Tous ont été envoyés à la maison centrale d’Antanimora, en y attendant leur procès, à l’issue de leur déferrement au Parquet du Pôle anti-corruption(PAC) d’Antananarivo. Le Bureau indépendant anti-corruption (BIANCO) à la suite d’une doléance dénonçant des activités de pêche portant sur des produits halieutiques particulièrement menacés d’extinction, en l’occurrence des concombres de mer. La dénonciation a mis en lumière des pratiques illicites bien rôdées qui associent des acteurs publics et privés, nationaux et étrangers, opérant dans ce secteur.
Activités illicites : Une manœuvre frauduleuse a été utilisée pour contourner la mesure suspensive de la pêche aux concombres de mer concernant la zone septentrionale de Madagascar. En connaissance de cause, des ressortissants chinois, en qualité de repreneurs, ont depuis quelque temps rejoint les îles voisines à partir de différents points d’embarquement du Nord de Madagascar. Le 10 février dernier, des garde-côtes seychellois ont intercepté des boutres transportant des pêcheurs dans leurs eaux territoriales. En vertu d’une convention entre les deux pays, les autorités judiciaires seychelloises s’en remettaient alors à celles de Madagascar. Saisi de cette affaire, le tribunal de première instance d’Antsiranana a donné suite pour la partie qui le concernait, à l’issue de l’arrestation des 164 pêcheurs et 5 chinois acheteurs de ces butins. Par la suite, des renseignements précis sur ces activités illicites ont été transmis au BIANCO qui a aussitôt ouvert une enquête judiciaire pour traiter la partie relative à la délivrance illégale de permis de collecte et d’agrément sanitaire de ces produits halieutiques. La Convention internationale des espèces de faune et de flore sauvage menacées d’extinction (CITES) stipule depuis le 28 août 2020 le classement de ces espèces à l’annexe II de ladite convention.
Réglementation en vigueur : L’exportation d’un spécimen d’une espèce inscrite dans cette annexe nécessite la disposition préalable d’un permis d’exportation, et ce, suivant le quota fixé par la CITES après une évaluation scientifique qui incombe, selon la réglementation malagasy, à l’organe de gestion, un département rattaché au ministère chargé des Eaux et Forêts. En sa qualité d’unique interlocuteur des opérateurs dans ce secteur d’activité, cet organe assure, en tant que point focal, la liaison avec le secrétariat de la CITES et les autres ministères concernés. Les enquêtes diligentées par le BIANCO d’Antananarivo ont alors révélé des pratiques transgressives au mépris du Code de la pêche malagasy. Plusieurs sociétés chinoises ont illégalement obtenu des permis de collecte de concombres de mer délivrés par la direction générale de la Pêche et de l’Aquaculture ainsi que des agréments sanitaires des trépangs délivrés par l’Autorité sanitaire halieutique en 2020. Par-dessus tout, ces documents n’excluaient point les espèces inscrites à l’annexe II, ce qui viole manifestement la réglementation en vigueur.
Oxygène : Cette efficacité du tandem BIANCO-PAC est une action plus que louable pour l’éradication du trafic des ressources naturelles raréfiées à l’instar des concombres de mer. A cette fin, l’organisation faitière Alliance Voahary Gasy (AVG) et le BIANCO ont signé une convention de partenariat dans le but de démanteler les réseaux bien ancrés d’exploitation illicite des ressources sur l’ensemble du territoire de Madagascar. Il fut un temps où les Chinois opérant dans l’exploitation illicite des concombres de mer faisaient parler d’eux à Sainte-Marie et à Mahajanga (cf. La Vérité du 20 novembre 2017). A l’époque, ces étrangers de pêche avec des dignitaires du régime agissaient en toute impunité. Pour la petite connaissance, les concombres de mer fabriquent l’oxygène que toutes les espèces marines ont besoin pour vivre. Leur extinction créerait un déséquilibre écologique désastreux.
Recueillis par M.R.