…Depuis plusieurs semaines, les hôpitaux malgaches ont déjà dû prendre des mesures pour freiner la propagation du COVID-19 sur l'île. Car l'épidémie est prise très au sérieux à Madagascar, dont le système de santé reste fragile, mais qui peut compter sur quelques infrastructures de pointe et sur un certain savoir-faire en la matière. Madagascar a déjà dû faire face dans son histoire récente à des problèmes sanitaires extrêmes. Chaque année, la Grande île voit apparaître entre août et avril une épidémie de peste bubonique et doit veiller à ce que sa forme la plus létale, pulmonaire, ne franchisse pas le stade épidémique. En 2017, une épidémie de peste pulmonaire avait atteint plus de 3 000 personnes et fait plus de 200 morts dans le pays. Celle-ci avait cependant pu être contenue en quelques semaines grâce à l'expérience acquise lors d'épisodes critiques précédents.
Le secteur sanitaire se modernise sur la Grande île : l'exemple de la Polyclinique d'Ilafy
L'aspect endémique de la peste souligne les faiblesses sanitaires de Madagascar. La Grande île, qui a longtemps manqué d'infrastructures de santé opérationnelles, connait une espérance de vie plus basse que la moyenne mondiale. Le contexte sanitaire global du pays le rend particulièrement vulnérable aux flambées épidémiques et fait redouter la propagation du virus du COVID-19 dans le pays. Pour autant, les dernières années ont vu se moderniser le secteur de la santé dans le pays, sous l'effet d'un rapprochement entre le secteur public et le secteur privé et sous l'impulsion des grands entrepreneurs de l'île. Parmi eux, Maminiaina dit « Mamy » Ravatomanga, à la tête de l'un des plus importants consortiums industriels de l'île, le Groupe Sodiat, a mis sur pied en 1996 l'infrastructure médicale la plus moderne de Madagascar. Située à Antananarivo dans la Capitale, la Polyclinique d'Ilafy compte près de 300 collaborateurs dont plus d'une centaine de médecins, de chirurgiens et de soignants, et neuf pôles médicaux. Celle-ci propose plusieurs équipements et spécialités de pointe, en oncologie, chirurgie, médecine interne (dont la dialyse), cardiologie, gynécologie obstétrique, soins intensif - réanimation et l'imagerie médicale, (scanner, IRM ,échographie, angiographie), sans oublier la mise en place et la gestion de l'unique service d'urgences de type SAMU (Privé) qui n'ont pas leur équivalent sur la Grande île.
Dans la perspective d'une arrivée de l'épidémie sur l'île, l'OMS a fait de la Polyclinique d'Ilafy le centre de référence privé à Madagascar pour la prise en charge et le traitement du COVID-19. Celle-ci dispose également d'un partenariat avec l'Institut Pasteur de Madagascar, notamment en matière de recherche, de formation des soignants et de mise en œuvre des tests PCR. La Polyclinique s'est équipée de tests et de respirateurs supplémentaires pour traiter les cas les plus avancés de coronavirus et a déjà commencé à recevoir les personnes suspectées de porter la maladie, passées par l'aéroport d'Ivato.
Si le pays n'est pas jusqu'ici concerné par la pandémie de COVID-19 au même niveau et à la différence de plusieurs de ses voisins en Afrique et dans l'Océan indien, Madagascar a déjà arrêté une stratégie préventive pour éviter une généralisation de la maladie sur la Grande île. Et opté, à cette fin, pour un confinement général du pays de Stade 1. Le pays a suspendu le 20 mars les vols internationaux et régionaux desservant Madagascar durant 30 jours. Le pays impose également un confinement individuel à tous les voyageurs arrivés sur l'île avant la fermeture des frontières, et a importé du matériel médical pour tester notamment ces derniers en moins de vingt minutes au moyen de Tests de diagnostic rapide (TDR). Enfin, le Gouvernement malgache a exhorté ses citoyens à prendre leurs responsabilités et à adopter des gestes d'hygiène et les gestes barrières pour éviter de transmettre le virus…
Recueillis sur la santepublique.fr