On était, on est et on restera d’éternels médecins après la mort ! Et la honte ni le ridicule ne tue pas. La capacité d’anticipation et la compétence à prévenir nous échappent honteusement. On est là ! Et le pays paie les prix au plus fort pour en devenir l’un des plus pauvres du monde. Et le drame, personne n’est responsable. Ce sont toujours les autres qui portent le chapeau. Quel dommage !
Depuis toujours, les ressources naturelles endémiques du pays font l’objet de braquage à ciel ouvert, de trafics illicites imparables et de commerce au noir sans que nos supposés meilleurs responsables du pays, nos supposés grands stratèges, des généraux et autres, de l’Armée, de la Gendarmerie et de la Police nationale ne parviennent pas à stopper ou tout au moins contrôler le crime. Et le sang coule ! Une hémorragie sans arrêt ! Exsangue, Madagasikara n’est que l’ombre de lui-même.
Les bois de rose de la Grande île, uniques en leur genre, très recherchés, sont menacés d’extinction. Frappés d’interdiction à l’exportation, ils sortent clandestinement et se font intercepter ailleurs, en Asie par exemple. Un puissant réseau entretient la transaction.
Même scénario pour l’or. Florissants, les trafics de l’or sans passer par les mailles du contrôle des autorités compétentes se développent. Tout le monde semble l’ignorer. Les douanes d’ailleurs, en Afrique du Sud ou aux Comores, les interceptent.
Le fait récent, le plus choquant et le plus préoccupant sur la saisie record des espèces hyper protégées à Thaïlande, interloque. Quarante-huit individus de makis connus sous le nom scientifique de « lémur catta » ont été saisis par la police thaïlandaise. Ces espèces inscrites dans l’annexe de la CITES font l’objet de protection stricte. Mille soixante-seize individus de tortues, autres espèces protégées également inscrites à l’annexe de la CITES, se trouvent aussi dans les mailles de la police thaïlandaise. Le fait d’être inscrit à l’annexe de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faunes et de flore menacées d’extinction) signifie la délicatesse de la protection de tels individus.
Sidérée et choquée, l’opinion publique n’en croit à ses yeux ni à ses oreilles. En effet, le crime défraie la chronique. La Grande île est la plaque tournante des réseaux transnationaux dans l’océan Indien vers les autres destinations (Asie, Amérique Latine, Europe, etc.). On ne cesse de dénoncer la porosité des frontières nationales. Comme d’habitude, on crie dans le désert ! Le pays n’avance point. En réalité, il recule. Et nos espèces endémiques hyper protégées, le peu qui nous reste comme patrimoine, s’exterminent. A l’intérieur du pays, en dépit des éléments de la Gendarmerie et de la Police qui font des contrôles de routine le long des routes nationales et provinciales, les espèces rares circulent « librement » sans se faire interpeller. Les mafiosi agissent en toute inquiétude. De la magie que nos FDS, seules, détiennent le secret.
Mais, le traumatisme des concitoyens atteint le paroxysme quand on entend nos responsables concernés qui ne se gênent de se dédouaner. Sous d’autres cieux, des têtes tombent sinon il y aura une cascade de démissions. A Madagasikara, la culture de responsabilité échappe totalement. Vu notre incapacité maladive d’anticiper ou de prévenir, on est de vrais médecins après la mort. Et le crime continue.
Ndrianaivo