Le mois de septembre est la période par excellence du « famadihan-drazana » (littéralement : « retournement des morts »). Une pratique ancestrale traditionnellement ancrée dans les us et coutumes des Malagasy essentiellement en Imerina et dans les pays Betsileo en milieu rural. Etant l’un des aspects visibles du culte voué aux morts dont tous les Malagasy en sont profondément attachés, le « famadihana » persiste et tient bon jusqu’à nos jours et ce malgré la percée du christianisme il y a près de 200 ans. Le Malagasy lambda converti aux pratiques chrétiennes garde jalousement en lui certaines valeurs héritées des ancêtres.
Depuis les changements radicaux particulièrement sur le plan politique des années 70 et vu l’impact des difficultés économiques qui se faisait sentir dans les ménages de la majorité, on commençait à remettre en cause bien que timidement l’opportunité du « famadihana ». En effet, les « retournements des morts » qui se pratiquaient presque tous les ans crèvent sérieusement les modestes budgets des familles concernées. Toutes les épargnes constituées, modiques d’ailleurs, en un an y passent. Une grosse partie des productions agricoles et d’élevage dont le riz et le bœuf, bon an mal an, en est consacrée. En somme, il s’agit d’un lourd tribut qui prend en otage la frileuse économie nationale. Pratiquement dans les campagnes, on travaille dur non pas tellement pour améliorer la qualité ou les conditions de vie mais tout juste pour approvisionner la caisse familiale en vue du prochain « famadihana ». Les jeunes (filles ou garçons) sont envoyés en villes pour faire des petits métiers tels les marchands ambulants informels ou bien se proposer en gens de maison et tout cela pour contribuer davantage à alimenter la caisse familiale pour le « famadihana ». Et après la « fête », c’est l’épuisement et on recommence éternellement à …zéro.
Des études qui ont été effectuées par des anthropologues, des sociologues, des historiens ou même des économistes pointaient du doigt sans hésitation l’impact dangereux de cette « pratique désuète » sur l’économie nationale. Elles montraient dans une certaine mesure et sans ambages la responsabilité contre-productive du « famadihan-drazana » dans les efforts pour le développement du pays.
Quid du « famadihana » ! Quelle attitude à adopter ? Il appartient à tous de cogiter ensemble afin d’établir le code de conduite efficace, pertinent et acceptable par l’ensemble de la population touchée par ce phénomène rétrograde qui risque de nuire, encore plus, les bases de l’économie et porter atteinte à la prospérité de la Nation. Evidemment, le sujet est délicat et requiert des démarches sinon des tactiques empruntant la voie subtile. Devrait-on le noter qu’on marche sur des œufs quand on traite ce sujet sensible.
Ndrianaivo