Coup de théâtre hier pour le microcosme politique et les différentes organisations de la société civile à Madagascar. La représentation locale de la Fondation Friedrich Ebert-Stiftung (FES) a annoncé dans un communiqué la fermeture de son bureau en août prochain.
La nouvelle qui fait sensation est le résultat de la décision du conseil d’administration de cet organisme privé basé à Berlin obligé de fermer neuf de ses représentations à travers le monde dont celle à Madagascar.
Le changement de donne, selon la source, est le résultat de la situation financière à laquelle l’organisme allemand est confronté suite à la baisse continue du financement public. "Cette situation ne connaîtra pas d’évolution favorable dans un avenir prévisible", précise-t-elle, comme s’il était utopique pour la FES de reprendre ses activités sur l’île de sitôt.
Selon son communiqué, la FES Madagascar devra fermer ses portes fin août 2025 mais poursuivra toutefois ses activités jusqu’au mois de juin afin de transférer ses lignes de travail aux organisations partenaires.
La FES est présente à Madagascar depuis 1964 avec une période d’interruption (1975-1988). Les principaux groupes à qui se sont adressées ses actions sont des représentants des institutions politiques, des membres du Parlement, de la société civile, des médias, des syndicalistes et des acteurs du secteur privé.
Ses interventions au pays s’articulent autour des trois axes suivants : le leadership et l’empowerment des jeunes à travers son programme-phare, Youth Leadership Training Program (YLTP), la gouvernance politique à travers les plateformes de dialogue et de discussion sur les questions importantes pour le présent et l’avenir de Madagascar et la transformation socio-écologique à travers l’autonomisation des acteurs et la création des espaces de dialogue.
Dans le même communiqué, la FES Madagascar a adressé ses sincères remerciements à toutes les personnes, organisations partenaires et parties prenantes à Madagascar pour leur soutien et leur collaboration aux fins des années. "Leur engagement a grandement contribué au développement démocratique et social à Madagascar", lit-on au passage.
A la lumière des pratiques démocratiques en Allemagne, les citoyens allemands sont très impliqués dans la gestion des affaires publiques. Ils tiennent beaucoup à la bonne gouvernance, à la transparence et surtout à l’efficacité des actions financées par le Gouvernement. La baisse continue du financement public à laquelle est confrontée la Fondation est donc largement compréhensible.
Quoi qu’il en soit, les Etats-Unis qui ont suspendu pour trois mois leur instrument d’aide de coopération internationale (USAID), apparaissent comme un cas d’école. Après cette grande démocratie occidentale, le temps est aussi venu pour une autre, qu’est l’Allemagne, d’infliger un coup de massue à une démocratie balbutiante de Madagascar.
La FES, à l’instar de l’USAID, a toujours fourni une assistante capitale aux différentes organisations au pays. Puisque celles-ci sont désormais privées de deux appuis de taille, elles ne pourraient que compter sur d’autres organismes internationaux comme la Délégation de l’Union européenne et l’Agence française de développement, autant de partenaires incontournables pour les principaux groupes cibles cités plus haut.
M.R.