Publié dans Politique

Vitres fumées/teintées, gyrophare et cocarde - Il faut absolument appliquer la loi

Publié le mardi, 05 mars 2024

« Je conduisais moi-même, sans chauffeur, en me rendant au bureau sauf pour aller à des cérémonies et aux conseils ». Un ancien ministre l’a dit. Les autres anciens ministres rient à la question de savoir s’ils se servaient de gyrophare et de cocarde lors de leurs déplacements, professionnels et privés. Les vitres fumées oui pour le besoin de discrétion.
Ces anciens hauts responsables étatiques tenaient à leur sécurité. Mais ils n’exigeaient pas d’escorte fanfaronne ni de cortège pour les encadrer dans les rues. « Le 25 janvier 2019, le Premier ministre a sorti une note concernant ces usages. Seuls les chefs d’institution et non les ministres bénéficient de ce traitement spécifique », précise l’un d’eux.
Tout responsable étatique en dehors de cette catégorie qui en abuse se met au-dessus de la loi et son excès de zèle est pénalement répréhensible. Selon les réglementations, le gyrophare, la cocarde et les vitres fumées ne s’utilisent pas de n’importe quelle façon. Il existe des règles bien précises à suivre. Il faut aussi une autorisation formelle pour quiconque en dehors des hautes fonctions de l’Etat désirant faire usage de vitres fumées.
Usage abusif
De temps à autre, la Gendarmerie et la Police nationales sensibilisent le public à ce propos. Les dispositions édictées en janvier 2019 sur l’usage de gyrophare sont toujours en vigueur. Elles s’appliquent à tous les véhicules des départements ministériels portant des plaques rouges. Ceux-ci n’ont pas aucunement le droit de rouler en sens interdit sous peine d’être pénalisés.
Les réglementations spécifient les catégories de véhicules autorisés à user de gyrophare. A part les ouvreuses des cortèges officiels et diplomatiques, les voitures dites prioritaires, à savoir les ambulances les véhicules d’intervention des services de la Police et de la Gendarmerie et les pompiers, sont habilitées à se servir des avertisseurs. Les agissements en dehors de ces conditions relèvent de l’usurpation de titre ou de fonction.
La Gendarmerie et la Police exhortent les citoyens à signaler toute forme d’usage abusif de cocarde. Tout témoin oculaire d’un tel abus, où qu’il se produise sur le territoire, est demandé d’informer sur-le-champ la Gendarmerie et la Police. Dans la mesure du possible, l’informateur se doit de fournir des photos à l’appui à titre de preuve.
Privilège
La loi en vigueur spécifie les catégories à faire usage de cocarde. Les concernés sont les chefs d’institution et les membres de celles-ci, les officiers généraux en activité et toute autre personne dont le privilège d’usage de cocarde est constaté par décret. Mais la cocarde est autorisée seulement lorsque les ayant-droits sont bien à bord.
La cocarde est formellement interdite dans le cas où seuls les chauffeurs, les proches collaborateurs comme les membres du cabinet, par exemple, et les assistants y sont présents. La même interdiction s’applique aux époux ou épouses et aux membres de la famille des intéressés si ces derniers ne sont pas à bord. Il en est de même du gyrophare qui va avec la cocarde.
La Gendarmerie demande aux ayant-droits de se conformer stricto sensu au privilège qui leur est accordé pour prévenir des abus. Certains ont tout de même tendance à se livrer à des pratiques abusives au grand dam des agents de l’Etat et des habitants en général.
Avertissements
Le rappel à l’ordre est à bon escient surtout si les Forces de l’ordre sévissent aussi contre l’usage abusif des vitres teintées et fumées. La récurrence des infractions à ce propos donne l’impression que l’Etat de non droit serait la règle à Madagascar et l’application de la loi est différentielle au pays. Les véhicules aux vitres teintées et fumées envahissent les rues et les routes.
Beaucoup de voitures qui circulent dans les rues d’Antananarivo et un peu partout ailleurs exhibent des vitres fumées ou teintées malgré l’injonction des autorités. Les hors-la-loi snobent les instructions de la Direction générale de la sécurité routière (DGSR) qui oblige les propriétaires de ces automobiles en infraction à enlever ces dispositifs non conformes à la loi.
Des avertissements ont été lancés. Mais pratiquement, rien ne change sur le terrain. Des voitures aux vitres fumées ou teintées sont bien en circulation ou visibles sur des parkings. Des voitures de fonction de l’Etat et appartenant aux particuliers, de la classe aisée notamment, se trouvent à la même enseigne.
Les normes juridiques spécifient ceux autorisés à faire usage de vitres fumées ou teintées. L’exception est accordée seulement à des catégories bien précises comme les VIP, les diplomates et autres. A part eux, ceux qui se permettent de faire coller aux vitres de leurs voitures des filtres ou des membranes de couleur sombre, destinés à cacher l’intérieur, enfreignent la loi.
Punitions
Les vitres fumées ou teintées nuisent au contrôle de sécurité. Il est difficile pour les éléments de la Police de la route d’établir visuellement l’identité des occupants des voitures aux vitres fumées ou teintées. Du coup, les gendarmes et les policiers en activité sur les axes routiers ne sont pas en sécurité. Personne ne sait ce que manigancent ceux à l’intérieur lors de contrôle.
Une telle appréhension se comprend aisément dans le contexte de recrudescence d’attaques et d’actes criminels en ville comme en brousse. L’usage des vitres fumées ou teintées, en dehors du permis, présente un réel danger pour tous. Des faits d’enlèvement ou de tentative de kidnapping sont rapportés de temps à autre. Les bandits se déplacent souvent à bord de véhicules dont le contrôle pose un problème.
Seule la fermeté de l’Etat dans l’application des mesures qui s’imposent permet de mettre fin au laisser-aller. En 2017-2018, comme chaque année, la DGSR a annoncé des punitions contre les infractions. Mais celles-ci ont toujours tendance à courir impunément. Ceci invite à penser à un relâchement continu de l’application de la loi à Madagascar. Il faut absolument appliquer la loi.
M.R.

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Editorial

  • Logique des faits
    La CENI change de main. Andrianarisedo Dama cède la place à Rakotonarivo Thierry. En effet, poussé par la logique des faits qui prévalent en ce moment, l’ex- président de la Commission électorale nationale indépendante Andrianarisedo Dama admet lui-même que son départ de la tête de l’institution relevait d’une évidence … inévitable ! Rakotonarivo Thierry, administrateur civil de son état et vice-président nouvellement élu de la CENI, succède ainsi à Andrianarisedo Arsène Dama Retaf, magistrat de carrière qui, en fait, a présenté sa démission. Les postes des membres du bureau permanent ont aussi subi des changements de titulaire. En gros, un grand remue - ménage s’effectue au sein de cette entité en charge des élections et de référendum à Madagasikara. Un changement « exigé » par le vent nouveau qui souffle depuis les manifestations des jeunes du 25 septembre. Etant membre désigné pour le quota du Président de la République à…

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