Fréquentable. Une trentaine d’opérateurs français membres du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), en visite de prospection, se trouvait pour trois jours en terre malagasy. La délégation fut conduite, entre autres, par le président délégué Patrick Martin. Elle se réjouit de l’amélioration nette du climat des affaires à Madagascar et confirme sans le dire ouvertement que la Grande île fait partie désormais des pays fréquentables. Ce n’est pas la première fois que MEDEF effectue un voyage à Madagascar. En 2005, en plein régime Ravalomanana, il était déjà sur place. Seulement, le voyage n’a pas été suivi d’effets probants. Il aura fallu attendre 14 ans pour que le tout puissant mouvement patronal français daigne revenir. Le MEDEF, présidé actuellement par Geoffroy Roux de Bézieux, fondé en octobre 1998, est la plus importante plateforme regroupant des opérateurs économiques en France. Il jouit d’un poids significatif dans le débat social dans l’Hexagone. Plus de 95% des entrepreneurs français (source Wikipédia) y sont affiliés. De ce fait, le MEDEF est incontournable dans tout ce qui touche la vie d’entreprise en France. La branche internationale du MEDEF jouit également d’une influence considérable dans le processus de mouvements des capitaux français à l’extérieur notamment en direction des anciennes colonies. Devrait-on le mentionner que bénéficier la grâce de ce puissant collectif patronal constitue en soi une opportunité inquantifiable pour booster l’économie du pays bénéficiaire. Madagascar, une de ses anciennes colonies françaises, ne figure pas tellement sur le tableau des pays ayant pu entretenir des relations privilégiées et continues avec le MEDEF comme le cas des pays d’Afrique occidentale par exemple (Sénégal, Cameroun, Côte-d’Ivoire ou autres). Les évènements de mai 72 ayant secoué le pays et qui avaient abouti quelques années plus tard (en 1975) à une série de nationalisations furent à l’origine du « divorce ». Didier Ratsiraka avait instauré un régime socialiste pur et dur. Les grandes compagnies françaises étaient la cible première de ces mesures jugées aveugles et arbitraires. Et les crises cycliques qui s’ensuivirent n’ont pu qu’abimer le climat des affaires. Les régimes qui ont succédé après la dictature rouge de Ratsiraka éprouvèrent tout le mal à rétablir la relation de confiance avec les grands investisseurs étrangers dont le MEDEF. Toutes les tentatives de contact échouèrent de l’une à l’autre. La psychose de 72 reste toujours bloquée dans les mémoires des investisseurs potentiels. En 2005, Ravalomanana Marc fit des mains et des pieds pour faire parvenir des opérateurs français. Une délégation du MEDEF arrivait effectivement mais la suite se faisait attendre. Le régime HVM de Rajaonarimampianina tentait, à plusieurs reprises, de convaincre le patronat français d’investir à Madagascar mais apparemment aucun succès. Les investisseurs français jugèrent à l’époque que la Grande île ne remplit pas encore les critères nécessaires pour garantir un climat des affaires propice à l’implantation des grands capitaux. La situation change avec l’arrivée au pouvoir, par la voie des urnes, d’un jeune dirigeant digne de confiance. Rajoelina Andry réussit à mettre en confiance le MEDEF. Toutes les conditions aptes à créer un environnement fiable pour les grands investisseurs étrangers ont été mises en place. Etant un grand chantier à exploiter, Madagascar commence à intéresser sérieusement les Partenaires techniques et financiers (PTF). Séduit sinon conquis, le MEDEF reviendra à coup sûr.