aurez pas à faire face à une déception financière 30 ans après », argue Harison Andriamihanta qui exerce dans la fonction publique.

Comme lui, beaucoup de ses compatriotes se tournent vers des systèmes d’investissement aux allures des plus attractives à l’image de « Antares » qui commence à faire des vagues sur la toile actuellement. D’après le site officiel local de ce dernier, il s’agit d’une plateforme qui promeut les entreprises d'investissement et de réseautage, les produits numériques et les start-up sur le marché en utilisant un modèle de systèmes de référence. Le concept s’adresse à plusieurs catégories de cible dont les simples investisseurs qui veulent augmenter leurs revenus et leur pouvoir d’achat avec un retour garanti de 25 % à 30 % par mois sur des packs d’investissement, ou encore les entreprises désirant prospérer sur ce « business-model » pour accroître leur notoriété et leur C.A grâce aux millions de membres, et enfin les Networkers ou personnes insatisfaites désirant des revenus à la hauteur de leurs ambitions, en gardant toujours la même structure de réseaux pour avoir des revenus passifs à vie.

Le fonctionnement d’Antares présente une multitude de similarités avec le système MLM ou marketing de réseau, ayant recours au concept de vente pyramidale qui n’est autre qu’une pratique commerciale reposant principalement sur le recrutement en chaîne de vendeurs. Il existe généralement plusieurs systèmes de vente pyramidale. Alors que certains offrent habituellement des produits ou des services, d’autres promettent des rendements rapides et alléchants sur des produits financiers fictifs. Attirés par la perspective de profit, et encouragés par les premiers investisseurs satisfaits de la rentabilité de leur placement, les clients affluent en masse et intègrent le système. Les revenus générés par un système pyramidal proviennent principalement des montants versés par les personnes recrutées et non pas de la vente de produits. L’argent versé par un nouvel adhérent à l’initiateur du système peut être décrit comme étant des frais d’adhésion, des frais d’inscription ou un placement financier. Dans ce système, les investisseurs sont rémunérés par les fonds provenant des participations des nouveaux entrants. La pyramide perdure tant que l’argent rentrant est assez suffisant pour rémunérer les initiateurs du système et les investisseurs. Cependant, le système impose une croissance exponentielle et continue.

Légalité

Dans certains pays, notamment dans la législation française, la vente pyramidale est illégale car la vente pratiquée par le procédé dit de la boule de neige ou tous autres procédés analogues consiste en particulier à offrir des marchandises au public en lui faisant espérer l’obtention de ces marchandises à titre gratuit ou contre remise d’une somme inférieure à leur valeur réelle et en subordonnant les ventes au placement de bons ou de tickets à des tiers ou à la collecte d’adhésions ou inscriptions. Cette pratique est également interdite à Madagascar en vertu de l'article 40 (f) de la loi n° 2015-014 sur les garanties et la protection des consommateurs. Ainsi, constitue une infraction le fait de « proposer à une personne de collecter des adhésions ou de s'inscrire sur une liste en lui faisant espérer de gains financiers résultant d'une progression géométrique du nombre de personnes recrutées ou inscrites ». Il s'agit ainsi d'une pratique commerciale illicite à Madagascar dont l'auteur peut être frappé d'une peine d'emprisonnement d’un à cinq mois et d'une amende n'excédant pas cinq fois le montant incriminé sans être inférieur à 2 000 000 d’ariary, selon l'article 88 de la loi n° 2015-014.

Ravoson Rabearikoto, développeur web

« Qui a créé ce système ? Effectuez quelques recherches sur Google, Wikipédia, LinkedIn ou Twitter. Vous n’allez trouver personne avec une signature numérique avérée. Il n’y a que les sites Antares qui parleront de cette ou ces personnes. Prenez le temps de parcourir les commentaires et les contenus Internet concernant ce sujet. Vous remarquerez que la plupart des témoignages sont constitués de personnes dans les pays en voies de développement qui sont persuadés de l’efficacité de ce système.

Miangaly Davida, entrepreneur dans le domaine de la communication digitale

« Je n'ai jamais été une grande fan de tout ce qui semble être aujourd'hui du marketing de réseau,  pyramide de Ponzi, etc. Ces systèmes d'investissement passif ont existé depuis la nuit des temps. Et pourtant, personne n'a vraiment pu assurer une richesse durable à travers cela. Tout simplement parce que le système lui-même n'est pas durable. Tous les trois, quatre ans, les mêmes systèmes reviennent sous de nouveaux noms. Quand on enquête sur les sociétés qui les représentent, on ne trouve jamais grand-chose, ou bien on en trouve mais jamais rien qui nous assurera du retour sur investissement. C'est vrai qu'il y en a ceux qui réussissent, mais il faut avoir beaucoup de volonté, de réseautage, de communication, et tout le monde n'a pas les capacités ni le temps pour ça. D'autre part, si le système disparait, l'investissement disparaîtra aussi. Il n'y a ni contrat, ni assurance, rien. Pour ma part, j'aime les choses bien réglementées, qui détaillent bien où il faut aller et à quel moment. Donc, je préfère m'abstenir ».

Harinavonjy Herison, fonctionnaire

« J’ai fait la découverte de la plateforme Antares grâce à la publication d’une connaissance sur une sorte de placement rémunéré sur les réseaux sociaux. Après quelques échanges sur le sujet, elle m’a donc orientée vers l’un des bureaux locaux de la plateforme. J’ai alors décidé d’investir 250 AND (Dollar Antares), ce qui équivaut à 1 162 000 ariary à l’époque, en octobre 2020. La raison de cet investissement est simple : je veux gagner plus d’argent ! Ce n’est pas la première fois que je m’engage dans ce type d’activité. Je suis une personne qui aime investir. Depuis mon adolescence, j’ai toujours fait des petits "business". J’ai encaissé des pertes, j’ai fait face à des arnaques mais j’ai surtout gagné de l’argent. Après avoir évalué les arguments "pour" et "contre", j’ai donc pris le risque. Et avec Antares, le risque paie bien. Selon les programmes choisis, les investisseurs gagnent mensuellement entre 15 à 75 % de ce qu’ils ont investis. J’ai vu mes revenus augmenter exponentiellement. En plus, outre les profits gagnés par mes investissements, je gagne également des pourcentages sur les investissements de mes filleuls. Cela m’a aussi permis de développer mon réseau. Sauf que je ne fais pas trop la promotion de la plateforme. Je ne veux pas être responsable des pertes subies par des gens au cas où il y aurait un souci. Par contre, si des personnes me demandent des informations sur le sujet, je leur explique au mieux aussi bien les avantages que les risques. Et s'ils aiment le goût du risque comme moi, ils foncent ».

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Editorial

  • Souci national
    L’équipe nationale de football, les Barea, touche le fond. Soit ! Un fait, une réalité que personne ne contredit point. Pas besoin d’une longue démonstration par A + B pour le constater. Il suffit de voir, d’écouter et de lire pour s’en rendre compte. Situation catastrophique qui défraie la chronique. En fait, notre Onze national devient un problème national, une honte nationale. Bref, un souci national que même les moins fervents au ballon rond en parlent.Le dernier match des Barea contre nos voisins les Cœlacanthes au cours duquel l’équipe nationale concéda la plus lourde des défaites avec un à zéro balaie définitivement nos espoirs. Un échec qui confirme le classement de la CAF comme quoi Madagasikara se trouve derrière les Comores. La « Grande terre », le dernier de la classe, est l’ombre d’elle-même !Le sport, la grande fenêtre qui ouvre un pays vers le monde extérieur, un tremplin qui…

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