L’ITG divise. L’ITG fédère. L’interruption thérapeutique de la grossesse (ITG) crée des vagues et des remous dans les parages et au sein même de l’Assemblée nationale.
Et de trois ! Tenace, la députée Masy Goulamaly, l’élue de Tsihombe, revient à la charge. Engagée à bloc dans la lutte pour l’égalité du genre, la présidente de la Commission genre à l’Assemblée nationale et vice-présidente de la Commission égalité du genre, de la promotion de la femme et du développement de la jeunesse du Forum parlementaire de la SADC, Masy Goulamaly remet sur table à l’Hémicycle de Tsimbazaza pour la troisième fois le projet sur l’ITG. Le point de mire étant « permettre aux femmes d’avoir le choix » dans un cadre précis, l’ITG.
L’interruption thérapeutique de grossesse évolue par rapport à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). L’IVG émane de la volonté propre de la femme concernée. Elle décide de ce qu’elle va faire du fœtus qu’elle porte. Une telle liberté portera atteinte sur l’enfant et aussi sur la mère dans la mesure où la tendance aux abus l’emporte. L’IVG déchaîne par tout dans le monde des débats houleux. Dans les pays où la religion judéo-chrétienne et autre monothéiste s’enracine, l’IVG a du mal à passer. Le veto de l’église est sans appel. Tout récemment encore aux Etats-Unis, les conservateurs qui dominent à la Cour Suprême ont remis en cause l’IVG déjà reconnue auparavant.
A Madagasikara, jusqu’à nouvel ordre, l’IVG est formellement interdite par la loi en vigueur. Le législateur l’interdit quel qu’en soit le motif avancé. Et le médecin qui s’aventure à le pratiquer encourt une lourde peine. Les avortements sont donc condamnés à l’ombre. L’interdiction ne parvient pas à le stopper au contraire, les cas se prolifèrent sur toute l’étendue du territoire. Le nombre ne cesse de se multiplier et des vies continuent d’être en danger. Un échec d’une loi quelque part !
L’ITG, quant à elle, ne se fera que sur avis formel du médecin uniquement. Quand la vie de l’enfant ou de la mère sinon les deux à la fois s’exposent à un danger imminent, le médecin dans le cadre strictement de l’intervention thérapeutique.
En 2017, l’ITG fut en passe d’être adoptée mais le blocage d’une grande partie de l’opinion publique ainsi que le refus catégorique de l’église ont eu le dessus. La députée Masy dut se rendre à l’évidence.
En octobre 2021, lors de la 2ème session ordinaire, Masy Goulamaly tenta pour la deuxième fois d’introduire l’ITG dans l’ordre de jour de l’Assemblée nationale. Comme il fallait s’y attendre, la proposition n’a obtenu qu’une fin de non-recevoir et cela pour les mêmes raisons.
Mai 2022, au cours de la première session ordinaire, l’élue de Tsihombe ne désespère point. Elle s’apprête à déposer, pour la troisième fois, le projet de loi sur l’ITG. La présidente de l’A.N. ne cache pas son appréhension qu’il s’agit d’un cas délicat. La preuve, le débat sur l’ITG a avorté.
Re-départ à zéro pour la présidente de la Commission genre. Au lieu de persister sur cette voie qui, pour le moment, n’a aucune chance d’aboutir, Masy Goulamaly devra mettre en place une autre stratégie allant dans le sens de l’éducation. Une option qui demande du temps mais cela vaut la peine de voir de près et de commencer.