Après Serge Zafimahova qui a levé un pan de voile sur le tragique événement ayant décimé une partie de l'histoire de la royauté, Ny Hasina Andriamanjato a récemment fait connaître quelques informations saisissantes sur la crise de 2009. Mais les actuels dirigeants, leurs alliés, les opposants et même les simples citoyens apportent aussi leur lot de révélations sur les affaires nationales. Ainsi le manquement au devoir fiscal des uns et des autres est-il porté à la connaissance du public.
Les révélations, tout intéressantes qu'elles soient, laissent quand même les observateurs avides d'informations véridiques sur leur faim. Il est des informations que personne n'ose révéler. Par exemple, l'identité des commanditaires de l'assassinat du colonel Richard Ratsimandrava n'est jamais connue. Il en est de même des mobiles et des auteurs de l'incendie du bureau des finances. La destruction des preuves troubles est d'ailleurs une pratique courante, même sous d'autres cieux comme en France.
Accès à la parole
Ny Hasina Andriamanjato qui était victime d'un empoisonnement en pleine crise post-électorale de 2002 ne veut même pas aborder ce sujet en public. Beaucoup d'informations sensibles sur les troubles de 2002 et de 2009 sont gardées hors du regard indiscret jusqu'ici. Entre autres, le lundi noir du 26 janvier et le samedi rouge du 7 février 2009 recèlent tous des mystères à élucider. L'incendie du siège de l'Office national pour l'environnement en juillet rallonge sûrement la liste.
Quoi qu'il en soit, le foisonnement des révélations des secrets d'Etat est révélateur, lui aussi, du fonctionnement de la démocratie à Madagascar. L'on assiste en effet à une sorte de libération de la parole qui devient de plus en plus accentuée, notamment depuis seulement quelques années. Sous le régime en place, l'accès à la parole n'est plus l'apanage d'une minorité privilégiée ou protégée. Il est en passe de devenir la « spécialité » de monsieur tout le monde.
La libération de la parole est un acquis majeur en matière de démocratie. Il s'agit d'un saut qualitatif attribuable aux dirigeants actuels. C'est l'un des points positifs de leur mode de gouvernance dans la mesure où, auparavant, les gens s'abstenaient de dire quoi que ce soit comme ils le font aujourd'hui. Ils se gardaient de l'effet de force familier du régime de la terreur et de la peur qui régnait à l'époque. Ce n'est plus le cas à présent où les citoyens se permettent de critiquer ouvertement et vertement leurs dirigeants.
Parole de prince
A un moment donné, les charlatans de tout acabit et les vrais-faux prophètes endormaient les habitants par leurs discours enchanteurs. Les politiciens, même les plus habiles, n'ont pas leur facilité langagière. Ils savent manier le verbe et les autres restent pantois en face d'eux. Ce type de discoureur semble s'éclipser actuellement. Une nouvelle catégorie d'acteurs occupe davantage la scène. Peuvent y être rangés les animateurs de la société civile et les activistes, hormis les syndicalistes.
Ils sont devenus de plus en plus inquisiteurs et critiques. C'est un grand changement dans une démocratie. « Nous sommes toujours dans la démocratie à la malagasy. Nous nous acheminons vers une évolution de la conception populaire de la politique et de la démocratie. Tous les dirigeants doivent faire attention », estime une sociologue. Selon elle, le libre accès à la parole tel que vécu aujourd'hui doit servir de balise au pouvoir. A son avis, la parole de prince n'aurait plus que quelque temps devant elle car les gens tiennent beaucoup à la parole donnée.
M.R.