Alarmant. Depuis quelques semaines, l’euro menaçait de crever le plafond symbolique des 5 000 ariary dans le marché des changes affiché au niveau de la Banky Foiben’i Madagasikara. Chose faite hier avec un cours à 5 030 ariary, équivalent à une unité de la monnaie européenne d’après les opérations bouclées par la Banque centrale en fin de journée. Certes, la différence est moindre entre le taux d’avant-hier qui était de 4 973 et celui d’hier. Cependant, la barre symbolique ayant été franchie, cela alerte de plus en plus les opinions face à cette baisse de valeur effrénée de la monnaie nationale qui ne cesse de se dévaluer depuis des mois et des années sans qu’aucune mesure ne puisse rétablir la situation. L’inquiétude gagne les opérateurs, les économistes mais aussi et surtout la population en général qui peine déjà à remplir le panier de courses en allant au marché. Ainsi, cette dévaluation de l’ariary commence à inquiéter sérieusement le milieu économique. Celui-ci s’attend à une inflation galopante dans les semaines à venir, dans la mesure où cette forte dépréciation de l’ariary présente des impacts considérables sur le pouvoir d’achat des consommateurs malagasy. « Ces derniers temps, la balance commerciale a enregistré des gaps considérables. Les exportations ont subi d’importantes baisses de régime pour ne mentionner que le secteur minier qui constitue un des piliers de ces mouvements. D’un autre côté, notre volume d’importation reste quasi incompressible dans la mesure où la majeure partie des produits que nous consommons sont d’origine étrangère. Ce qui impacte largement notre réserve de devises », explique un membre du cercle des économistes de Madagascar.
Rééquilibrage
Ainsi, après un bilan peu reluisant de l’année dernière, l’ariary continue sa descente effrénée. Selon ces analystes, le meilleur moyen de renverser la tendance en matière de cours des changes, et voir ainsi l’ariary s’apprécier par rapport aux devises de référence que sont le dollar et l’euro, est d’améliorer la productivité agricole et industrielle. Par ailleurs, la dépréciation de l’ariary a des effets directs sur les prix des produits importés et ensuite sur les produits locaux qui dépendent notamment des matières importées. Un tour dans les supermarchés permet en effet de constater qu’une brique de lait de 1L importée frôle les 8 000 ariary contre 5 600 ariary, il y a à peine deux mois. Les produits européens notamment coûtent plus chers que d’«habitude » puisqu’ils s’échangent en euro. Mais cette situation de dépréciation ne devrait qu’inciter les exportateurs à exporter plus et les importateurs à importer moins. La population est également incitée à consommer local, ce qui entraînera une production locale en hausse et un rééquilibrage de la balance commerciale. Pourtant, en réalité, la dépréciation de l’ariary n’est pas bénéfique ni pour les producteurs locaux ni pour les exportateurs, puisqu’elle entraîne directement une augmentation des prix des produits importés et locaux et donc aussi une diminution de la valeur réelle de l’ariary acheté par les recettes en devises, même si la valeur nominale de recette d’exportation augmente.
La rédaction