Cette crise de liquidité, combinée à la montée des tensions sécuritaires, complique la gestion de la vie quotidienne, notamment pour les ménages vivant de petits revenus journaliers ou n’ayant pas de compte bancaire. Face à cette situation, l’Association Professionnelle des Banques (APB), en coordination avec la Banky foibe (BFM), a tenté de rassurer l’opinion. Selon leurs déclarations, les réserves de liquidité existent, les distributeurs sont réapprovisionnés autant que possible et les services essentiels demeurent assurés. Le BFM affirme disposer des ressources nécessaires pour couvrir les besoins en billets. Toutefois, le réapprovisionnement des DAB dépend aussi de conditions de sécurité minimales, parfois difficiles à garantir dans certaines zones sensibles.
Contrainte
Cette limitation touche en premier lieu ceux qui vivent au jour le jour et n’ont aucune marge pour constituer des réserves. Dans les marchés de quartier, les clients ne peuvent plus régler en une fois leurs provisions pour la semaine ou le mois, et doivent revenir fréquemment avec de petites sommes. « Retirer 200 000 ariary ne suffit pas pour acheter du riz et de l’huile. L’argent s’épuise rapidement et il faut revenir un autre jour », explique Ravo, vendeuse à Andohatanjona, en soulignant que les prix augmentent, que le transport coûte plus cher et que les achats fractionnés reviennent souvent plus chers à l’unité. Les commerces de proximité, petits restaurants ou autres grossistes observent une baisse des ventes en gros. Leurs clients disposent de moins de liquidités. « Si l’argent reçu des clients diminue, les ventes diminuent aussi », résume Mohamed, grossiste à Ampitatafika. Dans ce contexte, certains consommateurs réduisent leurs déplacements par crainte de vols, se privant ainsi de produits meilleur marché et aggravant leurs dépenses alimentaires. Sur le plan macroéconomique, cette rareté de liquidités reflète des déséquilibres plus larges comme l’inflation persistante, mais surtout la psychose créée par la situation de tension actuelle. Un haut cadre d’une des banques primaires admet des difficultés, tout en affirmant que les banques travaillent à un retour à la normale et rappele que la confiance des usagers reste essentielle pour stabiliser le système. En attendant, la population est contrainte de s’adapter, souvent en payant plus cher ou en réduisant ses besoins, dans un quotidien marqué par les incertitudes.