Inclusif. C’est ainsi que l’on pourrait décrire le processus qui a conduit à la restitution du crâne du roi Toera, dernier souverain sakalava décapité en 1897 par les troupes coloniales françaises, ainsi que deux de ses guerriers. Un travail de longue haleine mené par les autorités malgaches et françaises, en concertation avec les représentants de la famille royale sakalava. Pourtant, à une vingtaine de jours de l’événement prévu le 14 avril prochain, des descendants s’opposent à ce calendrier et remet en cause les conditions de cette restitution, prétextant un manque de consultation. Une contestation qui ne reflète pas la réalité d’un processus validé par la majorité des parties prenantes.
La décision d’organiser la restitution à cette date n’a pas été prise à la légère, ni de manière unilatérale. Des discussions ont eu lieu entre l’Etat malgache, les descendants et les dignitaires sakalava pour assurer un retour digne et respectueux de l’histoire. Le calendrier a été proposé et jugé opportun par les membres de ladite famille royale. La seule condition émise à cette occasion est que les reliques ne débarquent à Belo-sur-Tsiribihina un vendredi. Ce n’est qu’après la fixation dudit calendrier que les démarches suivantes ont été entreprises par Madagascar auprès de la France. Raison de l’intransigeance des autorités actuelles au maintien de la date.
Ceux qui contestent aujourd’hui le processus avancent plusieurs arguments. Ils estiment que le mois d’avril serait « fady », une période tabou pour une telle cérémonie. D’autres exigent que les tombeaux royaux soient rénovés avant la restitution ou demandent un report en août, basé sur des croyances spirituelles. Pourtant, ces objections n’ont jamais été soulevées lors des discussions précédentes. Ce qui pose des questions sur les motivations actuelles des gens qui poussent pour le report du calendrier. Ces revendications, bien que respectables, ne doivent pas compromettre un processus déjà validé par la majorité des descendants directs, par le Gouvernement et l’Etat en général. Il est aujourd’hui impossible de faire machine arrière. Tout est déjà calé.
Pour rappel, le 6 novembre 2020, lors de l’inauguration du Palais de Manjakamiadana et du Palais de Besakana, le Président de la République Andry Rajoelina a fait de la restitution du kabeso du roi Toera du Sakalava, un engagement personnel. Il s’agit du dernier roi à résister à l’invasion coloniale de la France après le départ forcé de la reine Ranavalona. Dans la foulée, un processus de restitution d’ossements humains réclamés par les autorités malgaches a été entamé l’an dernier. Plusieurs rencontres ont eu lieu. Notamment entre Rachida Dati, ministre de la Culture française, et son homologue malgache, Volamiranty Donna Mara, dans le cadre du processus.
Un comité scientifique franco-malgache a été mis en place afin d’étudier la demande de restitution et de fournir des recommandations à la ministre française. Le processus s’inscrit dans le cadre d'une loi-cadre française adoptée fin 2023, facilitant la restitution de restes humains conservés dans des collections publiques, sans nécessiter l’approbation du Parlement. Il est essentiel que tous comprennent l'importance de cette restitution pour la nation toute entière. La restitution du crâne du roi Toera est une avancée majeure, un pas vers la reconnaissance des blessures du passé et un geste fort pour l’histoire de Madagascar. Elle ne doit pas être un sujet de division, mais un moment d’unité.
La Rédaction