Le vol de terrain, la vente fictive d’immobilier restent un fléau préoccupant, mais la lutte contre ce phénomène prend une nouvelle dimension. La découverte et le démantèlement de deux réseaux de fraudeurs par le ministère de la Décentralisation et de l'Aménagement du territoire (MDAT) en témoigne. L'enquête a été initiée grâce à des témoignages anonymes de victimes, ayant permis aux autorités de remonter la piste de ces malfaiteurs. En effet, des agents issus de Fokontany et ceux des Communes ainsi que des démarcheurs et des prêteurs de fonds ont été interpellés, révélant ainsi l'ampleur et la complexité d'un réseau que l'on pourrait qualifier de « mafieux ». Cette interconnexion de divers acteurs souligne à quel point le phénomène de l'escroquerie foncière est ancré dans plusieurs strates de la société et de l’Administration.
Les premières investigations montrent que ces arnaqueurs ont réussi à soutirer des centaines de millions d’ariary en vendant des terrains fictifs ou en utilisant des documents falsifiés, notamment dans le quartier d'Ankadifotsy et dans le secteur de By-pass. Ces zones, prisées par les acheteurs, ont attiré l’attention des fraudeurs qui surent exploiter la demande immobilière à des fins malveillantes. Les démarcheurs, véritables point de départ, proposaient des offres défiant toute concurrence, séduisant ainsi des victimes potentielles. Une fois convaincus, ces derniers se retrouvaient piégés, leurs économies s’évaporant dans des transactions illusoires.
Heureusement, la prise de conscience face à cette arnaque massive a poussé certaines victimes à déposer plainte et alerter les autorités compétentes. Cette mobilisation a permis l'intervention rapide du MDAT qui a transféré l'affaire à la « Section recherche » de la Gendarmerie de Fiadanana. Grâce à ces efforts, les huit suspects, des experts dans leurs domaines respectifs, ont été arrêtés. Mettant ainsi un terme à leurs agissements frauduleux. La lutte contre la spoliation foncière continue, et ces avancées marquent une étape importante dans la protection des droits fonciers des citoyens. Cependant, le chantier reste titanesque. Qu’en est-il de l’attribution de permis de construire de maisons sur les sites sensibles comme les digues, les bords de routes réservés à la voirie, les canaux d’évacuation des eaux… ?
Nikki Razaf