60.000 tonnes à l’année, c’est l’objectif que se fixe l’usine d’Ambilobe. Une ambition annoncée à l’occasion de l’ouverture de la campagne nationale annuelle de production en début de semaine. « En plus de la production de la sucrerie de Namakia, SUCOMA Ambilobe table sur cet objectif afin d’anticiper les éventuelles possibilités de baisse d’approvisionnement mondiale après le plafonnement de la production décidé par l’Inde qui est l’un des plus grands producteurs mondial. De plus, le prix sur le marché ne subira aucune variation malgré cette annonce indienne », rassurent les responsables régionaux du ministère de l’Industrie. En effet, l’Inde, premier producteur mondial de sucre et deuxième exportateur après le Brésil, a imposé des restrictions sur ses exportations de sucre depuis le début de ce mois. Le gros producteur prévoit de limiter à 10 millions de tonnes les produits envoyés à l’étranger. Et ce, en vue de maintenir la disponibilité intérieure et la stabilité des prix pendant la saison sucrière. Cependant, pour Madagascar, l’impact ne sera d’une réelle envergure dans la mesure où la majorité du sucre vendu dans la Grande île provient principalement du Brésil. Présentement, la consommation de sucre à Madagascar est estimée entre 200.000 à 250.000 tonnes par an. Alors que la production locale tourne autour de 50.000 à 80.000 tonnes par an. En comparaison, il y a près d’une décennie, la production de sucre à Madagascar atteignait un record de 100 000 tonnes. Toutefois, le pays demeure toujours déficitaire avec une demande largement au-dessus de l’offre locale. Raison pour laquelle, une stratégie nationale pour le développement de cette filière est présentement en gestation.
Réorientation
La nouvelle Stratégie nationale d’adaptation du secteur sucrier (SNASS) vient d’être adoptée récemment en Conseil du Gouvernement. La finalité de cette stratégie est de « développer une filière "sucre" à la fois durable, résiliente face au changement climatique et créatrice d’emplois, ce qui permettra à Madagascar, à l’horizon 2031, de satisfaire son marché national et d’exporter du sucre de qualité, tout en respectant l’environnement ». Pour ce faire, cette stratégie est centrée sur quelques axes prioritaires dans un délai d’exécution étalé sur une décennie. En ce qui concerne les quatre objectifs stratégiques, celui premier consiste à renforcer les acteurs de la filière pour qu’ils mettent en place un environnement favorable au développement du secteur « sucre ». Quant au deuxième, il s’agit d’assurer l’autosuffisance en sucre. La nouvelle SNASS prévoit également de développer l’exportation dans son troisième objectif stratégique. Les objectifs opérationnels de ce volet tournent autour de deux axes principaux, à savoir la réorientation de la filière vers l’exportation de sucre labellisé et la nouvelle politique de communication sur le rhum malagasy afin d’augmenter le volume des exportations. D’ailleurs, l’industrie sucrière est en train de renaître dans la Grande île, pour ne mentionner que l’industrie sucrière à Brickaville. Fermée depuis plusieurs années, cette usine a été réhabilitée, ce qui va permettre de réduire nos importations de sucre. Avec son potentiel agricole, Madagascar pourrait devenir un pays exportateur de sucre, au même titre que l’île de La Réunion, si l’idéologie dominante en matière de commerce reste le libre-échange, et donc la mise en concurrence des travailleurs.
Hary Rakoto