Publié dans Economie

Entreprises malgaches - Le drapeau blanc hissé à la devanture

Publié le samedi, 27 septembre 2025

Antananarivo sous le choc après une nuit de pillages où des milliards d’ariary ont été perdus. Vendredi, la capitale se réveille méconnaissable. Les grandes artères comme les ruelles commerçantes ne montrent plus d’enseignes lumineuses, mais des rideaux de fer lacérés, des vitres éclatées et des façades calcinées.Jeudi soir, des vagues de violence incontrôlées ont déferlé sur plusieurs sites commerciaux. Des groupes ont pris d’assaut entrepôts, magasins et bureaux, emportant stocks et équipements, réduisant à néant des années d’efforts. Les pertes se chiffrent déjà à plusieurs milliards d’ariary. Mais au-delà des chiffres, c’est une partie du tissu économique malgache qui vacille.

« On a tout perdu. » Cette phrase revient en boucle hier matin, répétée par des dizaines d’entrepreneurs rencontrés. Derrière chaque vitrine éventrée se cachaient des emplois, des projets, des rêves patiemment construits, aujourd’hui anéantis.Certains ont hissé un drapeau blanc à la devanture de leurs locaux. Non pas en signe de capitulation, mais comme un appel au respect et au sursaut collectif. Les entreprises, grandes ou petites, se disent brisées mais non vaincues.

Les centres d’appels touchés

Hier, des stories sombres, accompagnées d’émojis en pleurs, ont circulé sur les réseaux sociaux. Elles montraient les conséquences des manifestations des citoyens contre la pénurie d’eau et d’électricité qui frappe Madagascar depuis plusieurs mois. Ces rassemblements ont dégénéré en pillage causant des dégâts matériels dans plusieurs quartiers d’Antananarivo. L’entreprise Océan Call, qui possède des bureaux au Tana Water Front à Ambodivona, à La City Ivandry et au Colisée Apasanimalo, a été particulièrement touchée.

Le Tana Water Front a subi d’importants dommages. Le Colisée Apasanimalo, où se trouvent également d’autres entreprises comme BOOST, a été gravement affecté. Tianasoa Alicia, agente chez BOOST, raconte : « Nous étions tous en appel quand il y a soudain eu des cris et des coups. Tous les agents se sont cachés en attendant une solution pour sortir. Nous avons évacué depuis la salle fumeurs vers Alcatraz, puis descendus au sous-sol. Au début, nous ne pensions pas être attaqués et continuions à travailler normalement. Mais le bruit nous a surpris. Nous savions qu’il y avait une grève, mais nous ne pensions pas qu’elle nous affecterait directement ».

Hier, aucune entreprise n’a fonctionné dans les 5ᵉ et 6ᵉ arrondissements, à l’exception d’ADM Value. Les salariés y ont vécu une journée stressante et inquiétante. « Actuellement, notre boîte reste fermée, en attente de consignes. Heureusement, personne n’a perdu son emploi. Plusieurs ordinateurs ont été sécurisés par les employés eux-mêmes », a ajouté Alicia. Pour BOOST, la reprise des activités pourrait se faire la semaine prochaine, selon l’évolution de la situation.

A noter que ces centres d’appels emploient de nombreux jeunes diplômés et jouent un rôle important dans l’économie malagasy. Beaucoup de jeunes sans emploi se tournent vers ce secteur. La plupart des titulaires d’un BACC peuvent y travailler sans expérience, dès qu’ils maîtrisent le français. Pour BOOST, la boîte compte environ 100 employés.  Selon une experte, les centres d’appels sont rémunérés par poste ou par production. Les clients paient selon les ventes ou les résultats. « Les journées non travaillées ont donc un impact direct sur les entreprises, en plus des dégâts matériels » a-t-elle expliqué.

Nikki Razaf / Carinah Mamilalaina

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Editorial

  • Désagrément séculaire
    Antananarivo, la ville basse, vit tous les ans les difficultés humainement gênantes dues aux caprices des eaux en période de pluie. En 1610, quand le Roi Andrianjaka, le demi-frère d’Andriatompokoindrindra, se décida de déménager le chef-lieu de son royaume d’Ambohimanga, à Analamanga, il ne comptait pas, à jamais d’ailleurs, s’installer sur la vaste plaine de Betsimitatatra mais il choisit le site d’une colline hautement perchée surplombant ladite plaine. Un choix délibéré et assumé ! Notons qu’Analamanga n’était pas un lieu inhabité. A son arrivée, des occupants s’y installaient déjà : les Vazimba. Ces derniers y vivaient paisiblement. Au moment où les guerriers – éclaireurs envoyés par le souverain d’Ambohimanga frappèrent à la porte, les Vazimba, premiers occupants de la Colline bleue n’ont pas déployé de la résistance. Ils obtinrent en revanche l’assurance de pouvoir se déménager à Antehiroka.

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