Controversée, la présence que l’église comptera effectuer dans tous les bureaux de vote de la Grande île provoque une vague de tollé et de remise en cause. Les quatre grandes églises du FFKM viennent d’entamer une nouvelle étape qui confirme leur volonté de s’ingérer dans les affaires politiques nationales à partir de la « bombe » d’Antsonjombe. La présidence tournante échouant entre les mains du président du FJKM conforte le phénomène. De ce fait troublant, les prélats continuent leur bonhomme de chemin à fouler aux pieds la plate-bande des autres.
Lors de la passation de flambeau entre le président sortant, l’évêque anglican Samoela Jaona Ranarivelo, et le président entrant pasteur Irako Ammi Andriamahazosoa, président de la FJKM, le nouveau chef du FFKM devait déclarer que l’église se mobilisera activement et effectivement dans le processus de contrôle et suivi des scrutins à venir dont en premier lieu la présidentielle. Une structure dite « Andrimaso » sera présente dans tous les bureaux de vote sur toute l’étendue du territoire national aux fins donc de suivre voire d’observer sur place le déroulement du vote jusqu’à la proclamation des résultats (provisoires) par bureau de vote. Les Andrimaso vont transmettre les résultats par bureau au siège du FFKM. Une initiative qui permettra aux prélats du FFKM d’avoir une idée (vraie ou fausse) de l’allure générale du scrutin qui pourrait (au conditionnel) le publier sur la place publique.
De qui se moque-t-on ! En vertu de quel droit une entité en dehors des structures évoluant en dehors de la CENI et de la HCC, les seules habilitées à s’occuper, en amont et en aval, des processus du vote à Madagasikara, s’arroge-t-elle le droit de siéger dans chaque bureau de vote au moment du déroulement du scrutin ? C’est ni moins ni plus une présence de trop ! Seuls les délégués mandatés par les candidats pourront y siéger en permanence et signer au nom des candidats les procès-verbaux du déroulement et des comptages des voix. A noter que les observateurs agréés par la CENI pourront entrer dans le bureau de vote non pas pour y siéger mais seulement pour constater de visu le déroulement du vote pendant un certain temps et repartir pour circuler dans d’autres bureaux sans pouvoir d’ailleurs publier avant terme ce qu’ils ont pu voir sur terrain.
En toute évidence, l’initiative controversée du FFKM, sous l’impulsion du nouveau président tournant, réjouit le camp d’en face. Toute tentative contribuant à « abattre » le Président en place, le super favori, est à encourager. Au sein de la paroisse FJKM, il existe un terrain favorable sinon acquis à la tendance de l’Opposition. L’ancien Chef de l’Etat Ravalomanana Marc, candidat déclaré à la prochaine présidentielle, peut bien se targuer d’avoir une base solide parmi les fidèles même au sein du clergé réformé. Le « Hetsiky ny mpitondra fivavahana » témoigne largement de son ascendance au sein de l’église protestante. Lui-même étant un ancien vice-président du Bureau Foibe FJKM.
Si chacun s’occupe sérieusement de la tâche qu’on lui a assignée, le pays avance. Par contre, s’il existe des entités qui s’entichent à s’immiscer dans les affaires des autres, le pays tournera en rond et aura du mal à se débarrasser du cercle vicieux de la pauvreté.